De l'ultramontanisme au nationalisme [These de maitrise]

suivi d'une bibliographie annotée des ?uvres de David Gosselin ..... ne peut être
?uvre de l'homme au point où les enfants sont l'?uvre de leurs parents[32]. ... n'
ont que le devoir?bien facile?de se soumettre à l'exercice de ce droit[46]. .... be
entirely non-sectarian and no religious exercises shall be allowed therein[69].

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DE L'ULTRAMONTANISME AU NATIONALISME: L'ABBÉ DAVID GOSSELIN ET LES ÉCOLES DU MANITOBA, 1895-1900 suivi d'une bibliographie annotée des ?uvres de David Gosselin
par C. MICHEL BOUCHER
Mémoire présenté à l'École des Études supérieures
de l'Université d'Ottawa
janvier 1989
pour satisfaire partiellement aux exigences
de la maîtrise ès arts (histoire) Directeur: Pierre Savard
REMERCIEMENTS Je voudrais remercier mon directeur, monsieur Pierre Savard, professeur,
pour son aide et ses conseils durant la formulation de mes idées sur le
rôle de l'ultramontanisme; monsieur Michael Behiels, professeur, pour ses
commentaires en tant que deuxième lecteur; l'abbé Armand Gagné, archiviste,
pour son aide précieuse lors d'une recherche entreprise aux archives de
l'Archevêché à Québec; mademoiselle Elizabeth Bédard, son petit-neveu
Matthieu Dufour, et monsieur Roger Le Moine, professeur, tous parents de
David Gosselin, pour leur aide à préciser la biographie du personnage; et
le personnel de la Bibliothèque nationale du Canada à Ottawa, pour son aide
et sa patience.
NOTES Pour simplifier la présentation des citations de la Semaine religieuse,
nous nous en tiendrons au schéma suivant: initiales, volume et numéro, date
de livraison et page(s). Par exemple, «SRQ (VIII.2) 1895.09.07: 26-28.»
veut dire Semaine religieuse de Québec, volume 8, numéro 2, livraison du 7
septembre, 1895, pages 26 à 28. Dans certains cas, les chiffres des
livraisons ne sont pas exacts dans l'original. Puisque les numéros de
pages permettent de retrouver les citations, nous avons donc décidé de
conserver les erreurs de numérotage et de dates telles quelles et
d'indiquer par «[sic]» que nous sommes conscient de l'erreur.
«Ce qui est évident n'a pas besoin d'être démontré»-D.G.
INTRODUCTION La fin du dix-neuvième siècle voit plusieurs changements fondamentaux dans
la structure sociale du Québec. Le Québec fait face à des problèmes
imprévus qui s'étendent au-delà des frontières de son territoire. La
question des droits juridiques garantis par la constitution canadienne, les
répressions des métis par le gouvernement Macdonald, qui se terminent par
la pendaison de Riel à Régina, et la question des écoles du Manitoba et du
Nord-Ouest, enfin, entraînent des révisions idéologiques. Nous avons l'intention de présenter ici sous un jour nouveau le rôle que
joua le clergé à cette époque. Loin d'être les maîtres tyranniques que
l'on présente souvent, ceux qui par des détours de logique interne
cherchent à influencer les décisions de pauvres paysans ignorants, nous
croyons les membres du clergé plutôt portés à chercher les meilleures
conditions possibles pour leurs concitoyens, dont ils sont devenus, par
manque de direction ailleurs, les chefs suppléants. Il faut signaler
toutefois qu'il existait à cette époque tous les éléments d'une bourgeoisie
dirigeante mais que, considérant l'appareil idéologique, et les divisions
imposées par l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique (AANB) que nous
verrons plus bas, le clergé se trouvait en position de chef de file quant à
l'énoncé de l'idéologie[1]. De surcroît, l'élection de Laurier démontre clairement à quel point le
clergé n'exerce qu'un contrôle limité sur l'opinion publique, car en effet,
l'épiscopat ayant fait appel à la population pour un vote en faveur du
gouvernement Tupper, les Québécois préfèrent néanmoins, dans une société
largement ultramontaine, d'élire Wilfrid Laurier, réprouvé pour son
libéralisme. Précisons ici que nous sommes restreints dans notre étude par la période
1890 à 1900. Beaucoup de développements antérieurs nous échapperont. Nous
y ferons certainement allusion à la fin du texte, sans toutefois nous y
attarder. Notre intention est de démontrer le cheminement de la pensée du
clergé français québécois, et plus particulièrement d'un membre de cet
état, vis-à-vis la reconnaissance et le rétablissement des droits
constitutionnels d'une minorité. Ce combat se produit dans la toute
dernière décennie du dix-neuvième siècle, bien qu'il influence sans aucun
doute les évènements du début du siècle suivant, pour ne pas dire qu'il
fixe pour un temps, les réactions d'une société en «guerre» contre
l'outrage. Il convient donc de se pencher sur la fin de ce phénomène
qu'était l'ultramontanisme, qui comme le phénix est recréé, mais cette fois-
ci modifié en nationalisme laïc. Le combat acharné du clergé pour assurer la protection des droits de la
minorité française au Canada[2] se livre dans deux arènes: celle du
lobbying direct auprès des dirigeants, surtout de la part des évêques, et
celle de la presse catholique. Un des participants à ce débat de la plume
fut David Gosselin, propriétaire et rédacteur de la Semaine religieuse de
Québec, laquelle était une revue diocésaine de caractère presque officieux.
