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V. J. M. J.
Saint-Genis-Laval, le 25 décembre 1945.
MES BIEN CHERS FRÈRES,
Laudetur Jesus Christus, et Maria Mater ejus ! Amen.
En ce beau jour de Noël ; nos pensées et nos c?urs se portent vers
l'étable de Bethléem et, avec les bergers, nous saluons le divin nouveau-né
et sa sainte Mère : Laudetur Jesus Christus et Maria !
Avec quelle ferveur je les ai remerciés pour les nouvelles
réconfortantes qui, au fur et à mesure de la reprise dès relations
postales, nous sont arrivées, aux Chers Frères Assistants et à moi-même, de
toutes les parties du monde. Elles se succédaient comme les couplets d'un
chant triomphal, redisant la bonne marche des maisons de formation et le
développement de nos oeuvres, l'accroissement du règne de Notre-Seigneur et
l'affaiblissement de celui de Satan, par le dévouement de nos Frères de
toute langue et de toute nation.
Et devant tous ces résultats splendides, je ne pouvais m'empêcher, Mes
Chers Frères, de vous comparer aux soixante-douze disciples que Notre-
Seigneur envoya devant lui dans les villes et les villages et qui, au
retour de leur mission, rendirent compte à leur divin Maître de leur
travail et de leurs succès avec des accents pleins de joie et de fierté.
Ils avaient sans doute eu des épisodes dramatiques de lutte contre les
démons, soit par la guérison de nombreux possédés, soit par la conquête de
beaucoup d'âmes à la lumière de l'Évangile. En tous cas, c'est de victoires
sur l'empire diabolique que se félicitent ces éducateurs apôtres, nos
ancêtres et nos modèles.
« Les soixante-douze, raconte saint Luc, revinrent tout joyeux disant :
« Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom. » Et Jésus loin
de contredire à leurs récits de victoire, semble renchérir encore sur eux,
en disant : « Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. »
Comme un général qui domine les détails d'une grande bataille et qui,
de son observatoire haut placé, voit plus loin que ses lieutenants, Jésus a
contemplé le déroulement du formidable combat spirituel qui vient d'être
engagé. Il a aperçu le mouvement des forces morales aux prises entre elles
avec la même acuité que nos yeux à nous constatent les opérations d'une
armée corporelle. Avec Satan qui s'abat comme la foudre, c'est un empire
qui tombe, un pouvoir malfaisant qui s'écroule, des ténèbres qui reculent,
une nuit qui se dissipe. Et c'est d'autre part, le règne de Dieu qui se
fonde la royauté bienfaisante du Christ qui s'établit, la Lumière qui
monte, le jour qui se lève[1].
A mon tour, Mes Chers Frères, loin de rabattre votre joie et de modérer
les accents de votre bonheur qui accompagnent vos bulletins de victoire je
me sens enthousiasmé à la vue du bien réalisé par notre bien-aimée
Congrégation, en dépit de plusieurs années de guerre et d'obstacles de
toute sorte à notre oeuvre paisible d'éducation de la jeunesse. Et c'est de
toute mon âme qu'en qua-lité de chef de cette pacifique armée de Frères
Maristes éducateurs j'applaudis à vos succès, que je vous félicite et que
je vous bénis au nom de notre Mère, la Reine des Apôtres.
Jésus approuve donc la joie de ceux qui travaillent à la propagation de
son règne. Mais voici l'objet d'une joie plus grande encore : « Ne vous
réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais de ce que vos
noms sont écrits dans le ciel. » Et ceci nous concerne nous aussi. Notre
Vénérable Père Champagnat n'a-t-il pas répété bien des fois que tous les
membres de notre Congrégation étaient sûrs de leur salut s'ils
persévéraient ? Quelle consolation pour nous dans nos difficultés de la vie
religieuse et dans nos travaux de l'apostolat !
Enfin, détournant son regard du champ de bataille et des démons
terrassés, Jésus se sent transporte d'une joie ineffable qui s'épanouit
dans l'Esprit-Saint. S'il n'était qu'un homme ordinaire. on dirait qu'il
est ravi en extase. « A cette heure précise, dit saint Luc il tressaillit
de joie dans l'Esprit-Saint et dit : « Je te loue, Père, Seigneur du
Ciel et de la terre, pour avoir caché ces choses aux sages et aux
habiles et pour les avoir révélées aux petits.
Mes Chers Frères, quelle noble joie doit envahir notre âme à nous, les
humbles Petits Frères de Marie, d'avoir, comme les soixante-douze
disciples, été éclairés des lumières de la foi et choisis pour les
transmettre à des générations d'enfants. Notre modeste vocation n'est guère
appréciée des sages et les savants du siècle.« Ce n'est qu'un Frère ! » dit-
on dans le monde. Et peut-être, chez nous, yen a-t-il qui n'apprécient pas
suffisamment ce cachet d'humilité, de simplicité et de modestie qui doit
nous caractériser. Il en est peut-être qui regardent d'un oeil jaloux la
prêtrise qui les mettrait plus en vue... Qu'ils retournent, ceux-là, aux
Avis, Leçons, Sentences du Vénérable Père Champagnat et ils apprendront de
lui « Ce que c'est qu'un Frère » et combien notre vocation bien modeste est
cependant sublime !
