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Florent Villard
Le Gramsci chinois :
Qu Qiubai, penseur de la modernité culturelle
(Introduction)
Tigre de Papier ©EEditions Tigre de Papier, Lyon, 2009-03-2009
ISBN :
Charvet Imprimeurs A mon père
TABLE DES MATIERES
Avant-propos 10
Introduction : citer Qu Qiubai aujourd'hui 12
A partir du présent : vernis nationaliste et réalité capitaliste 12
La révolution inachevée au miroir de la « culture européanisée » 17
Le « devenir moderne » de la Chine à Shanghai 22
Une communauté indéterminée 27
Un militant culturel en lutte pour l'hégémonie 29
Une position postcoloniale 32
Le « Gramsci chinois » 37
Histoire transculturelle et traduction 41
Composition 43
Elements de biographie : du lettré au militant communiste (II) 45
Une classe mandarinale en voie d'extinction 50
Dans la modernité politique et culturelle à Pékin 53
Voyage au pays de la faim... et de la révolution 59
Les désillusions de l'action politique 65
Clandestin et théoricien de la culture à Shanghai 74
Commissaire à l'éducation dans le Soviet de Ruijin 77
Une pensée politique de la culture populaire (III) 81
La « Grande Muraille » intérieure : une critique nationaliste de la
« Nouvelle culture » ? 82
Modernité tardive, « culture européanisée » et auto-orientalisme 88
Dialectique de l'espace et du temps : le moderne contre la mode 98
Projections politiques sur le populaire : révéler, (ré)-inventer,
transformer 106
Signifiants du populaire, concepts de masse : dazhong, qunzhong, minzhong,
renmin 118
Les masses ont une vie culturelle ! » : bandes dessinées, cinéma, peep-
show, marionnettistes,... 124
Nous » et les masses : la question de l'extériorité des intellectuels
131
Prendre le « leadership » idéologique et culturel 138
Les potions toxiques envoûtantes » ou la critique de la culture populaire
142
Inventer une culture populaire révolutionnaire : remakes, traductions et
autres bricolages culturels 148
Un substitut aux caractères Han (IV) 161
Transcrire les caractères : des Jésuites aux réformistes des Qing
163
Les caractères, le code phonétique et la « communauté imaginée »
168
Le Latinxua Sin Wenz de Qu Qiubai : une perspective multilinguistique pour
la Chine ? 174
Une brève histoire sino-soviétique de la « nouvelle écriture »
179
Une critique eurocentriste des « caractères han » 185
Quand l'écriture se confond avec le dessin 194
Traduire le langage de la modernité (V) 202
Hétérogénéité des langues écrites et politique de la réception
203
L'agencement collectif d'énonciation des « boys de l'Occident »
207
L'hybridité d'une « langue de mulet » 214
Les hypertextes d'Adam Smith 220
A la recherche du « lecteur chinois » : un mode d'adresse homolingue ?
226
Les néologismes de la modernité 233
Langue commune contre langue nationale (VI) 241
Inventions universelles de langues nationales particulières : la Chine et
les autres 243
De la « communauté dynastique » à la nation : constituer une conscience
nationale 251
L'histoire littéraire, le canon et la langue vernaculaire 256
Langue nationale » ou guoyu : approche critique d'un terme polysémique
263
La Chine, les Han et les Autres : signifiants flottants et réalité
hétérogène 272
Capitalisme, assimilation culturelle et classes sociales : une perspective
pluri-nationale ? 280
Le putonghua, langue en devenir d'une communauté indéterminée
291
Peuples sans écriture » et langues locales 298
Le putonghua, une « langue mineure » ? 301
Récupérer « Qu Qiubai » (VII) 309
Un critique culturel dans le canon moderne 310
Dans les textes de Mao : intertextualités autour des « formes nationales »
313
Filtrés par l'orthodoxie de la RPC : « culture de masse » et « langue
commune » 326
Le politique et le théoricien : du traitre bourgeois au gauchiste culturel
335
Une lecture nationaliste ou Qu Qiubai comme artisan de la « sinisation »
344
Qu Qiubai, figure du postcolonialisme à la chinoise ? 348
BIBLIOGRAPHIE 355
Avant-propos
Introduction : citer Qu Qiubai aujourd'hui (I) A partir du présent : vernis nationaliste et réalité capitaliste
C'est en considérant, à l'instar de Walter Benjamin, le rôle de
l'historien dans sa capacité à exprimer « l'éclatement de la
continuité historique », à réhabiliter ce qui a échoué et à suivre
les voies(x) perdues de l'histoire que cet essai s'envisage.[1] La
perspective politique, sociale et internationaliste du
révolutionnaire marxiste Qu Qiubai ne se marie guère avec l'esprit
