1 - Hal-SHS

Collation d'un prieuré du diocèse de Castres à Antoine Caprioli. Fol. 14. ....
Affluentis doctrine et virtutis viro magistro P. Heremite, subdecano ecclesie ......
Conseils pour l'exercice des fonctions de vicaire général. ...... Hoc unum memini
quod, dum novissime Pictavis[1112] erat et memoriam vestri agerem, michi dixit,
certum ...

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[À un ami rémois[?]] S. l. n. d. Éloge du chant d'église : il éloigne l'Ennemi et purifie le c?ur ; il est
l'office propre des anges et des saints, faisant naître componction,
dévotion et joie spirituelle ; il élève l'esprit et le c?ur et incline à la
vertu. Fol. 4-6. [Fol. 4]
Très chier frere et bon amy, je me recommande a vous. Quant, en mes secrettes meditations et pensees de mon cuer, je me
remembre et me souvient de ceulx que j'ay congneu de loing temps, entre les
autres creatures survivens, vostre personne me vient au devant des yeulx de
ma pensee ; en quoy je vois et congnoys la grace que Nostre Seigneur vous a
faicte, en ce que des vostre enfance et l'estat d'inocence vous a appellé a
son service, quant il vous ordonna estre enfant de cuer et de chant en son
eglise, de laquelle avez receu le cresme de baptesme, et des cest aage le
serviez en chant melodieux et louange divine, pour quoy on porroit dire de
vous : « Ex ore infantium et lactantium perfecisti laudem[?] ». Et en
accroisssant sa grace, ses dons et benefices, vous a de sa pure grace
jusques a cest aage retenu continuellement et sans retraire en cest office
et ou lieu ou premierement vous appella, « ut sic repondeant ultima primis,
dit Boece en son livre de Consolation, redituque suo singula gaudent, nec
manet ulli traditus ordo, nisi quod fini junxerit ortum[?] ». En vostre
premier aage on povoit dire de vous : « Juvenes et virgines », maintenant
ce qui s'ensuit : « senes cum junioribus laudent etc.[?] ». Et combien que
je sçay et congnois que ceste grace avez tousjours en memoire et
souvenance, toutesfoiz vous vueil selon mon petit entendement aucunement
declairer et monstrer quel don est et quelle grace de Nostre Seigneur, qui
vous a appellé a le louer et magnifier en chant melodieux, et a ce faire
vous a donné organe et voix propre et convenable, doulce et aggreable, ou
quel office je croy et espere qu'il vous donne souvent compunction de cuer,
devotion internelle, elevation d'esperit, saveur et goust des choses
celestes et eternelles ; vous donne ung ardent desir de vouloir parvenir,
aprés ceste joye qui n'est pas continuelle, a la liesse et melodie
perpetuelle, laquelle n'est jamais meslee d'aucune melancolie, annuy ou
tristesse ; vous donne consequemment ung contempt et mesprisement de toute
vaine liesse, de toute charnelle consolation, de toute mondaine et
plaisance seculiere que le monde porroit donner ou ministrer. Je treuve en l'escripture saincte et autre part moult de belles
vertuz et operations attribuees a la musique divine et melodie
ecclesiastique. Et premierement je liz que elle a vertuz et puissance de
rebouter les temptations de l'Ennemi. Ceci expressement le dit Guido in
Musica [?], mais l'escripture saincte, qui est plus hault tesmognage, ainsi
l'afferme et tesmogne. David en son saultier, qui fut grant et divin
musicien tant de voiz comme d'autres instrumens, dit ainsi : « Laudans
invocabo [fol. 4 v°] Dominum », sequitur : « et ab inimicis meis salvus
ero [?].» Duquel David est escript ou premier livre des Roys es chapitres
xvie, xviiie et xixe : « Quicumque spiritus Dei malus arripiebat Saül,
David tollebat citharam et percutiebat manu sua, et refocillabatur Saul, et
levius habebat ; recedebat enim ab eo spiritus [?] malus [?].» Est a croire
que David chantoit chançons ecclesiastiques et morales parolles divines,
lesquelles l'Ennnemy ne puet ouir, soustenir ou porter, car, pour ce qu'il
est en continuel tourment, il het et fuit toute morale doulceur et melodie. On lit en la vie des Peres d'ung jeune religieux qui disoit a ung des
anciens peres que, en oyant la psalmodie ou les leçons de l'escripture
saincte que on lit ou service divin, il n'en recepvoit riens, n'apercevoit
aucun fruit d'esperit ; auquel dit l'ancien pere : « Pren ce bassin (qui
estoit ort et sale) et metz l'eaue dedans et frote fort. » Ainsi feist le
jeune religieux, puis luy dit qu'il gettast l'eaue. Adoncques aparut le
bassin net et pur. « Tu voiz, dist il, que ce bassin estoit maintenant sale
et obscur, est tout cler, et touteffois n'y est aucune chose demouree de
l'eaue qui l'a ainsi lavé et purifié. Ainsi est des parolles divines que on
chante en l'eglise : combien que aucuns en retiennent pou ou neant,
neantmoins le cuer et la pensee de la creature est plus nette que par
avant, par la vertu du chant divin [?].» Ung autre exemple baille encores
le per[e] ancien : « Tu voiz, dit il, que le serpent que on appelle aspic,
quant l'anchanteur le veult decepvoir, il chante melodieusement, et le
serpent estoupe son oreille affin que n'oÿe la doulceur du chant, comme [?]
