41° Année ? N° 131 - Champagnat.Org

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41° Année - N° 131 V.J.M.J.
Juillet 1948
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[pic] Notre-Seigneur « Notre-Seigneur ? Prenons-nous bien conscience de la signification que
comportent ces deux mots réunis ? A force d'être répétés, n'ont-ils pas
perdu le meilleur de leur caractère, comme la pièce de monnaie qui passe de
main en main et finalement n'a plus aucun relief ? Celui qui était pour les
Juifs le Seigneur lointain et inaccessible, terrible et justement irrité,
voici qu'il est devenu nôtre en la personne de Jésus-Christ. Il est
maintenant tout proche, il s'est mis à la portée de notre esprit, à la
mesure de notre mur, à la disposition de chacun de nous. C'est Notre-
Seigneur[1]. »
Seigneur est le nom propre de Dieu et de Jésus-Christ. - Nous voudrions
dans ce qui suit faire sentir toute la signification profonde de ce mot «
Seigneur ». Seigneur est le nom propre de Dieu. A un Docteur qui vient
l'interroger et lui demande quel est le premier commandement, Jésus répond
en citant la Loi : « Le premier c'est : Écoute, Israël, le Seigneur ton
Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton
c?ur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. » (Mc,
xii, 29-30.) C'est par le mot Seigneur que les Septante traduisent le nom
ineffable de Dieu.
Non seulement chez les Juifs, mais même chez les païens, on employait
le nom de Seigneur pour désigner la divinité. Suétone dit que Domitien
prétendant à la divinité se faisait acclamer dans les amphithéâtres du
titre divin de « Seigneur » ; et dans les entretiens qu'on avait avec lui,
on ne devait l'appeler que « Notre-Seigneur et Dieu ».
Saint Polycarpe, d'après Eusèbe, fut martyrisé pour avoir refusé de
confesser que « César est Seigneur ».
David a donné au Messie à venir le nom de Seigneur, en particulier dans
un texte qui fut cité lors d'une discussion rabbinique du Christ avec les
Pharisiens. « Le Seigneur a dit à mon Seigneur....» (Math., XXII, 44.)
Nous autres chrétiens, nous sommes tellement devenus familiers avec ce
nom qu'il est devenu pour nous synonyme de Christ. Et peut-être n'est-il
plus tout à fait synonyme de Dieu. II l'était pour les premiers chrétiens.
Son emploi par saint Étienne dans sa prière équivalait à une profession
de foi en la divinité de Jésus-Christ. A la face des Juifs irrités et
grinçant des dents, il dit : « Seigneur Jésus, recevez mon esprit. » Puis,
s'étant mis à genoux, il cria d'une voix forte : « Seigneur ne leur imputez
pas ce péché. » (Act., VII, 59.)
Jésus en croix avant de mourir pria son. Père, saint Étienne s'adresse
à Jésus lui-même. C'est que désormais : « quiconque invoquera le nom du
Seigneur sera sauvé ». (Rom., X, 13.)
Saint Paul, à son tour, sentant un aiguillon dans sa chair, dit : «Par
trois fois, j'ai supplié le Seigneur d'en être délivré.» (II Cor., XII, 8-
9.) Pour lui, prier le Seigneur, ou prier Jésus-Christ, c'est prier Dieu
lui-même.
« Faut-il s'étonner encore de la valeur que saint Paul attache à la
formule : « Le Christ est Seigneur » ? Il en fait le pivot de l'orthodoxie
et le critère des charismes : « Personne parlant sous l'impulsion de
l'Esprit de Dieu ne dit : « Jésus (soit) anathème ! et personne ne peut
dire : Jésus (est) Seigneur, si ce n'est dans l'Esprit-Saint. » (I Cor.,
XII, 3.) Il la regarde comme l'abrégé le plus concis de son évangile : «
Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais « le Christ Jésus Seigneur. »
(II Cor., IV, 5.) Bien plus, il la présente comme une profession de foi
chrétienne renfermant en substance les conditions du salut : « Si tu
confesses « de bouche que Jésus est Seigneur et si tu crois dans ton « c?ur
que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, tu seras « sauvé ; car, dit
l'Écriture, quiconque croira en lui ne sera « pas confondu. » (Rom., X, 9.)
Isaïe avait bien dit cela de Dieu et non pas du Christ ; mais pour Paul
c'est la même chose ; il ne faut pas se lasser de le redire, puisque son
Christ est Seigneur et Dieu[2]. »
Mais pourquoi insister, ce serait prêcher des convertis. Tout cela nous
le croyons tous et nous le confessons publiquement lorsque à la sainte
messe nous chantons dans le Gloria « Tu solus Dominus », et au Credo, nous
affirmons croire «en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu ».
Cependant quelle idée nous faisons-nous de celui que nous appelons si
souvent et si familièrement, Notre-Seigneur ?
