La sorcière - Angelfire
Même au sixième degré, c'eût été chose énorme d'épouser sa cousine. ...... Il leur
reproche non seulement leurs galants exercices aux nuits du sabbat, mais ......
Pour ses rapports avec le magnétisme, le spiritisme, les tables tournantes, etc., ...
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Jules Michelet (1798-1874) La sorcière (texte de la première édition de 1862) Garnier-Flammarion, Paris, 1966
Un document produit en version numérique par Jean-Marc Simonet, bénévole.
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Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi
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Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marc Simonet, bénévole,
professeur des universités à la retraite, Paris.
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Apartir du livre :
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| |Jules Michelet |
| |(1798-1874) |
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| |La sorcière |
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| |(texte de la première |
| |édition :1862) |
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| |Garnier-Flammarion, Paris, |
| |1966, 314 pages. | Polices de caractères utilisées :
Pour le texte: Times New Roman, 14 points.
Pour les notes et l'index : Times New Roman, 12 points.
Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word
2004 pour Macintosh.
Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5'' x 11'')
Édition numérique réalisée le 1er mai 2008 à Chicoutimi, Ville de Saguenay,
province de Québec, Canada.
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Table des matières
Introduction
LIVRE PREMIER
I. La mort des dieux
II. Pourquoi le moyen âge désespéra
III. Le petit démon du foyer
IV. Tentations
V. Possession
VI. Le pacte
VII. Le roi des morts
VIII. Le prince de la nature
IX. Satan médecin
X. Charmes, philtres
XI. La communion de révolte - Les sabbats - La Messe noire
XII. Suite - L'amour, la mort - Satan s'évanouit
LIVRE DEUXIÈME
I. Sorcière de la décadence - Satan multiplié, vulgarisé
II. Le marteau des sorcières
III. Cent ans de tolérance en France. Réaction
IV. Les sorcières basques. 1609
V. Satan se fait ecclésiastique. 1610
VI. Gauffridi. 1610
VII. Les possédées de Loudun. Urbain Grandier. 1632-1634
VIII. Possédées de Louviers. Madeleine Bavent. 1633-1647
IX. Satan triomphe au XVIIe siècle
X. Le P. Girard et la Cadière. 1730
XI. La Cadière au couvent. 1730
XII. Le procès de la Cadière. 1730-1731 Épilogue
Notes et éclaircissements
Sources principales
Avis de la seconde édition
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Introduction Retour à la table des matières
Sprenger dit (avant 1500) : « Il faut dire l'hérésie des sorcières, et
non des sorciers ; ceux-ci sont peu de chose. » - Et un autre sous Louis
XIII : « Pour un sorcier dix mille sorcières. » « Nature les a fait sorcières. » - C'est le génie propre à la Femme et
son tempérament. Elle naît Fée. Par le retour régulier de l'exaltation,
elle est Sibylle. Par l'amour, elle est Magicienne. Par sa finesse, sa
malice (souvent fantasque et bienfaisante), elle est Sorcière, et fait le
sort, du moins endort, trompe les maux. Tout peuple primitif a même début ; nous le voyons par les Voyages.
L'homme chasse et combat. La femme s'ingénie, imagine ; elle enfante des
songes et des dieux. Elle est voyante à certains jours ; elle a l'aile
infinie du désir et du rêve. Pour mieux compter les temps, elle observe le
ciel. Mais la terre n'a pas moins son c?ur. Les yeux baissés sur les fleurs
amoureuses, jeune et fleur elle-même, elle fait avec elles connaissance
personnelle. Femme, elle leur demande de guérir ceux qu'elle aime. Simple et touchant commencement des religions et des sciences ! Plus
tard, tout se divisera ; on verra commencer l'homme spécial, jongleur,
astrologue ou prophète, nécromancien, prêtre, médecin. Mais au début, la
Femme est tout. Une religion forte et vivace, comme fut le paganisme grec, commence par
la sibylle, finit par la sorcière. La première, belle vierge, en pleine
lumière, le berça, lui donna le charme et l'auréole. Plus tard, déchu,
malade, aux ténèbres du moyen âge, aux landes et aux forêts, il fut caché
par la sorcière ; sa pitié intrépide le nourrit, le fit vivre encore.
Ainsi, pour les religions, la Femme est mère, tendre gardienne et nourrice
fidèle. Les dieux sont comme les hommes ; ils naissent et meurent sur son
sein.