Publication hebdomadaire comme l'indique son titre, elle était distribuée
au clergé de l'archidiocèse et aux laïcs qui pouvaient s'y abonner à titre
de particuliers. L'?uvre de Gosselin est beaucoup plus vaste que ses écrits dans cette
revue, mais pourtant c'est dans celle-ci qu'il répondait de jour en jour
aux évènements, et qu'il savait y faire passer les commentaires propres à
son idéologie. Pour les besoins de la présente étude, nous citerons à la
fois des textes de la plume de Gosselin, et ceux qu'il emprunte à diverses
publications, puisque nous considérons qu'ils sont tous un reflet de son
attitude envers les problèmes de l'heure[3]. Lorsque nous commençons cette étude, Gosselin en est aux prises avec les
journaux «à tendance libérale» au sujet de la loi rémédiatrice qui doit,
d'un jour à l'autre, remettre de l'ordre dans les manigances des ennemis de
l'Église au Manitoba. Le gouvernement Tupper, comme nous le verrons plus bas, promet depuis
longtemps de forcer le gouvernement du Manitoba à réparer le tort
constitutionnel qui a été fait aux catholiques et aux francophones de cette
province. David Gosselin est né à Saint-Laurent de l'île-d'Orléans, le 22 novembre
1846, sixième enfant de Joseph Gosselin, forgeron et «artiste en fer»[4],
et de Soulanges Lapierre. Il écrira, au sujet de son père, ces mots
affectueux: C'est à lui, après Dieu, que je dois l'existence, les dons sans
lesquels une vie humaine ne peut être ni utile ni agréable; en un mot,
tout ce que je suis. Cette dette de reconnaissance, rien en ce monde
ne saurait l'acquitter[5]. Il apprend de son père le respect du travail, et le goût de bien le faire.
L'union de ses parents lui inspire le plus profond respect: [...] c'est le fait qu'elles (leurs figures) n'ont jamais oublié que
le foyer familial est un sanctuaire confié à la garde des parents, et
que je n'ai jamais saisi un mot, un geste qui pût scandaliser [...]
Leur vie matrimoniale peut donc se résumer dans les termes suivants:
quarante-deux ans de labeur, de sacrifices, et de bonheur dans le
fidèle accomplissement des devoirs d'état, assaisonnés de quelques
pincées de bonheur purement humain [...][6] Sa mère meurt en 1878, et son père la suit deux ans plus tard, presque à la
même heure, le jour de la fête de Sainte-Anne. L'affection que manifeste
David Gosselin envers sa famille, parents, frères et s?urs, cousins, oncles
et tantes, est touchante. La famille Gosselin de Saint-Laurent est grande:
six frères et trois s?urs, dix oncles et tantes dont neuf sont mariés, 56
cousins (il en connaît 43) et deux garçons adoptés par son oncle
célibataire, Amable, les frères irlandais, James et William Donnelly. Il souffre de «fièvres typhoïdes» dans sa jeunesse et en aura des séquelles
durant toute sa vie. Il en garde un tremblement presque constant qui se
reflète dans son écriture[7]. Il entre au Séminaire de Québec en 1861 et y poursuit ses études jusqu'au
baccalauréat en 1868[8]. Il entre alors au Grand Séminaire[9] et est
ordonné à Lévis le 26 mai 1872 par Mgr l'archevêque Taschereau. Il sera le
seul des fils de Joseph Gosselin qui prendra la soutane. Joseph, l'aîné
qui devait prendre la relève de son père, mourut jeune, à l'âge de vingt-
neuf ans, et David Gosselin fut très touché par cette perte de son grand
frère[10]. De ses autres frères, Louis, après avoir été zouave à Rome, et
Pierre, deviendront arpenteurs. Les trois autres exerceront le métier
d'avocat. François-Xavier, le cadet, s'établira comme avocat à Chicoutimi,
et deviendra le «second fondateur» de la ville. En effet, il est membre-
directeur des principales compagnies de la région, y compris la Compagnie
de Pulpe, que gère le jeune J.E. Alfred Dubuc, fondateur de Port Alfred et
futur député libéral du comté[11]. Un des frères de Gosselin, pourtant, François-Régis, un des premiers
finissants de l'École de droit de Laval, sera exclu des annales de la
famille pour cause d'alcoolisme. Gosselin se sentira responsable de la
destinée de ce frère déchu puisqu'il lui aura fait perdre son poste de
protonotaire à Chicoutimi, en faveur de François-Xavier. Il devra
l'héberger, lui et ses enfants, au presbytère[12]. Les filles de ce
François-Régis épouseront des libéraux, dont Éva Gosselin, qui épousa Henri
de Quetton de Saint-Georges, du Cap-Santé, et Éliza, Arthur Bédard de
Charlesbourg[13]. Joseph Gosselin peut se vanter d'avoir été le père d'une
génération de professionnels. David Gosselin commence son service ecclésiastique en occupant quatre
vicariats et deux dessertes entre 1872 et 1885. C'est cette année-là qu'il
est fait curé de Saint-Honoré-de-Shenly (Beauce), et l'année suivante prend
repos comme pensionnaire de la Caisse de retraite St-Joseph; il s'occupe
alors à composer son cours d'Histoire Sainte, qu'il publie cette année-
là[14]. En 1887, il est nommé à la cure du Cap-Santé, dont il devient le treizième
curé, un poste