La culture de l'Education Nationale française

La méthodologie employée a ensuite été soumise à une équipe espagnole et
une ... le chant, le comput, la grammaire et qu'on dispose de livres catholiques
bien corrigés ". ..... In Cahiers pédagogiques, 433, La démocratie dans l'école .....
un jeu ou un divertissement, ni que l'on renonce à l'exercice d'une certaine
autorité, ...

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La culture de l'Education Nationale française
di Eva Carletti e Chloe Delhomme




Introduction



Depuis 2001, en Italie, un projet d'intervention et de formation des
enseignants a été mis en ?uvre, partant de la culture locale des jeunes,
leurs dynamiques d'inscription dans la réalité sociale, et s'appuyant sur
le groupe-classe pour favoriser l'apprentissage, l'orientation, et prévenir
les malaises. La méthodologie employée a ensuite été soumise à une équipe
espagnole et une équipe française, constituées de psychologues, afin d'être
renouvelée et évaluée dans les contextes de ces deux pays L'évolution de
cette action-recherche en France nous amène à nous interroger sur
l'implication des valeurs et des structures de l'Education Nationale
Française, sur les difficultés et obstacles que nous avons rencontrés,
notamment dans l'abord de la dimension groupale de la classe.
L'école est un grand sujet de débat pour les différents dirigeants et
gouvernements qui se sont succéder depuis sa création. On parle de " crise
de l'éducation ", de réformes nécessaires ou à contrer. Différents points
de vue et acteurs s'expriment, s'opposent ou se complètent.
Quels sont les enjeux de ces débats et comment s'y retrouver ?
Nous nous sommes tout d'abord penchés sur l'historique de l'école en
France pour comprendre en quoi ses origines avaient une influence sur le
système éducatif actuel et comment s'était construit celui-ci.
Nous avons ensuite établi une bibliographie générale des documents
traitant de l'Education Nationale. Nous avons décidé de nous intéresser
plus particulièrement pour cette étude aux éléments concernant les trente
dernières années. Les documents d'actualité les plus accessibles par tous
sont ceux que nous avons trouvé sur Internet.
Nous avons voulu présenter un panorama de ces articles d'origine et de
construction différente. Ils sont disponibles pour tous et ont été produit
à l'intention de divers destinataires ou commanditaires.
Il nous est vite apparu que des grands thèmes étaient prédominants.
Nous proposons donc une revue de la littérature commentée et classée par
grand thème.

















I. Histoire de l'école française






I.1. Aux origines de l'école


. Charlemagne, est 1e premier souverain " Français " à s'intéresser
réellement à l'éducation et à l'enseignement de ses sujets. En 789, il
ordonne : " l'établissement d'écoles où les enfants puissent apprendre
à lire. Que dans chaque monastère et dans chaque évêché on apprenne
les psaumes, les mots, le chant, le comput, la grammaire et qu'on
dispose de livres catholiques bien corrigés ". Reste que son
injonction faite à l'Eglise de réaliser un véritable réseau d'écoles
paroissiales dans le royaume restera un v?u pieux. Ainsi, pendant tout
le moyen âge, les monastères assureront l'essentiel des rudiments de
l'éducation avec en priorité, la formation des formateurs eux-mêmes.


. Plusieurs siècles plus tard, dans les écoles paroissiales, elle mêmes
héritières des petites écoles épiscopales et monastiques nées à la
Renaissance, on n'enseigne toujours que des rudiments de lecture, de
prière, d'écriture et de calcul. Sous l'Ancien Régime, l'école, à de
rares exceptions, demeure l'affaire exclusive de l'Eglise. Entre ces
petites écoles et les Universités, guère d'autres solutions
intermédiaires pour s'instruire. Seules possibilité, certaines villes
de province, dépourvues d'université tentent de maintenir sur leurs
deniers des écoles municipales à l'existence précaire. Dans ces "
écoles de grammaire ", on enseigne, bien sûr le latin, mais aussi les
matières dispensées par la faculté des arts (Trivium : grammaire,
rhétorique et dialectique - Quadrivium : géométrie, arithmétique,
musique, et astronomie.)...


. Au XVe siècle, un nouveau type de collège va apparaître et
révolutionner l'idée qu'on se fait alors de la façon d'enseigner.
Principales nouveautés : la répartition des élèves par classe de même
niveau de la 8e à la 1e, les récompenses et prix pour les élèves les
mieux notés, l'autodiscipline assurée à tour de rôle par les élèves
eux-mêmes et les exercices physiques et récréation pour oublier la
discipline de fer...