Notre c?ur se plaît à le parer de toutes les qualités humaines les plus
belles. Il est pour nous la bonté, l'amour sans égal. Nous en faisons un
homme comme jamais le monde n'en vit mais ne reste-t-il pas qu'un homme et
ne perdons-nous pas de vue sa divinité ? Sans doute, il est pour nous la
voie qui conduit à Dieu ; mais ne serions-nous pas tenté de lui poser
parfois la même question que l'apôtre Philippe : « Seigneur, montrez-nous
le Père. »
De nos jours, on veut se représenter le Christ tellement près de nous
qu'on le défigure et manque au respect qui lui est dû. Aux réunions de J.
E. C. et de J. O. C., dans les méditations faites à haute voix, bien
souvent Jésus devient un camarade que l'on se permet de tutoyer. Dans une
récente revue, ne montrait-on pas un Christ ouvrier assistant en « bleu » à
un meeting et demandant du feu à un camarade pour allumer sa cigarette !
C'est au moins un manque total de goût.
Le nom du Seigneur doit être prononcé avec respect et amour. Sans doute
Jésus-Christ est venu nous rendre Dieu plus prés de nous ; mais l'abbé
Romano Guardini a raison de dire, dans une formule audacieuse : « C'est un
Dieu au-dessus de Dieu que le Christ est venu nous annoncer.»
Pour nous pénétrer de sa grandeur et de sa majesté, relisons le
prologue de l'évangile de saint Jean : « Au commencement était le Verbe, et
le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. Tout ce qui a été fait a été
fait par lui, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans lui. En lui
était la vie...... Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi
nous.... »
N'allons pas croire que le respect exclut l'amour, loin de là.
« Que l'Éternel ait franchi le seuil du temps et soit entré dans
l'Histoire, aucun esprit humain ne le comprendra jamais. L'idée «pure»
qu'il se fait de Dieu le mettra en garde contre ce qu'il semble y avoir de
contingent et d'anthropomorphique dans cette conception. Mais c'est là le
c?ur même du christianisme. La pensée seule ne va pas loin dans ce domaine.
Un ami m'a dit une fois un mot qui m'a fait entrer plus avant dans ce
mystère qu'une simple pensée. Nous nous entretenions de questions de ce
genre et il dit : « l'amour peut faire de ces choses ». Cette parole m'est
toujours une lumière. Ce n'est pas qu'elle éclaire vraiment l'esprit, mais
elle appelle le c?ur qui, par ses divinations, pénètre dans le mystère.
Celui-ci n'est pas compris, mais il devient plus proche et le danger du
scandale disparaît[3]. »
Saint Benoît insiste beaucoup sur la révérence envers Dieu « le
Seigneur de toutes choses ». Pour lui, c'est le prélude de la
sanctification. Ne dit-on pas avec raison que la crainte du Seigneur est le
commencement de la sagesse:
Moïse conversant avec Dieu n'osait lever les yeux vers lui et cependant
l'Écriture rapporte que « Dieu lui parlait comme un ami parle à son ami ».
Saint Jean, le disciple affectionné de Jésus, l'apôtre de l'amour, qui nous
a parlé comme nul autre de l'amour de Jésus pour les hommes, saint Jean ne
nous en invite pas moins à la vénération respectueuse. Il nous a donné du
Christ, dans son Apocalypse, la plus redoutable représentation. On y sent
le Juif encore tout pénétré du psaume messianique (Psaume 2). Son Christ
est le Roi vainqueur et justicier, c'est le Seigneur qui se moque des rois
impies et qui brise les nations avec un sceptre de fer.
« Un nom fut épelé : Le Verbe de Dieu. Les armées célestes
l'accompagnaient sur des chevaux blancs, vêtus de lin blanc et pur
(attributs de la royauté). Et de sa bouche sortait une épée affilée pour en
frapper les nations. Il les régit lui-même avec une verge de fer. Il foule
en personne la cuve du vin de l'ardente colère du Dieu tout-puissant. Sur
son manteau et sur sa cuisse, il porte un nom gravé : Roi des rois et
Seigneur des seigneurs. » (Apoc., XIX, 13-16.)
La crainte révérencielle avait saisi saint Pierre après la première
pêche miraculeuse lorsqu'il s'écria : « Retirez-vous de moi, Seigneur, car
je suis un pécheur. » (Luc, V, 8.)
Cependant à la suite d'une autre pêche miraculeuse, cela n'empêcha pas
le même apôtre, tout éperdu d'amour et comme hors de lui-même, de se jeter
à la mer, quand on lui eût dit « que c'était le Seigneur ».
L'Église s'efforce de nous inculquer ce respect du Seigneur par sa
liturgie. Au Kyrie éleison, qui signifie comme on le sait, Seigneur, ayez
pitié de nous, le prêtre a les mains jointes.
Quand le prêtre à l'autel termine les oraisons par la formule, hélas !
si souvent bredouillée, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, il joint les mains
et il incline la tête avec respect vers le tabernacle.
Le mot Domine (Seigneur) revient si souvent dans notre Petit Office
qu'il le remplit pour ainsi dire de la gloire de ce saint nom. Le psaume
94, dit invitatoire, que, chaque jour, nous récitons au début des matines,
est assez suggestifs Logiquement ce devrait être la première prière de la
journée. II nous invite à louer Dieu dont il