Échantillons de civilisation - Les Classiques des sciences sociales

6 nov. 2003 ... Riche et fort, donc, de cette monnaie qui a cours partout, il se secoua ...... des
artilleurs ennemis, Beaumont fut un volcan, un enfer inhabitable. .... Le sous-
officier, Dujardin, prit la tâche la plus dangereuse, comme il faisait toujours. ...
des lueurs éclairaient le ciel ; et pourtant la nuit sur l'étroite vallée, sur les ...

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|Ruth Benedict (1950) |
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|Échantillons |
|de civilisations |
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|Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, |
|professeur de sociologie |
|Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca |
|Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt |
|Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences |
|sociales" |
|Site web: |
|http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/|
|index.html |
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|Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque |
|Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi |
|Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm |
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| | Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay,
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de :
Benedict, Ruth (1950) Échantillons de civilisation
Une édition électronique réalisée à partir du livre Ruth Benedict (1950),
Échantillons de civilisations.
Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points.
Pour les citations : Times 10 points.
Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.
Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word
2001 pour Macintosh le 15 février 2002. Mise en page sur papier format
LETTRE (US letter), 8.5'' x 11'')
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|Table des matières |
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|I. Connaissance de la coutume |
|Il. De la diversité des civilisations |
|III. Comment se constitue une civilisation |
|IV. Les Pueblos du Nouveau-Mexique |
|V. Dobu |
|VI. La côte nord-ouest de l'Amérique |
|VII. Nature de la société |
|VIII. L'individu et le type de civilisation |
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. (
I CONNAISSANCE
DE LA COUTUME
. (
L'anthropologie est l'étude de la vie sociale chez les hommes. Elle porte
son attention sur les caractéristiques physiques et les techniques
industrielles, sur les conventions et les manières de voir qui
différencient une communauté de toutes les autres possédant une tradition
différente de la sienne.
Ce qui distingue nettement l'anthropologie des autres sciences sociales,
c'est qu'elle fait entrer dans son cadre l'étude approfondie d'autres
sociétés que la nôtre. Pour le but qu'elle se propose, toute réglementation
sociale du mariage et de la procréation a une signification aussi
importante que dans notre civilisation, quand bien même il ne s'agirait que
de celle des « Dyaks de la Mer » et n'a aucun rapport historique possible
avec la réglementation que nous possédons chez nous. Pour
l'anthropologiste, nos propres coutumes et les coutumes de la Nouvelle-
Guinée, par exemple, sont deux modèles sociaux sur lesquels on peut se
pencher en étudiant un même problème ; et tant qu'il demeurera dans les
limites de l'anthropologie, son devoir sera d'éviter de conclure au profit
ou au détriment de l'un des deux. Il doit s'intéresser au comportement
humain, non par la façon dont il aurait été inspiré par notre propre
tradition, mais tel qu'il a été inspiré par n'importe quelle tradition. Il
doit s'intéresser à la vaste gamme de coutumes que l'on peut découvrir en
différentes cultures et son objectif est de comprendre la manière dont ces
cultures évoluent et se différencient, les différentes formes par
lesquelles elles s'expriment et la façon dont les coutumes de n'importe
quelle peuplade fonctionnent dans les vies des individus qui la composent.
Jusqu'à présent, la coutume n'a pas été tenue comme un sujet de première
importance. C'est le travail intime de notre propre cerveau que nous avons
considéré comme l'unique sujet digne d'investigation ; quant à la coutume,
selon notre mode de pensée, ce ne serait que la façon d'agir dans son sens
le plus banal. En réalité il faut voir autrement les choses. La coutume
traditionnelle, à considérer les peuples de la terre, est une masse de
comportements variés plus étonnants qu'on ne l'aurait imaginé et que l'on
ne pourrait attribuer à des initiatives individuelles, si extravagants
qu'ils puissent paraître. C'est même là un aspect assez banal de la
question. Le fait de majeure importance est le rôle prédominant joué par la
coutume sur la tradition et les croyances, et les très multiples aspects
qu'elle peut prendre.
On ne songe jamais à regarder le monde avec des yeux de primitif. On le
voit régi par tout un mécanisme défini de coutumes, d'institutions et de
façons de penser. Même dans nos investigations philosophiques, nous
n'allons pas regarder ce qui existe derrière ces stéréotypes ; nos
véritables concepts de la vérité et de l'erreur s'en référeront toujours à
nos particularités traditionnelles. John Dewey a très sérieusement déclaré
que le rôle joué par la coutume dans le façonnement de la conduite de
l'individu, comme tout ce qu'il peut faire en s'en rapportant à la coutume
traditionnelle, sont dans la proportion du vocabulaire complet de sa langue
maternelle et des mots du langage de sa petite enfance incorporés à
l'idiome de la famille. Quand on étudie sérieusement les organisations
sociales qui ont réussi à se développer de façon autonome, cette
comparaison n'est plus autre chose qu'une observation exacte qui correspond
à la réalité. L'histoire de la vie de tout individu est d'abord et avant
tout l'accommodation aux modèles et aux règles en usage dans sa communauté.
Dès sa naissance, les coutumes du monde où il est né modèleront son
expérience et son comportement futur. Quand il pourra s'exprimer il sera la
petite créature de sa civilisation ; quand il aura grandi, il sera capable
de prendre part aux activités de cette civilisation, ses habitudes seront
devenues les habitudes de cette civilisation, de même pour ses croyances,
ses possibilités et ses non-possibilités. Tout enfant né dans le même
groupe participera à cela et aucun enfant né n'importe où de l'autre côté
du globe ne pourra jamais en réaliser la millième partie. il n'y a pas de
problème social qui nous incombe davantage que de comprendre ainsi le rôle
joué par la coutume. Tant que nous n'aurons pas compris ses lois et sa
diversité, les réalités les plus complexes de l'existence humaine nous
demeureront inintelligibles.
L'étude de la coutume peut être profitable si certaines propositions
préliminaires sont admises, et quelques-unes de celles-ci ont rencontré
d'acharnés contradicteurs. D'abord, toute étendue scientifique exige qu'il
n'existe aucune préférence dans l'appréciation de tel ou tel des articles
de la série qu'elle aura choisi pour objet. Sur tous les moindres terrains
de controverse comme l'étude des cactus, des termites ou de la nature des
nébuleuses, la méthode indispensable d'une étude doit consister à
rassembler et à mettre en ordre les matériaux qui s'y rapportent et de
noter toutes les variantes de formes et de combinaisons possibles. C'est
ainsi que nous avons appris tout ce que nous savons des lois de
l'astronomie, ou de la vie des colonies d'insectes, par exemple ; ce n'est
que dans l'étude de l'homme lui-même que les principales sciences
sociologiques ont substitué à toute autre étude celle d'une variante locale
unique, à savoir la civilisation occidentale.
L'anthropologie était, par définition, impossible aussi longtemps que de
pareilles distinctions entre nous-mêmes et les