Une de perdue, deux de trouvées - La Bibliothèque électronique du ...
Georges Boucher de Boucherville a été avocat et il s'est intéressé à la politique.
..... n'accusaient pas un homme accoutumé aux durs exercices de la man?uvre.
...... pied du mât de misaine un chaudron qu'il remplit de combustible et d'alcool,
...... Les registres corrigés ; Jérôme qui sait par c?ur son âge, son nom et celui ...
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Georges Boucher de Boucherville Une de perdue, deux de trouvées [pic] BeQ
Georges Boucher de Boucherville (1816-1898) Une de perdue, deux de trouvées La Bibliothèque électronique du Québec
Collection Littérature québécoise
Volume 235 : version 1.0 Georges Boucher de Boucherville a été avocat et il s'est intéressé à la
politique. Membre des Fils de la Liberté, il s'est trouvé mêlé aux troubles
de 1837. Ce qui l'obligera à s'exiler à la Nouvelle-Orléans. C'est pendant
ce séjour qu'il entamera l'écriture de son unique roman, Une de perdue,
deux de trouvées, qu'il reprendra beaucoup plus tard. Le livre paraîtra
alors qu'il a 50 ans. Certains voient dans ce roman le meilleur roman
canadien-français du XIXe siècle. Une de perdue, deux de trouvées Édition de référence : Éditions Hurtubise, HMH, Limitée, 1973.
I Le testament
C'est le 25 octobre 1836. Il est onze heures du matin. Les croisées de
la maison no 141, rue Royale, Nouvelle-Orléans, sont tendues de noir. Un
crêpe est attaché au marteau de la porte d'entrée. Deux nègres en deuil,
tête nue, se tiennent de chaque côté du vestibule. La foule se presse dans
la rue et peu à peu envahit les avenues, malgré les efforts de la police
pour maintenir l'ordre. Un grand événement doit avoir lieu ; c'est l'ouverture du testament de
Sieur Alphonse Meunier, l'un des plus riches négociants de la Nouvelle-
Orléans décédé le 15 septembre 1836 sans enfants ni parents. Midi est l'heure fixée par le juge de la Cour des Preuves, pour procéder
aux actes préliminaires des vérifications, avant la lecture des dernières
volontés du défunt. Le public a droit d'entrer. Une grande salle au rez-de-chaussée est éclairée par de nombreuses
bougies ; les volets sont fermés. Une table ronde, couverte d'un tapis
noir, est au fond de la salle. Le juge de la Cour des Preuves est assis
dans un fauteuil faisant face au public ; de chaque côté de lui sont assis
des juges de paix. Le notaire qui doit faire la lecture du testament, comme
dépositaire, est debout auprès de la table, presqu'en face du juge.
Quelques amis du défunt se tiennent à quelque distance conversant par
groupe à voix basse. On entend le sourd murmure de la foule curieuse qui
désire entrer. Les portes ne doivent s'ouvrir qu'à midi moins cinq minutes et les
procédés commencer à midi précis. Chacun est impatient de savoir ce que le
défunt a prétendu faire de l'immense fortune qu'il s'était acquise par ses
entreprises commerciales si grandes et toujours si heureuses. Peut-être un
petit sentiment d'intérêt personnel attirait-il plusieurs des personnes
présentes. On ne pouvait s'imaginer ce qui allait advenir de tous ces
trésors amassés ; et dans son ardente imagination, plus d'un s'imagina que
le défunt pouvait bien s'être rappelé tel ou tel léger service qu'il lui
avait rendu. Le contenu du testament était un secret qui intéressait
vivement toute cette foule, quel que fût le motif qui les y eut rassemblés,
soit intérêt, soit simple curiosité. L'aiguille du cadran de la Bourse, en face, marque midi moins cinq
minutes. Un huissier paraît à la porte de la maison et crie à haute voix :
« Que ceux qui ont intérêt à entendre lecture du testament de feu le Sieur
Meunier entrent, les procédés vont commencer. » Et toute la foule entra car
pas un n'avait pas intérêt. Tous les bancs destinés au public sont bientôt
envahis ; les officiers de police placés près de la balustrade temporaire,
élevée pour partager la salle en deux et protéger les officiers en loi,
s'efforcent de contenir cette masse de curieux. Un coup de marteau a
résonné sur le timbre d'airain qui est au fond de la salle, au-dessus du
siège du juge. Tous les yeux sont tournés de ce côté. Un profond silence
règne dans toute la salle ; on entendrait la chute d'une épingle. Douze
coups ont résonné, c'est midi. Le juge de la Cour des Preuves se lève et dit d'une voix solennelle :
« Nous allons, Messieurs, procéder à la vérification des écritures et aux
actes préliminaires, avant d'ouvrir le testament de feu le Sieur Alphonse
Meunier, décédé le 15 septembre 1836, sans enfants ni héritiers légitimes
connus ». Le juge - M. le notaire, feu Alphonse Meunier vous a-t-il remis lui-
même, et quand, cette petite valise qui est devant vous sur cette table ? Le Notaire - Le 1er septembre 1836, M. Alphonse Meunier m'ayant fait
appeler chez lui, dans cette maison, me remit de ses mains cette petite
valise, en me disant qu'elle contenait ses dispositions de dernière volonté
et qu'elle contenait aussi une petite cassette rouge, scellée, dont il
réglait dans son testament la disposition qu'on en devait faire. La petite
valise a été scellée par M. Alphonse Meunier en ma présence et en présence
de deux témoins que voici, qui ont apposé leurs signatures sur les cachets.