dit David ou psaultier : « sicut aspidis surde et obturantis aures
suas [?]». Ainsi est de l'Ennemy, qui est appellé antiquus serpens, qui ne
puet ouir le chant et la melodie ecclesiastique, mais se part par ceste
meritoire et litterale incantation [?]. 'Enchanteur' vient de
'chanter' [?] : en ce chant de l'eglise les ennemis sont comme enchantez et
detenuz. » Nous disons en oultre que les chantres et musiciens de l'eglise
excercent l'office des angelz et sains de paradis, desquelz dit Nostre
Seigneur par le prophete Ysaïe, Ysaie sexagesimo secundo : « Super
muros [?] tuos, Jherusalem, constitui custodes (id est angelos), tota die
et tota nocte perpetuo non tacebunt [?]», requiem non habebunt. Apocalypsis
quarto : « Quatuor animalia die ac nocte dicentia : « Sanctus, sanctus,
sanctus [?]» etc. ; et infra eodem capitulo iiii to : « Seniores cantabant
canticum novum dicentes : « Dignus es, Domine, accipere librum [?]» etc. ;
rursum eodem capitulo : « Vidi et audivi vocem angelorum multorum in
circuitu troni, et animalium ac seniorum, et erat numerus milia milium
dicentium : « Dignus est Agnus qui occisus est accipere virtutem [?]» etc.
Ysaïe ou chapitre sixiesme a ce propoz dit ainsi : « Seraphim clamabant
alter ad alterum et dicebant : « Sanctus, sanctus, sanctus Dominus Deus
excercituum ; plena est omnis terra gloria ejus [?].» A ce propoz disoit
[fol. 5] Nostre Seigneur a Job ou chapitre xxxviiie : « Ubi eras quando me
laudabant astra matutina et jubilarent omnes filii Dei [?] ? » id est
angeli. Ceci tesmoigne sainct Luc en son evangile ou chapitre second :
« Factus est cum angelo multitudo militie celestis excercitus laudantium
Deum : « Gloria in excelsis Deo et in terra pax [?]» etc. Nous lisons que
ou trespas de pluseurs sains et sainctes les angelz faisoient haulte et
doulce melodie de chant, et en especial dit l'istoire de sainct [?]
Martin : « Beati viri corpus usque ad locum sepulcri himpnis corona
celestis turba prosequitur [?].» Cecy considerant David ce mistere tant
digne ordonna iiii m chantres a loer Nostre Seigneur nuit et jour, comme
est escript ou premier de Paralipomenon, xxiiie et xxve chapitres, et ou
second dudit Paralipomenon, ou ve, xxe, xxixe et xxxve chapitres [?]. Pour
ceste cause sont appellez en l'Escripture sacri cantores ; de quoy est
escript Ecclesiastici quadragesimo septimo : « Stare fecit David cantores
contra altare et in sonos eorum dulces fecit modos, ut laudarent nomen
sanctum Domini et amplificarent mane Dei sanctitatem [?].» En oultre dient les saincz docteurs que le chant de l'eglise esmuet
les cuers humains a compunction et devotion. Pourtant est escript
Ezechielis secundo : « Vidit Ezechiel librum involutum qui erat scriptus
intus et foris, et scripta erant in eo lamentationes et carmen et ve [?].»
Et tertio capitulo ejusdem dicit Ezechiel : « Comedi volumen illud et
factum est in ore meo quasi mel dulce [?].» Mais, comme dit l'Escripture,
elle a telle vertuz que elle mue la personne en aultre forme, contenance et
maniere. Ainsi est escript ou premier livre des Roys ou chapitre xme :
« Dicebat Samuel ad Saul : « Cum ingressus fueris urbem ibi obvium habebis
gregem prophetarum descendentium de excelso, et ante eos psalterium et
tympanum et thibiam et citharam, ipsosque prophetantes, id est psallentes :
et insiliet en te spiritus Domini, et prophetabis cum eis, et mutaberis in
virum alterum [?].» Et infra, eodem capitulo : « Venit Saul in collem
Domini, et ecce cuneus prophetarum obvius ei, et insiliit in eum spiritus
Domini et prophetavit in medio eorum [?].» A ce propoz dit monseigneur
saint Augustin ou livre de ses Confessions : « Flebam uberrime in himpnis
et canticis suave sonantis ecclesie vehementer affectus » : c'est icy
compunction ; et s'ensuit : « Voces ille influebant auribus meis et
eliquabatur veritas in corde meo et fluebant lacrime et bene michi erat cum
eis [?]» : c'est icy devotion. Aprés je dis que le chant ecclesiastique tolt et repelle toute maise
tristesse de cuer et resjouist l'esperit de joye et liesse espirituelle.
Pour ce dit le sage Jhesus, filius Sirach, Ecclesiastici quadragesimo :
« Vinum et musica letifficant cor, thibie et psalterium suavem faciunt
melodiam [?].» Et sainct Jaques en son epistre canonique, Jacobi quinto :
« Tristatur aliquis vestrum ? [fol. 5 v°] oret equo animo et psallet [?].»
Pour monstrer la verité de ceste consideration est escript Luce xv o, en la
parabole du filz fol, large ou prodigue, que [?] le pere, quant le receut
aprés penitence a sa grace, pour le resjoir voult avoir chantres et melodie
d'instrumens, « simphoniam scilicet et chorum [?]». Pour ceste raison
Philosophie ou livre de Consolation, parlant a Boece, dit ainsi en la prose
sixiesme du