. Aux XVIe et XVIle siècles, cette scolarisation populaire en plein
essor va subir de plein fouet la Réforme et les conflits religieux qui
ne vont pas tarder à en découler. Pour se développer, la Religion
Protestante va s'appuyer sur le Livre et l'écrit en prônant la lecture
personnelle de la Bible et l'accès universel à l'Education. Elle va
être aidée en cela par le développement spectaculaire de l'imprimerie
inventée en 1440 par Gutenberg. L'écrit rare et manuscrit va peu à peu
laisser la place à des copies imprimées et abondantes, le livre,
support et vecteur universel de la transmission du savoir. La Contre-
Réforme catholique va contre-attaquer, car l'école doit, selon elle,
permettre de " déraciner l'hérésie ". Elle sera aidée en cela par le
pouvoir royal qui va soutenir les catholiques en les autorisant
désormais, seuls, à tenir école. Des catéchismes spécialement écrits
pour les enfants et approuvés par les évêques, vont être largement
distribués. Tout un réseau d'écoles urbaines de charité va ainsi voir
le jour, les maîtres d'école étant placés par le Pouvoir Royal sous la
surveillance des curés. Les premiers abécédaires, les premiers manuels
scolaires apparaissent alors, mais on apprend encore souvent à lire à
partir du psautier rédigé en latin.


Dans les villes, le "mode individuel" est le plus courant mais il est
concurrencé par "le mode simultané" mis en ?uvre par les "Frères des écoles
chrétiennes". Un Mouvement initialisé par Jean-Baptiste de La Salle : Cette
pédagogie inspirée des collèges d'humanités consiste à Installer les élèves
par groupes de trois et souvent plus, les Frères répartissent leurs élèves
en classes distinctes en fonction de leur niveau et occupent "
simultanément " tous les enfants d'un groupe à une même activité en
utilisant des livres identiques. Avec cette scolarité plus précise et mieux
graduée, C'est la naissance des classes élémentaires. Mais l'état de ces
petites écoles n'est guère attrayant : les bâtiments scolaires sont
inadaptés, avec des pauvres masures, des greniers ou parfois même des
étables comme salle de classe, les mobiliers scolaires sont inexistants
avec pas ou peu de livres, la fréquentation scolaire est irrégulière et
aléatoire, en raison des travaux saisonniers. Il n'est pas rare qu'en été
ces petites écoles soient désertées, les enfants étant retenus à la ferme
par les travaux des champs. Les maîtres, mal formés et mal payés, pour
subsister, sont en même temps secrétaire de mairie, sacristain, voir même
cabaretier.


. L'Etat, sous Louis XIV et Louis XV va à son tour prendre l'initiative
en créant des écoles pour ses propres besoins et celle de son
administration civile et militaire. Cette affirmation du Pouvoir
Politique de la fin de l'Ancien Régime d'avoir main mise sur
l'Education va s'appuyer sur le " 1e Plan d'Education Nationale ", "
l'essai d'Education Nationale " publié par La Chalotais. Le Procureur
Général du Parlement de Bretagne y critique l'enseignement donné par
les religieux dans les collèges, loin des réalités du monde. Il pense
également qu'il n'est pas utile d'instruire tout le monde mais
uniquement ceux qui s'en serviront dans leur profession. Ainsi pour la
1e fois, à la veille de la Révolution, on débat de la responsabilité
de l'Etat en matière d'Education face à l'Eglise qui s'inquiète de la
fin de son monopole.





I.2. Séparation de l'Eglise et de l'Etat et création de l'Université
Impériale par Napoléon Ier

(Loi Guizot (1833) pour l'enseignement primaire et loi Falloux (1850) pour
le secondaire) .

Les écoles privées et publiques sont alors distinguées par la nature
de leur financement, mais pas par le contenu de l'instruction (la religion
est au programme de toutes les écoles), ni par le statut des maîtres
(religieux et laïques dans écoles primaires publiques).
Lors de la 3ème République, il y a un basculement du religieux, qui
n'est plus considéré comme source de morale commune, vers une sphère privée
dont l'importance est laissée à l'appréciation individuelle et
l'association de la neutralité confessionnelle à l'engagement républicain
partisan et patriotique de l'école publique.
Les lois de 1882, 1886 et 1889 érigent l'enseignement primaire en
service public et se traduisent par la laïcisation des programmes, des
locaux et du personnel enseignant.
Le 9 décembre 1905, le député socialiste Aristide Briand fait voter la
loi concernant la séparation des Eglises et de l'Etat dont les principes
sont la liberté de conscience, la liberté des cultes, l'autonomie de l'Etat
par rapport aux religions. C'est le début de la laïcité de l'Etat français


La loi Debré (1959) met en avant l'importance de la tâche scolaire à
accomplir pour répondre à la demande sociale d'enseignement et l'Etat se
présente comme le garant d'une pluralité d'idéologies et reconnaît au
secteur privé d'enseignement une mission d'intérêt général et, par
conséquent, le droit d'être financé par la puissance publique.
A partir des années 60, il devient évident que l'augmentation du
nombre de places et le report du moment de l'orientation ne permettent pas
de fournir à tous les enfants le même bagage scolaire. La massification de
l'enseignement s'accompagne d'un accroissement important de la ségrégation
interne : aux inégalités d'accès à l'enseignement vont se substituer
progressivement des inégalités des cursus à travers des filières et des
options qu