du temps d'une Chine-puissance qui associe avec « succès » et
fierté une condition capitaliste, une gouvernance autoritaire et un
discours nationaliste culturel. Son approche politique de la
culture et l'idée d'un pouvoir effectif de la culture non seulement
pour interpréter ou refléter le monde mais aussi pour le
transformer ne fait plus recette dans une Chine contemporaine
convertie à la fatalité de l'imaginaire économiste du capitalisme. Il s'agit alors de convier ses textes dans le présent comme des
citations susceptibles d'être interrogées, discutées et parfois
confrontées à d'autres pensées. Les essais culturels écrits dans
les années 1931-1934 sont antérieurs au devenir hégémonique de deux
récits dominants de la Chine contemporaine, deux faces d'une seule
et même pièce : le récit essentialiste de la Chine nation et
culture unique, Autre absolu et porteur d'une modernité
alternative, et celui de la Chine libérale inscrite dans le temps
universel et linéaire du développement économique et politique, à
l'école de l'Occident, en phase de transition, mais bientôt prête à
prendre la première place dans les statistiques. Malgré des traces discursives encore tenaces, le pouvoir politique
à Pékin au début du xxie siècle ne pouvait plus faire reposer sa
légitimité sur la révolution et l'avènement du communisme. De même,
il se refusait encore à rechercher une légitimité populaire à
travers l'imitation du modèle des démocraties libérales
représentatives, mais inscrivait néanmoins la Chine à l'intérieur
de la mondialisation néolibérale en faisant reposer son pouvoir sur
le maintien de la croissance associée à une hausse, ou sa promesse
illusoire pour d'autres, du niveau de vie accompagnée de l'enrobage
idéologique du discours de la « société harmonieuse », ou hexie
shehui ????. [2] En 2003, une affiche de propagande dans les rues de Pékin révélait
avec une grande clarté la dimension bipolaire des référents
idéologiques d'un régime chinois qui fait osciller ses discours de
légitimité entre un futur en marche et un passé immuable. L'arrière-
plan de l'affiche nous montrait une image de synthèse de la ville
de Pékin et de sa modernité architecturale représentée par une
forêt de grattes-ciel traversée d'imposants réseaux autoroutiers :
le Pékin hypermoderne du xxie siècle, celui de la croissance à deux
chiffres et des Jeux Olympiques de 2008. Au premier plan, avait été
superposé à l'image un dragon d'or, au long cou fier et arrogant.
La légende précisait : « Luttons pour faire de notre nation un pays
socialiste riche et puissant, démocratique et civilisé. » Ce texte
nous disait ainsi que la Chine est toujours dans un processus
historique qui tend vers un demain, un avenir meilleur, c'est-à-
dire plus riche, plus puissant, plus démocratique et plus civilisé.
Le dragon faisait figure de référent local, national et culturel,
et répondait ainsi au processus universel, et présenté comme
culturellement neutre, de modernisation ; il était l'illusion de
l'invariant culturel dans le mouvement perpétuel du progrès et de
l'Histoire. L'image ne précisait cependant pas que le dragon,
référent « culturel » et icône de la nation, était lui aussi un
produit de la modernité en tant que discours universaliste des
« différences culturelles » et trajectoire de la construction
moderne de l'Etat-nation en Chine. De même, en octobre 2001, le Président chinois en fonction, Jiang
Zemin ???, illustrait lui-même la mutation idéologique du
nationalisme chinois en n'hésitant pas à revêtir, lors d'une
conférence internationale, une veste de mandarin de style
traditionnel.[3] Autre image, même anxiété identitaire. Cette
manifestation vestimentaire, bien que purement symbolique et
anecdotique, s'inscrit dans une tendance de fond de réappropriation
et de réinvention d'une continuité historique chinoise.[4] Faisant fonction de paravent, ce nouvel habillage du pouvoir
occulte deux réalités historiques de la Chine moderne, à savoir que
l'Etat-nation chinois formellement fondé en 1949 est non seulement
une construction récente, mais aussi qu'il s'inscrit tout entier
dans une tradition politique et théorique produit d'une modernité
qui, si elle est aujourd'hui une condition universelle s'appliquant
de façon toujours singulière dans différents espaces socio-
historiques, n'en a pas moins une histoire dont le point de départ,
le sujet dominant et les règles du jeu furent d'abord euro-
américains. De cet