La valise est telle qu'on me l'a remise. Nous ne savons ce qu'elle
contient. Les deux témoins approchent et identifient la valise et les scellés. M. le juge. - C'est bien. M. le notaire, brisez les scellés et mettez
sur la table les objets qui sont dans la valise. Le notaire brisa les scellés, ouvrit la valise, en retira une cassette
de maroquin rouge, à clous jaunes, et la plaça devant le juge. Elle était
aussi scellée avec des rubans et de la cire noire. On lisait sur le
couvercle : « No 1. La personne désignée dans mon testament a seul droit d'ouvrir ». Le notaire retira aussi un petit paquet cacheté. La suscription
contenait ces mots : « Mon Testament. Alphonse Meunier ». - Y a-t-il encore quelque chose dans la valise ? demanda le juge au
notaire. - Non, Monsieur. Et le notaire tourna la valise le dessus dessous. Toute cette foule attentive, silencieuse, impatiente, semblait dévorer
du regard ce paquet que le juge tenait dans sa main, en l'élevant à la
hauteur de son front et le montrant aux spectateurs. - Si quelqu'un, demanda le juge, désire faire quelqu'opposition à
l'ouverture de ce papier, qu'il fasse valoir ses raisons, sans quoi nous
allons passer outre et rompre les cachets. Un instant un murmure sourd courut par la salle à travers cette foule ;
puis tout fut silence. - Ouvrez ce paquet, M. le notaire, dit le juge et veuillez avoir la
bonté de lire à haute voix les dispositions qu'il contient. Le notaire commença : « Me sentant attaqué d'une maladie incurable, je profite des instants de
calme qu'elle me laisse pour écrire mes dernières volontés. « Je recommande mon âme à Dieu. « Je suis natif de la Province du Canada, paroisse Saint-Ours, dans le
District de Montréal. « Je ne dois à personne, ayant réglé avec tous mes créanciers dans le
cours de mars dernier. « Tous mes comptes ont été réglés par bons billets et titres
authentiques déposés chez Sieur Legros, notaire, No 4, rue Saint-Charles,
où mon exécuteur testamentaire pourra les prendre, ce dont une liste
détaillée accompagne ces présentes. « Je constitue pour mon héritier et légataire universel Pierre de Saint-
Luc, capitaine actuellement à bord du brick le Zéphyr en expédition au
Brésil pour mon compte. « Je nomme pour mon exécuteur testamentaire le dit Pierre de Saint-Luc
auquel le juge de la Cour des Preuves de la cité de la Nouvelle-Orléans
voudra bien faire parvenir copie du présent testament aussitôt possible. « Je prie M. le juge de la dite Cour des Preuves de garder par devers
lui, en sûreté, la petite cassette rouge jusqu'à ce que le dit Pierre de
Saint-Luc la lui réclame en personne. La dite cassette ne devra être remise
à aucun autre ; dans le cas où le dit Pierre de Saint-Luc ne la réclamerait
pas dans les douze mois qui suivront l'ouverture du présent testament, je
désire que la dite cassette et son contenu soient brûlés, en présence des
témoins et qu'un procès-verbal en soit dressé et déposé dans les archives
de la dite Cour des Preuves. « En reconnaissance de la fidélité et des bons services que m'ont rendus
mes esclaves Pierrot et Jacques, je leur donne la liberté avec chacun une
somme de cinq cents dollars. « Je donne aussi la liberté à Henri, Paul, Clara et Céleste, esclaves
attachés au service de ma maison, avec chacun une somme de deux cents
dollars. « Je lègue à la bibliothèque publique de l'État, mes livres reliés, se
montant à 4000 volumes. « Je lègue à Dame veuve Regnaud, en reconnaissance des soins et des
attentions qu'elle a eus pour moi, l'usufruit de ma maison No 7, rue
Bienville ; j'en donne la nue propriété à son intéressante et aimable
fille, Mathilde. « Je lègue à mon médecin Léon Rivard, la somme de trois mille dollars en
paiement de tous comptes. « N'ayant pas au Canada de parents que je puisse avouer, mon père et ma
mère étant morts sans autres enfants que moi, je veux et désire que mon
légataire universel et exécuteur testamentaire Pierre de Saint-Luc, soit
saisi de plein droit, après ma mort, de la pleine et entière propriété de
tous mes biens meubles et immeubles, papiers, billets, titres, cédules,
enfin de toutes choses généralement quelconques dont je n'ai pas autrement
disposé par ces présentes. « De graves