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... fantaisies antérieures en tant qu'activités habituelles acquises par l'exercice
sont ... Traduit en termes de théorie de l'information, revue et corrigée dans le
sens que ...... En particulier l'isotopie intéresse les sèmes qu'ils soient génériques
ou ...

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La langue



Linguistique et interprétation

Tous les développements en informatique juridique ont été jusqu'à présent
fondés sur une analyse informatique classique conduisant à la réalisation
de modèles variables dans la forme selon les méthodes d'analyse ou de
conception employées, mais que l'on peut qualifier tous de modèles
conceptuels, que ceux-ci s'attachent aux données ou aux traitements.

Même une méthode comme la méthode K.O.D. (Knowledge Oriented Design)[1]
ne s'écarte pas de la démarche classique. La méthode de représentation
des connaissances qui recouvre toute la phase de spécification globale du
système (SGS) s'effectue en deux temps :

1. une modélisation de l'existant débouchant sur trois types de modèles

1. le modèle pratique des données (MPD)

2. le modèle pratique des traitements (MPT)

3. le modèle pratique des règles (MPR)

2. Dans une seconde étape, le cognicien applique aux modèles pratiques
certaines méthodes de contrôle, d'analyse et de structuration de la
connaissance qui déterminent une « modélisation cognitive de l'existant
qui comporte :

4. une modèle cognitif des données (MCD)

5. un modèle cognitif des traitements et des contraintes (MCTC)

6. un modèle cognitif des règles (MCR)

Ces méthodologies ont pour objet la représentation de savoirs et de
savoir-faire qui ne sont ni nécessairement ni généralement écrits.

Par contre, le traitement des textes normatifs, qui sont toujours écrits
par définition, qu'il s'agisse des textes ou énoncés normatifs originels
ou qu'il s'agisse de leurs multiples applications et interprétations
jurisprudentielles ou doctrinales, ne peut manquer de poser le problème
du traitement sémantico-linguistique automatisé ou plus modestement
assisté par ordinateur.

Posant la question du traitement linguistique, on est conduit à deux
autres questions : celle de la relation entre l'informatique et la
linguistique, et celle plus profonde du rôle de la langue et de la
linguistique, dans le processus d'interprétation et de compréhension.


Qu'est-ce que comprendre un texte juridique?

Progressivement nous en arrivons à la question fondamentale de tout
traitement cognitif d'un texte qui est celle de son sens. Quel est le
sens du texte ? Qu'est-ce que comprendre un texte.

Rappelons l'intitulé de notre recherche : L'apport de la modélisation des
connaissances à la simplification et à la codification des textes
normatifs.

Il est clair que toute assistance informatique à la simplification et à
la codification des textes normatifs postule un traitement cognitif du
texte qui reproduise les mécanismes de la compréhension.

Nous avons d'abord posé le problème en terme de modélisation. La question
de la modélisation nous a renvoyé à celle de l'interprétation des textes,
qui constitue une étape préalable à la modélisation. Et maintenant, notre
recherche nous conduit à un nouvel approfondissement consistant à
démonter les mécanismes non de l'interprétation mais de la compréhension
des textes qui précèdent l'interprétation proprement dite. Il faut en
effet d'abord comprendre un texte avant d'en donner une interprétation et
de modéliser cette interprétation, étant entendu qu'un même texte peut
éventuellement donner lieu à plusieurs interprétations, entre lesquelles
l'hésitation peut être permise, même si au final une interprétation finit
par s'imposer dans le droit positif au dépens des autres.

De nombreux auteurs ont tenté de répondre de manière synthétique à cette
question de savoir ce que veut dire comprendre un texte. Nous voudrions
analyser leurs réponses avant d'en donner un traduction opératoire qui
sera la trame des développements logiciels ultérieurs.

Bernard Pottier avoue les limites de la connaissance sur cette question
et s'appuie sur la psychologie cognitive.

« Il est difficile de savoir ce qu'est comprendre un texte. On sait
cependant que la compréhension n'est pas linéaire. On conceptualise des
tranches de discours, constamment remodelées par la conceptualisation des
tranches suivantes. L'oubli d'une partie quantitativement sensible du
texte lu ou entendu est la condition même de la rétention mémorielle. On
transforme sans arrêt le sémantique en conceptuel. C'est ce qu'on fait
quand on résume un film : on peut avoir oublié tous les mots du film, et
en faire une excellente paraphrase, plus ou moins étendue.

« Le mécanisme de la compréhension peut être figuré ainsi :

EN1 EN2 EN3 ... ENn

_____________

compréhension

A

____________________

compréhension

B ......................