Que sa fidélité lui coûte !... Reines, mages de la Perse, ravissante
Circé ! sublime Sibylle, hélas ! qu'êtes-vous devenues ? et quelle barbare
transformation !... Celle qui, du trône d'Orient, enseigna les vertus des
plantes et le voyage des étoiles, celle qui, au trépied de Delphes,
rayonnante du dieu de lumière, donnait ses oracles au monde à genoux, -
c'est elle, mille ans après, qu'on chasse comme une bête sauvage, qu'on
poursuit aux carrefours, honnie, tiraillée, lapidée, assise sur les
charbons ardents !... Le clergé n'a pas assez de bûchers, le peuple assez d'injures, l'enfant
assez de pierres contre l'infortunée. Le poète (aussi enfant) lui lance une
autre pierre, plus cruelle pour une femme. Il suppose, gratuitement,
qu'elle était toujours laide et vieille. Au mot Sorcière, on voit les
affreuses vieilles de Macbeth. Mais leurs cruels procès apprennent le
contraire. Beaucoup périrent précisément parce qu'elles étaient jeunes et
belles. La Sibylle prédisait le sort. Et la Sorcière le fait. C'est la grande, la
vraie différence. Elle évoque, elle conjure, opère la destinée. Ce n'est
pas la Cassandre antique qui voyait si bien l'avenir, le déplorait,
l'attendait. Celle-ci crée cet avenir. Plus que Circé, plus que Médée, elle
a en main la baguette du miracle naturel, et pour aide et s?ur la Nature.
Elle a déjà des traits du Prométhée moderne. En elle commence l'industrie,
surtout l'industrie souveraine qui guérit, refait l'homme. Au rebours de la
Sibylle, qui semblait regarder l'aurore, elle regarde le couchant ; mais
justement ce couchant sombre donne, longtemps avant l'aurore (comme il
arrive aux pics des Alpes), une aube anticipée du jour. Le prêtre entrevoit bien que le péril, l'ennemie, la rivalité redoutable
est dans celle qu il fait semblant de mépriser, la prêtresse de la Nature.
Des dieux anciens, elle a conçu des dieux. Auprès du Satan du passé, on
voit en elle poindre un Satan de l'avenir.
L'unique médecin du peuple, pendant mille ans, fut la Sorcière. Les
empereurs, les rois, les papes, les plus riches barons, avaient quelques
docteurs de Salerne, des Maures, des juifs, mais la masse de tout état, et
l'on peut dire le monde, ne consultait que la Saga ou Sage-femme. Si elle
ne guérissait, on l'injuriait, on l'appelait sorcière. Mais généralement,
par un respect mêlé de crainte, on la nommait Bonne dame ou Belle dame
(bella donna), du nom même qu'on donnait aux Fées. Il lui advint ce qui arrive encore à sa plante favorite, la Belladone, à
d'autres poisons salutaires qu'elle employait et qui furent l'antidote des
grands fléaux du moyen âge. L'enfant, le passant ignorant, maudit ces
sombres fleurs avant de les connaître. Elles l'effrayent par leurs couleurs
douteuses. Il recule, il s'éloigne. Ce sont là pourtant les Consolantes
(Solanées), qui discrètement administrées, ont guéri souvent, endormi tant
de maux. Vous les trouvez aux plus sinistres lieux, isolés, mal famés, aux
masures, aux décombres. C'est encore là une ressemblance qu'elles ont avec
celle qui les employait. Où aurait-elle vécu, sinon aux landes sauvages,
l'infortunée qu'on poursuivit tellement, la maudite, la proscrite,
l'empoisonneuse qui guérissait, sauvait ? la fiancée du Diable et du Mal
incarné, qui a fait tant de bien, au dire du grand médecin de la
Renaissance. Quand Paracelse, à Bâle, en 1527, brûla toute la médecine, il
déclara ne savoir rien que ce qu'il apprit des sorcières. Cela valait une récompense. Elles l'eurent. On les paya en tortures, en
bûchers. On trouva des supplices exprès ; on leur inventa des douleurs. On
les jugeait en masse, on les condamnait sur un mot. Il n'y eut jamais une
telle prodigalité de vies humaines. Sans parler de l'Espagne, terre
classique des bûchers, où le Maure et le juif ne vont jamais sans la
sorcière, on en brûle sept mille à Trèves, et je ne sais combien à
Toulouse, à Genève cinq cents en trois mois (1513), huit cents à
Wurtzbourg, presque d'une fournée, mille cinq cents à Bamberg (deux tout
petits évêchés !). Ferdinand II lui-même, le bigot, le cruel empereur de la
guerre de Trente ans, fut obligé de surveiller ces bons évêques ! ils
eussent brûlé tous leurs sujets. Je trouve, dans la liste de Wurtzbourg, un
sorcier de onze ans, qui était à l'école, une sorcière de quinze, à Bayonne
deux de dix-