Le fils des forêts - La Bibliothèque électronique du Québec

La série S.A.S m'a marqué au point de me donner envie d'écrire ces clins d'yeux,
...... Roselyne Chpoung, passant dans le salon, venait de découvrir la touchante
scène. ...... Il sautait comme une crêpe dans sa poêle, à nouveau ardent, brûlant
de .... les toutes nouvelles balles à écartèlement atomique pondéré sous Gauss.

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James Oliver Curwood

Le fils des forêts


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BeQ
James Oliver Curwood







Le fils des forêts

récit autobiographique

Traduit de l'anglais par Louis Postif

(Son of the forests)






La Bibliothèque électronique du Québec
Collection Classiques du 20e siècle
Volume 433 : version 1.0















Le fils des forêts


Édition de référence :

Librairie Hachette 1938.














Bien que terminée après la mort de J.-O. Curwood, l'histoire de sa vie,
présentée ici, est en majeure partie l'?uvre du romancier.








Avant-propos




Cette nuit-là, je me trouvais avec un de mes amis dans ma cabane située
en plein bois, au nord de l'État de Michigan. Au plus fort de l'hiver, je
m'étais retiré dans cette solitude pour écrire un roman et vivre près de la
nature, que j'aime en toute saison : elle me paraît aussi belle couverte de
neige et de glace que parée des fleurs sauvages du printemps.

Par les fenêtres et la porte ouvertes de ma hutte de rondins l'air froid
nous apportait le parfum des pins, des sapins et des cèdres exhalé par les
vallées, les marécages et les montagnes environnantes. Dans mon humble
demeure, cet encens se mêlait à la douce senteur de l'arbousier traînant,
cueilli à pleines brassées.

Le firmament était criblé d'étoiles si étincelantes que la voûte céleste
paraissait plus proche de nous ; et à leur aimable clarté nous avions vu,
une heure auparavant, une daine et son faon traverser ma petite clairière.

Ces millions d'astres, qui depuis plusieurs nuits m'éclairaient de leur
scintillement, me faisaient songer à autant de foyers pleins de lumière et
de bonheur qu'aucun rideau n'interceptait à mes yeux ravis.

Une majestueuse forêt nous environnait de sa vie mystérieuse et nous
invitait à pénétrer plus avant. Son énorme masse noire se dressait vers le
ciel ; au-dessus de ma cabane, ses arbres se courbaient en murmurant, mais
autour de nous régnait un profond silence.

Mon ami comprit, comme moi, que l'harmonie des grands bois contenait non
seulement la poésie de l'espoir, mais la douce protestation du Maître
suprême contre la folie et la barbarie des sectes fanatiques et des
religions qui ont semé la discorde sur terre depuis la naissance de la
pensée humaine. La voix divine conviait l'homme à rejeter loin de lui cet
égoïsme aveugle qui le tient en esclavage et l'empêche de déchiffrer le
mystère sublime de la vie et de la mort et de cette éternelle énigme que,
faute d'un terme plus approprié, on appelle l'âme.

J'exprimai toutes ces pensées à mon ami et, au bout d'un instant, il
posa sa main sur mon bras.

« Écrivez votre histoire, me dit-il. Vous faites vous-même partie de
cette nature. Vous comprenez son langage. Son sang coule dans vos veines et
votre c?ur bat à l'unisson du sien. Maintes fois vous m'avez répété que
si Dieu ne réservait aucune miséricorde pour les êtres qui adorent la
Nature, vous désespéreriez de votre salut. Selon vous, les fleurs et les
arbres eux-mêmes possèdent une âme, cette même flamme immortelle qui brûle
en vous. Écrivez donc votre histoire pour nous tous. Des milliers d'êtres
humains accueilleront vos paroles, Jim. Vous comptez, parmi vos amis, plus
de jeunes gens que tout autre écrivain vivant. Dans vos romans d'amour,
dans vos histoires d'aventures et d'animaux, vous avez montré à vos
lecteurs - hommes et femmes - l'âme immaculée de la Nature. Il faut que les
enfants, ainsi que leurs parents, connaissent vos propres aventures,
sachent comment vous avez surmonté les obstacles et atteint le but - Ce
sera l'histoire d'un homme très ordinaire, objectai-je ; cependant, je vous
promets de l'écrire. »

Nous gravîmes le sommet de la montagne, et de là, nous observâmes la
course de la lune dans le ciel. Les paroles nous semblaient vaines pour
traduire notre simple joie de vivre dans ce monde merveilleux. La nuit elle-
même paraissait légèrement lasse quand nous regagnâmes notre cabane.

J. O. C.








N. B. - Bien que terminée après la mort de J.-O. Curwood, l'histoire de
sa vie, présentée ici, est en majeure partie l'?uvre du romancier. Lors de
son décès, Mme Dorothea A. Bryant, sur la demande de Mme Curwood, prit
connaissance de son manuscrit et de ses notes, qui indiquaient clairement
les intentions de leur auteur. Elle en a supprimé une infime partie et
ajouté au texte ce qui lui parut indispensable pour apporter plus de
cohésion au récit. (N. d. T.)