D'avoir été appelés à ces nobles fonctions de religieux éducateurs
remercions ensemble Jésus et Marie : « Laudetur Jesus Christus et Maria !
... »
En même temps que des nouvelles, me sont arrivés des souhaits et des
promesses de prières pour les Supérieurs et la Congrégation. Je vous
remercie pour ces multiples témoignages d'attachement à l'Institut et de
respect religieux et filial pour les Supérieurs.
Et à notre tour, en ce beau jour de Noël et au seuil de l'année
nouvelle ; nous adressons des v?ux au Ciel pour tous et chacun d'entre
vous. Mais s'il faut entrer dans le détail de ces v?ux et souhaits, je ne
vois rien de mieux à demander pour vous que le retour à l'esprit du
Vénérable Fondateur dont je vous ai parlé dans la circulaire du 24 mai
dernier et que j'ai proposé comme fruit à retirer, avec la grâce de Dieu,
de nos retraites de cette année.
A celle du Régime ; au mois de mai passé, à laquelle étaient convoqués
les Frères Provinciaux et quelques autres Frères de chaque province, les
premiers Supérieurs, dans leurs conférences s'attachèrent, chacun à sa
manière, à développer ce même programme. Cette parfaite union des esprits
et des c?urs, cette entière concordance dans les directives données, ne
passa pas inaperçue des retraitants, et l'on a parlé de la survivance au
Régime de cette belle harmonie existant jadis entre les Frères François,
Louis-Marie et Jean-Baptiste qui leur avait valu, avec l'admiration des
Frères, l'épithète des « Trois-Un ».
Les Frères Provinciaux, dans les retraites de juillet-août ont, à leur
tour, donné à leurs Frères ces mêmes directives, comme il ressort de leurs
rapports. Faut-il en rester là ?... Tous les Membres du Régime pensent au
contraire, avec moi, qu'il est bon d'y revenir encore dans la présente
circulaire. Je le ferai donc mais d'une manière que je voudrais simple et
pratique, à la portée même des novices, en insistant sur ce point capital
que c'est la vie intérieure qui a fait du Vénérable Père Champagnat et qui
peut faire de chacun de nous un saint religieux et un apôtre éminent.
Je vous invite donc tous aujourd'hui à vous poser devant Dieu cette
double question :
1° Est-ce que j'ai, comme le Vénérable Père Champagnat, le désir
ardent, efficace, de développer constamment ma vie intérieure pour devenir
moi-même un saint ?
2° Est-ce que, à l'exemple du Vénérable Père Champagnat, la vie
intérieure est l'âme de mon apostolat afin de sanctifier mes Frères ou mes
élèves ?
La méditation sérieuse de la première question pourrait peut-être
diminuer dans nos rangs le nombre de ces religieux tièdes que le Vénérable
Père Champagnat appelait les plus grands ennemis de l'Institut et augmenter
par contre les Frères pieux qui sont les colonnes de la Congrégation. En
méditant la seconde question, on se décidera à n'être jamais de ces Frères
plus soucieux de l'instruction de leurs élèves que de leur formation
chrétienne, et à devenir plus que jamais, vu les besoins actuels de la
société humaine, de vrais éducateurs apôtres, à l'image de notre Vénérable
Fondateur.
*
* * PREMIÈRE QUESTION :
Est-ce que j'ai, comme le Vénérable Père Champagnat, le désir ardent,
efficace de développer constamment ma vie intérieure pour devenir moi-même
un saint ?
Pour que chacun de nous puisse donner une réponse loyale à cette
demande, il est bon d'en peser les termes, de se remettre en mémoire
certains principes en posant quelques sous-questions.
1° Et d'abord, que dois-je entendre exactement par « vie intérieure » ?
Dans les lectures de piété et les études religieuses, on rencontre
souvent les expressions : vie chrétienne, vie surnaturelle, vie
spirituelle, vie intérieure, vie de prière, de piété, vie contemplative...
tous ces termes sont très voisins mais avec un sens inégalement large.
Dom Chautard les résume ainsi dans son beau livre : L'âme de tout
apostolat ; «une garde habituelle du c?ur de plus en plus exacte, forte et
dilatée, qui, par le recours fréquent à Dieu, arme pour la lutte
quotidienne contre les défauts, assure l'acquisition des vertus et
perfectionne l'âme dans l'amour divin par l'union à Jésus et à Marie[2]. »
2° Y a-t-il obligation de développer la vie surnaturelle reçue au
baptême ?
L'obligation de développer en soi la vie intérieure et de tendre à la
perfection existe pour tous les chrétiens. C'est ce