la place du comportement - ResearchGate
Département de psychiatrie & neurosciences ..... Théorie physiologique de la
musique fondée sur l'étude des sensations auditives. .... d'origine car le débit de
sortie réagit à la perturbation et corrige le changement du niveau d'eau. ...... On
peut reconnaître de tels exemples dans l'exercice musculaire pour se réchauffer
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PLACE DU COMPORTEMENT DANS LA PHYSIOLOGIE Michel Cabanac de Lafregeyre
Département de psychiatrie & neurosciences
Faculté de médecine
Université Laval
Québec I Historique et définitions II Les systèmes vivants sont des systèmes ouverts III Méthodes d'étude des comportements IV Les différents comportements et la satisfaction des besoins V Efficacité et précision du comportement
À court terme
À long terme VI Le classement des priorités VII Optimisation du comportement VIII Émergence de la conscience IX La sensation signal mental X Le plaisir signe l'utile XI Le plaisir chez les animaux XII Place du comportement dans la biologie.
PRÉFACE Le but de ce petit ouvrage est de faire partager au lecteur,
vraisemblablement étudiant en biologie ou en psychologie -mais peut-être
aussi quelque esprit curieux- une série de connaissances qui apparaîtront
sans doute comme des évidences à certains, mais que j'ai mis trente ans à
acquérir et à ruminer. En effet, il y a une génération, physiologie et
comportement étaient des domaines distincts et aussi miscibles que l'huile
et l'eau. Dans les facultés de médecine on enseignait une physiologie qui
commençait sous la peau. Pour nos prédécesseurs immédiats, le comportement
n'appartenait pas au domaine de la science. Pourtant la vie animale
n'existerait pas sans comportement; la prise alimentaire, la prise de
boisson sont des comportements, sans parler de la reproduction sexuée.
Heureusement, d'autres que les physiologistes n'ont cessé de s'intéresser
de façon scientifique aux comportements. Mais les ponts entre physiologie
et comportement étaient rares et on ne les enseignait pas.
Cet ouvrage sur "La place du comportement dans la physiologie"est la
mise sur papier de mon cours portant le même titre, donné à l'Université
Laval. Dans les pages qui suivent on trouvera donc le cheminement que je
fais partager à mes étudiants: le comportement est notre quotidien, il est
puissant, il est partout. Comme il s'agit de mon enseignement, il ne
faudra pas s'étonner que de nombreuses illustrations proviennent de mes
propres recherches et publications. Une telle prédominance n'est en rien
le signe d'une exclusivité, elle est simplement le reflet d'une facilité
d'accès aux documents et, bien évidemment, d'une familiarité avec leur
contenu. Cet ouvrage est donc la défense et illustration d'une thèse
plutôt qu'un traité exhaustif. Je me suis efforcé néanmoins de donner des
références bibliographiques donnant accès aux travaux d'autres auteurs. La
bibliographie internationale s'accroît cependant à une vitesse telle qu'il
est impossible de tenir compte de toutes les contributions. Que ceux de
mes collègues que j'aurais ainsi omis de citer veuillent bien ne voir
qu'une retombée négative, regrettable, du formidable élan de notre société
moderne vers la recherche scientifique et la Babel dont les scientifiques
sont les premiers à souffrir.
Un dernier avertissement, enfin. Au fil des pages le lecteur
rencontrera la description de faits d'observation et de résultats
expérimentaux, mais aussi un certain nombre d'interprétations des
résultats, d'extrapolations et d'hypothèses. Ces démarches sont
nécessaires lorsqu'on veut comprendre ce qu'on fait et comment les nouveaux
matériaux acquis par la recherche s'intègrent dans le vaste édifice de la
connaissance scientifique. Néanmoins, il convient de prendre du recul vis-
à-vis de cet aspect de l'ouvrage. On connaît l'anecdote célèbre du
bourdon, dont les caractéristiques corporelles (le rapport masse/surface
des ailes) sont telles que les lois de la physique lui "interdisent" le
vol[1]. Certaines pages seront donc à consommer avec un grain de sel.
Elles sont néanmoins incluses car le rôle de l'hypothèse n'est pas
d'exprimer la vérité absolue, mais la vérité telle qu'elle paraît
vraisemblable en l'état des connaissances. Tout passe, même les plus
belles hypothèses et théories scientifiques. C'est d'autant plus vrai que
le domaine d'étude est plus complexe, ce qui est le cas du comportement,
rendant le contrôle des faits et l'acquisition des évidences plus
difficiles en raison même de cette complexité.