I




Souvenirs de tendre jeunesse




L'hérédité n'exerce qu'une influence relative sur la destinée des
hommes. Mes propres observations m'ont maintes fois démontré que le milieu
joue dans la vie un rôle prépondérant. Dans les annales de ma famille
figurent, parmi mes ancêtres, quantité de gens simples qui ont mené une
existence dépourvue d'éclat, élevé des enfants ne sortant pas de
l'ordinaire, et accompli des actes identiques à ceux de millions d'autres
individus qui peuplent la planète. Cependant, je tiens à signaler dans ces
souvenirs deux faits qui eurent sur moi une influence considérable.

À l'époque où la capitulation de lord Cornwallis à Yorktown subsistait
encore dans la mémoire de tous mes compatriotes, un aventurier d'origine
hollandaise, rompu depuis longtemps aux multiples dangers que présentent
les pistes conduisant au pays des Indiens Mohawks et Onéidas, s'éprit
follement d'une jolie fille d'un village mohawk situé à proximité des
sources de la Canada River. Grande et svelte, elle parcourait, de ses pieds
menus, les forêts du Nord avec la majestueuse démarche d'une princesse du
sang. Ma mère se rappelait avoir vu dans sa jeunesse cette beauté indienne,
alors âgée de quatre-vingts ans bien sonnés, et souvent je l'ai entendue
dire que la chevelure de la vénérable femme conservait son lustre et une
couleur noire comme des ailes de corbeau. Elle portait des chaussures si
petites que ma mère, alors fillette de dix ans, ne pouvait les mettre.
Jadis, cette jeune Mohawk avait dû posséder un charme ensorceleur, sans
quoi mon flegmatique grand-père n'eût jamais songé à l'épouser. Les hommes
qui, comme lui, hantaient les forêts en quête de fourrures, voyaient trop
de femmes Peaux Rouges pour lier étourdiment leur existence avec l'une
d'elles : cependant nos deux héros demeurèrent toute leur vie de fervents
amoureux. Le sang indien que je tiens de mon aïeule m'a poussé
continuellement à m'isoler dans le Wild et a exercé sur mes actes une
influence indiscutable.

Vers l'époque où mon ancêtre blond, idolâtre des grands bois autant que
les Indiens eux-mêmes, courtisait sa princesse des solitudes, naissait en
la « Joyeuse Angleterre » un homme qui, par la suite, devint officier de
marine et fameux conteur d'aventures palpitantes ayant pour théâtre la
terre et la mer. J'ai nommé le capitaine Marryat, mon grand-oncle, dont les
histoires, qu'il racontait lui-même à un adolescent appelé James, étaient
si merveilleuses et évocatrices que cet intrépide garçon partit un jour sur
mer et débarqua en Amérique, où il prit part à la guerre de Sécession. Plus
tard, ce jeune homme fut mon père, - le plus beau, le plus vaillant et le
plus honorable papa qui existât au monde. Est-ce par le simple effet du
hasard que, dès mon enfance, je fus tourmenté du désir d'écrire des
histoires de galants chevaliers et de jolies femmes, pleins d'audace,
s'aimant éperdument et mourant en braves ? Bien que je ne descende point en
ligne directe du célèbre romancier anglais, je professe une opinion
différente. Qui osera, sérieusement, me soutenir le contraire ?

J'ai toujours considéré Owosso, charmante petite ville de quinze mille
habitants située au centre de l'État de Michigan, comme ma patrie. J'y suis
né au mois de juin de l'année 1879, selon les archives municipales. Aussi
loin que remontent mes souvenirs, je me vois encore en train de jouer, dans
ce quartier appelé West Town, en compagnie de mon camarade Charley Miller,
dont le père tenait un hôtel avec bar à quelque distance d'un vieux magasin
de chaussures appartenant à mes parents. Des noyers poussaient au milieu
des rues et les animaux de basse-cour s'y promenaient en toute liberté. En
face de la boutique paternelle s'étendait un immense pré communal planté de
sapins, et la rivière voisine offrait quelques coins d'ombre très
poissonneux, ainsi que des endroits plus profonds où nous allions nous
baigner.

Peu de faits saillants marquent cette époque de ma vie ou, s'il s'en
produisit qui contribuèrent à ma formation actuelle, ils m'échappent pour
l'instant. Je garde seulement l'impression d'avoir été un gamin turbulent
comme les autres, un perpétuel tourment pour mon père, ce gentleman de la
vieille école, et une source de réelle affliction pour ma mère, la plus
douce et la plus exquise des femmes.

Le bon Dieu doit regarder d'un ?il indulgent les gosses du type Huck
Finns et Tom Sawyer, ces diablotins chers à Mark Twain, et les aimer malgré
leurs visages barbouillés, leurs habits déchirés et leurs escapades. La
plupart d'entre eux deviennent, en fin de comp