Vous revoir

5. A partir de la fin des années 90 -et dans un contexte de gouvernance
financière croissante- la crise portée ou symptômatisée par le risque déborde la
gestion[11] et ...... Comment le public, capturé par d'omnipotents consortiums d'
assurances, interpelé par des myriades de policiers (un pour 250 habitants en
France) et ...

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Marc Levy Vous revoir Roman Et si c'était vrai 2 Marc Levy Marc Levy a publié huit romans : Et si c'était vrai... (2000), Ou es-
tu ? (2001), Sept jours pour une éternité... (2003), la prochaine fois
(2004), vous revoir (2005), Mes amis Mes amours (2006), Les enfants de la
liberté (2007) et toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites (2008).
Traduit dans le monde entier, adapté au cinéma, Marc Levy est depuis huit
ans l'auteur français le plus lu dans le monde. A mon fils Louis «La gravitation ne peut quand même pas être tenue responsable du fait
que les gens tombent amoureux.» Albert Einstein Prologue
Arthur régla sa note au comptoir de l'hôtel. Il avait encore le temps
de faire quelques pas dans le quartier. Le bagagiste lui remit un ticket
de consigne qu'il enfouit dans la poche de sa veste. Il traversa la cour
et remonta la rue des Beaux-arts. Les pavés lavés à grands jets d'eau
séchaient sous les premiers rayons de soleil. Dans la rue Bonaparte,
quelques devantures s'animaient déjà. Arthur hésita devant la vitrine
d'une pâtisserie et poursuivit son chemin. Un peu plus haut le clocher
blanc de l'église de Saint-Germain-des-Prés se découpait dans les
couleurs de cette journée naissante. Il marcha jusqu'à le place de
Fürstenberg, encore déserte. Un rideau de fer se levait. Arthur salua la
jeune fleuriste vêtue d'une blouse blanche qui lui donnait une ravissante
allure de chimiste. Les bouquets anarchiques qu'elle composait souvent
avec lui fleurissaient les trois pièces du petit appartement qu'Arthur
occupait il y a deux jours encore.
La fleuriste lui rendit son salut, sans savoir qu'elle ne le reverrait
pas.
En rendant les clés à la gardienne la veille du week-end, il avait
refermé la porte sur plusieurs mois de vie à l'étranger, et le plus
extravagant projet d'architecture qu'il avait réalisé : Un centre
culturel Franco-américain.
Peut être reviendrait-il un jour en compagnie de la femme qui occupait
ses pensées. Il lui ferait découvrir les rues étroites de ce quartier
qu'il aimait tant, Ils marcheraient ensemble le long des berges de la
seine où il avait prit goût à se promener, même les jours de pluies,
fréquents dans la capitale.
Il s'installa sur un banc pour rédiger la lettre qui lui tenait à
c?ur. Quand elle fut presque achevée, il referma l'enveloppe en feuille
de rives sans en coller le rabat et la rangea dans sa poche. Il regarda
sa montre et reprit le chemin de l'hôtel.
Le taxi ne tarderait pas, son avion décollait dans trois heures.
Ce soir, au terme de la longue absence qu'il s'était imposée, il
serait de retour dans sa ville.
1.
Le ciel de la baie de San Francisco était rouge flamboyant. Au travers
du hublot, le Golden Gate émergeait d'un nuage de brume. L'appareil
s'inclina à la verticale de Tiburon, il perdit lentement de l'altitude,
cap au sud, et vira à nouveau en survolant le San Mateo Bridge. Depuis
l'intérieur de la cabine, on avait l'impression qu'il allait se laisser
glisser ainsi vers les marais salants qui luisaient de milles éclats.
*
Le cabriolet Saab se faufila entre deux camions, coupa trois files en
diagonale, ignorant les appels de phares de quelques conducteurs
mécontents. Il abandonna la Highway 101et réussit à emprunter de justesse
la bretelle qui menait à l'aéroport international de San Francisco. Au
bas de la rampe, Paul ralentit pour vérifier son chemin sur les panneaux
indicateurs. Il râla après s'être trompé d'embranchement et fit une
marche arrière sur plus de cent mètres afin de retrouver l'entrée du
parking.
*
Dans le cockpit, l'ordinateur de bord annonça l'altitude de sept cents
mètres. Le paysage changeait encore. Une multitude de tours, plus
modernes les unes que les autres, se découpait dans la lumière du
couchant. Les volets d'ailes se déployèrent, augmentant la voilure de
l'appareil et l'autorisant à réduire encore sa vitesse. Le bruit sourd
des trains d'atterrissage ne tarda pas à se faire entendre.
*
À l'intérieur du terminal, le panneau d'affichage indiquait déjà que
le vol AF 007 venait de se poser. Paul déboula hors d'haleine de
l'escalator et se précipita dans l'allée. Le marbre était glissant, il
dérapa dans le virage, se rattrapa de justesse à la manche d'un
commandant de bord qui marchait en sens inverse, eut à peine le temps de
s'excuser et reprit sa course folle.