________________________

compréhension finale

(Bernard Pottier, 1974, p. 36)

Ultérieurement, Pottier intégrera dans les mécanismes de la compréhension
ce qu'il appelle l'environnement du message qui est composé de trois
types de savoirs :

1. le savoir sur la langue

2. le savoir culturel

3. le savoir sur le monde ou savoir encyclopédique (1992, p. 24-25)

Paul Ricoeur avance une définition systémique : le sens du récit est dans
l'arrangement des éléments ; le sens consiste dans le pouvoir du tout
d'intégrer des sous-unités ; inversement, le sens d'un éléments est sa
capacité à entrer en relation avec d'autres éléments et avec le tout de
l'?uvre ;... » (1986, p. 159-160).

Pour Oswald Ducrot, dans une perspective pragmatique, l'énoncé est le
lieu où s'expriment divers sujets, dont la pluralité n'est pas réductible
à l'unicité du « sujet parlant »(...) le sens de l'énoncé décrit
l'énonciation comme une sorte de dialogie cristallisée, où plusieurs voix
s'entrechoquent » (1984, introduction). Ducrot distingue le « sujet
parlant » (être empirique producteur matériel de l'énoncé), le « locuteur
en tant que tel (être de discours, source de l'énoncé, responsable de
l'énonciation), le « locuteur en tant qu'être du monde » (par rapport
auquel le précédent peut prendre ses distances, par exemple dans
l'autocritique), et l' « énonciateur » (personnage mis en scène par le
locuteur) (1984, pp. 192 sqq., analysé par C. Fuchs, 1992 p. 137).

Dans une optique vériconditionnelle, Robert Martin apporte un éclairage
complètement différent. « Qu'est-ce, en effet, interroge-t-il, pour un
énoncé qu'avoir du sens ? Une des réponses les moins décevantes est de
dire qu'un énoncé a du sens si l'on peut spécifier les conditions dans
lesquelles il est vrai ou faux » (1983, p. 22). Et de préciser son
projet. En se limitant au point de vue de la phrase (la sémantique, dans
un sens étendu, porte en effet sur le sens des mots, le sens des phrases
et le sens des textes), « une des finalités assignables à la théorie
sémantique est la prévision des liens de vérité qui unissent les phrases.
Cela revient à dire que le modèle doit être en mesure, quelles que soient
les phrases que l'on se donne, pour peu qu'elles soient bien formées et
sémantiquement interprétables, de calculer la relation logique que ces
phrases entretiennent.

« En général, cette relation sera évidemment celle de l'indépendance
logique ou, si l'on préfère, de l'absence de relation. (...).Mais il
existe aussi des couples tels que leur relation se décrit en termes
d'inférence, d'antonymie ou de paraphrase. Ainsi pour

p = Pierre est revenu

r = Pierre est de retour.

« Si l'une est vraie, l'autre est vraie ; si l'une est fausse, l'autre
est fausse. Ces deux phrases sont en relation d'équivalence logique,
c'est-à-dire en relation linguistique de paraphrase. »

En fait, Robert Martin reprend à son compte le projet du mathématicien
Montague, explicité par Dowty, Hall et Peters (1981, p.12), analysé par
Michel Galmiche (1991, p. 29), selon lequel : comprendre une phrase,
c'est « savoir ce à quoi le monde doit ressembler pour qu'elle soit
vraie » ; en d'autres termes, c'est connaître ses conditions de vérité.

Cette approche est reliée à une théorie importante en sémantique qui est
celle de monde possible. En effet, « Cet « élargissement » de la notion
de compréhension (et donc de sens) implique le recours à un concept
supplémentaire - que l'on est souvent peu enclin à accepter, tant la
notion de vérité nous semble liée à notre relation au monde « tel qu'il
est » (ou que nous croyons qu'il est) -, ce concept est celui de monde
possible. En effet, dès lors que l'on admet que les phrases de la langue
sont à même de décrire ce qui est (notre monde), ce qui pourrait être (un
ou plusieurs autres mondes), ce qui sera peut-être (un ou plusieurs
autres mondes encore), on peut considérer que la connaissance de la
signification d'une phrase s'identifie avec cette capacité à faire le
partage entre les mondes dans lesquels elle est vraie et les mondes dans
lesquels elle est fausse. Ainsi, le sens d'une phrase - ce qu'on appelle
aussi, techniquement une proposition, - peut être assimilé à un ensemble
de mondes possibles (i.e. tous les mondes dans lesquels elle est
vraie). » (Michel Galmiche, 1991, p. 29). R. Martin enrichira encore
cette problématique avec la notion d'univers de croyance.

François Rastier accorde également à la question du sens des énoncés une
très grande importance et lui consacre un chapitre entier de Sémantique
pour l'analys