Un résumé de ce livre a paru en anglais dans le traité de physiologie
publié par l'American Physiological Society (Cabanac 1996). EN.REFLIST LA PLACE DU COMPORTEMENT DANS LA PHYSIOLOGIE
Michel Cabanac Chapitre I HISTORIQUE ET DÉFINITIONS Résumé
Le comportement était considéré par les grands fondateurs de la science
physiologique, comme partie intégrante de la physiologie. Peu à peu
cependant, les physiologistes s'en sont détournés pour en laisser l'étude
aux zoologistes et aux psychologues. Dans ce chapitre, quelques uns des
grands noms de la physiologie, de la psychologie et de la zoologie sont
présentés pour s'ètre intéressés au comportement. En effet, le
comportement est au service des grandes fonctions du corps. On ne peut
comprendre la survie et le fonctionnement animal sans y intégrer l'étude du
comportement. Dans son édition de 1990, le Petit Larousse définit la physiologie comme
"1. La science qui étudie les fonctions organiques par lesquelles la vie se
manifeste et se maintient sous sa forme individuelle." Cette définition
inclut l'adjectif 'organique' qui rétrécit le domaine de la science
physiologique et implique l'exclusion des réponses comportementales de son
spectre de compétence. Pourtant cette définition n'a pas toujours été si
étroite puisque le même dictionnaire propose, en "2. Au début du XIXe
siècle, ouvrage traitant de manière 'objective' une réalité humaine, telle
La Physiologie du mariage de Balzac". Le dictionnaire aurait aussi bien pu
donner pour exemple la célèbre livre de Brillat-Savarin: Physiologie du
goût, ou Méditations de gastronomie transcendante (Brillat-Savarin 1828).
En réalité la tendance réductionniste séculaire discernable dans toutes les
sciences, mais particulièrement en biologie, s'est encore accentuée entre
ces deux définitions au cours des dernières décennies. Si les traités de
physiologie décrivent bien encore les grandes fonctions du corps humain
indispensables à la compréhension des symptômes des maladies par les
médecins, les journaux de physiologie dans lesquels se publie la recherche
scientifique de cette discipline sont maintenant emplis des résultats de
l'exploration des mécanismes cellulaires et intracellulaires permettant et
accompagnant la vie. Bien que cette tendance réductionniste soit
périodiquement dénoncée par des esprits éclairés (Ito 1986; Bunge 1989;
Noble and Boyd 1993; Folkow 1994; Goldstein 1997; Schultz, Collier et al.
1999(Cosmides and Tooby 1995)) elle demeure et se renforce. Le comportement se situe aux antipodes de cette vision puisqu'il mobilise
tout l'organisme pour l'atteinte d'un but, l'accomplissement d'une tâche.
Encore que la notion même de comportement ne soit pas comprise de façon
identique par tout le monde. Le Petit Larousse, encore lui, dans son
édition de 1990, le définit comme: "1. ensemble des réactions d'un
individu, conduite. 2. PSYCHOL. Ensemble des réactions, observables
objectivement, d'un organisme qui agit en réponse à une stimulation de son
milieu intérieur ou de son environnement". On voit immédiatement une forte
différence entre 1 et 2. Cette différence était apparue aussi lors d'une
colloque du 'Club Comportement' de l'Université Laval, réunissant à Québec
Éthologistes, Psychologues et Physiologistes. Pour les éthologistes, biologistes consacrant leur recherche à l'étude du
comportement animal, le comportement était toute réponse observable. Cette
définition ne satisfait pas les physiologistes puisque certaines réponses
observables sont considérées par eux comme des réflexes 'végétatifs'
n'entrant pas dans leur définition du comportement; la coloration des
fesses d'un mandrill est une réponse observable dépendant de l'état
endocrinien de l'animal, mais, pour un physiologiste, elle n'est pas en
elle même un comportement bien qu'elle puisse servir de signal
comportemental pour lesautres individus de la même espèce. La définition des psychologues était voisine et calquée sur le 2. du Petit
Larousse: toute réponse mesurable. Ici encore un physiologiste ne peut se
satisfaire d'une telle définition qui pourrait inclure des réponses
végétatives telles que la sécrétion de sueur ou la vasomotricité cutanée. Si on comprend bien les raisons pour l'adoption de ces définitions par les
éthologistes, préoccupés par des problèmes de communication entre les
individus et par les psychologues soucieux d'éliminer toute trace de
psychanalyse en demeurant résolument dans le mesurable, ces définitions ne
satisfont pas les physiologistes. Pour eux, le comportement se définit de
façon fort voisine de celle que je donne plus haut: mobilisation de
l'organisme pour l'atteinte d'un but, l'accomplissement d'une tâche. C'est
cette dernière définition que j'utiliserai dans cet ouvrage. Pour un
physiologiste, la sécrétion salivaire, la vasodilatation cutanée sont
observables et mesurables mais ne sont pas des comportements. Ce sont