*
L'airbus A 340 d'Air France avançait lentement sur le tarmac, son
drôle de museau se rapprochait de façon impressionnante de la vitre du
terminal. Le bruit des turbines s'étouffa dans un long sifflement et la
passerelle de quai se déploya jusqu'au fuselage.
*
Derrière la cloison des arrivées internationales, Paul se courba,
mains en appui sur les genoux, à la recherche d'un second souffle. Les
portes coulissantes s'effacèrent et le flot des premiers passagers
commença de se déverser dans le hall.
Au loin, une main s'agitait dans la foule, Paul se fraya un chemin à
la rencontre de son meilleur ami.
- Tu me serres un peu fort, dit Arthur à Paul, qui lui donnait
l'accolade.
Une kiosquière les regardait, attendrie.
- Arrête, ça devient très gênant, insista Arthur.
- Tu m'as manqué, tu sais, dit Paul en l'entraînant vers les
ascenseurs qui menaient au parking ; son ami le regarda, moqueur.
- Qu'est-ce que c'est que cette chemise hawaïenne, tu t'es pris pour
Magnum ?
Paul se regarda dans le miroir de la cabine et fit une moue en
refermant un bouton de sa chemise.
- Je suis allé ouvrir la porte de ton nouveau chez-toi à Delahaye
Moving, reprit Paul. Les déménageurs ont livré tes cartons avant-hier.
J'ai mis un peu d'ordre, comme je pouvais. Tu as acheté tout Paris ou tu
as laissé quand même deux ou trois choses dans leurs magasins ?
- Merci de t'être occupé de ça ; l'appartement est bien ?
- Tu verras, je pense que tu vas aimer, et puis tu n'es pas loin du
bureau.
Depuis qu'Arthur avait achevé l'imposante construction du centre
culturel, Paul avait tout fait pour le convaincre de revenir vivre à San
Francisco. Rien n'avait compensé le vide qu'avait creusé dans sa vie le
départ de celui qu'il aimait comme un frère.
- La ville n'a pas tant changé, dit Arthur.
- Nous avons construit deux tours entre la 14e et la 17e Rue, un hôtel
et des bureaux, et tu trouves que la ville n'a pas changé ?
- Comment se porte le cabinet d'architecture ?
- Si l'on met de côté les problèmes que nous avons avec tes clients
parisiens, tout va à peu près bien. Maureen rentre de vacances dans deux
semaines, elle t'a laissé un mot au bureau, elle bout d'impatience à
l'idée de te retrouver. Pendant la durée du chantier à Paris, Arthur et
son assistante se parlaient plusieurs fois par jour, elle avait géré pour
lui toutes les affaires courantes.
Paul faillit manquer la sortie de l'autoroute et traça une nouvelle
diagonale pour rejoindre la bretelle qui desservait la 3e Rue. Un
concert de klaxons salua sa man?uvre périlleuse.
- Je suis désolé, dit-il en regardant dans son rétroviseur.
- Oh, ne t'inquiète pas, une fois que tu as connu la place de
l'Étoile, tu n'as plus peur de rien.
- C'est quoi ?
- Le plus grand circuit d'autos tamponneuses au monde, et c'est
gratuit !
Arthur avait profité d'un arrêt au croisement de Van Ness Avenue pour
ouvrir la capote électrique. La toile se replia dans un grincement
terrible.
- Je n'arrive pas à m'en séparer, dit Paul, elle a quelques
rhumatismes mais elle tient le coup, cette voiture.
Arthur baissa la vitre et huma l'air qui venait de la mer.
- Alors, Paris ? demanda Paul plein d'enthousiasme.
- Beaucoup de Parisiens !
- Et les Parisiennes ?
- Toujours élégantes !
- Et toi et les Parisiennes ? Tu as eu des aventures ?
Arthur marqua un temps avant de répondre.
- Je ne suis pas entré dans les ordres, si c'est le sens de ta
question.
- Je te parle d'histoires sérieuses. Tu es amoureux ?
- Et toi ? demanda Arthur.
- Célibataire !
La Saab bifurqua dans Pacific Street, remontant vers le nord de la
ville. Au croisement de Fillmore, Paul se rangea le long du trottoir.
- Nous voilà devant ton nouveau home sweet home ; j'espère qu'il te
plaira, si tu ne te sens pas bien ici, on pourra toujours s'arranger avec
l'agence immobilière. Ce n'est pas évident de choisir pour les autres...
Arthur interrompit son ami, il aimerait cet endroit, il en était déjà
sûr.
Ils traversèrent le hall du petit immeuble, chargés de bagages.
L'ascenseur les hissa au troisième étage. En passant d