Résumé du cours de philosophie morale

Le bien est ce qui permet de mesurer la valeur morale d'un choix ou d'un acte,
tandis ... Un acte moral est un acte respectueux des devoirs moraux. ....
Appartenir à une certaine communauté, c'est adhérer à des croyances et à des
valeurs ..... La valorisation spinoziste du désir s'oppose à la critique qu'en fait
Platon dans le ...

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Résumé du cours de philosophie morale
1. La morale et la philosophie morale :
La question centrale de cette première partie est la suivante :
qu'est-ce que la morale ? Elle a pour but de mettre en évidence et
d'éclaircir le concept de devoir et celui de bien.
1.1. La morale :
1.1.1. La morale est l'ensemble des devoirs que les hommes doivent
remplir afin de mener une vie bonne.
1.1.2. Le bien est formellement la norme suprême à l'aune de laquelle
se mesure la valeur morale des choix et des actes.
1.1.3. Les devoirs sont des règles qui interdisent ou rendent
obligatoires certains choix ou certains actes. Ils se déduisent du bien,
qui fixe un modèle de vie aux individus.
1.1.4. Il faut distinguer le bien de l'utile. Le bien est ce qui
permet de mesurer la valeur morale d'un choix ou d'un acte, tandis que
l'utile est ce qui permet d'en mesurer la valeur technique. Le bien
concerne principalement la fin de nos actions, tandis que l'utile n'en
concerne que les moyens.
1.1.5. Il faut distinguer les actes moraux des actes immoraux et des
actes amoraux. Un acte immoral est un acte contraire aux devoirs moraux. Un
acte amoral est un acte qui n'est ni moral ni immoral. Un acte moral est un
acte respectueux des devoirs moraux.
1.2. Les devoirs moraux et les devoirs politiques :
1.2.1. Il serait possible de confondre les devoirs moraux avec les
devoirs politiques. De fait, de nombreux devoirs moraux sont aussi des
devoirs politiques.
1.2.2. Mais les devoirs moraux et les devoirs politiques sont
néanmoins distincts : a) les devoirs moraux concernent la vie individuelle,
tandis que les devoirs politiques concernent la vie collective ; b) les
devoirs moraux se préoccupent de tous les domaines de la vie des individus,
tandis que les devoirs politiques ne se préoccupent que du domaine de la
vie collective ; et c) les devoirs politiques sont des devoirs moraux, mais
tous les devoirs moraux ne sont pas des devoirs politiques.
1.3. La possibilité d'une philosophie morale :
1.3.1. L'une des tâches principales de la philosophie morale est de
définir le bien. Mais cela semble présupposer qu'il soit possible d'étudier
rationnellement et impartialement les croyances morales. Pourtant, il y a
des raisons de croire que les croyances morales sont irrationnelles et plus
ou moins arbitraires.
1.3.2. Certaines sciences étudient rationnellement et impartialement
les croyances morales. Dans L'éducation morale, Durkheim soutient que les
croyances morales sont inculquées aux individus membres d'une même société
par les institutions sociales auxquelles ils sont soumis. Cette inculcation
des croyances morales a pour fonction d'harmoniser en amont les actions
individuelles.
Dans le Malaise dans la civilisation, Freud soutient que les croyances
morales proviennent des autorités sociales et familiales, et que la
conscience morale est le résultat de l'introjection des interdits sociaux
et familiaux. Une fois encore, le but des croyances morales est de pacifier
les sociétés humaines, grâce à la répression désirs individuels.
Mais ces sciences n'étudient pas le contenu des croyances morales.
Elles ne cherchent pas à savoir ce qui est bien et ce qui est mal. Elles se
bornent à étudier les causes, les origines de ces croyances.
1.3.3. Le relativisme moral est la position philosophique qui nie
qu'une connaissance morale soit possible et même, parfois, qu'il existe des
croyances morales sensées, c'est-à-dire susceptibles d'être vraies ou
fausses : a) Hume, le Traité de la nature humaine : la valeur morale d'un
choix ou d'un acte varie selon les individus et les espèces ; donc la
valeur morale n'est pas une propriété intrinsèque des choix et des actes ;
donc encore la valeur morale est fixée par la réaction passionnelle (ou
sentimentale) d'un individu confronté à une situation donnée ; et donc si
la connaissance est nécessairement objective et que la réaction
passionnelle est nécessairement subjective, alors il n'y a pas de
connaissance morale ; b) Pascal, les Pensées : la connaissance aboutit au
consensus ; or il n'existe aucun consensus moral parmi les hommes ; donc il
n'existe pas de connaissance morale ; et c) Weber, Le savant et le
politique : une croyance morale repose sur une évaluation ; or toute
évaluation repose sur un code moral, même implicite ; or il n'existe aucun
code moral universel ; donc il n'y a pas de connaissance morale.
Les croyances morales ne proviennent donc ni de la raison ni de la
nature. Elles sont arbitraires et tout choix moral est un choix arbitraire.
1.3.4. Le relativisme moral a deux conséquences possibles : a) une
tolérance radicale : s'il est impossible de justifier rationnellement la
valeur d'un choix ou d'un acte, alors toute préférence morale est
arbitraire et tout reproche repose sur un rapport de domination (critique
de l'ethnocentrisme) ; donc il faut choisir entre imposer arbitrairement
des croyances morales ou tolérer toutes les croyances morales ; ou b) une
intolérance radicale : s'il est impossible de résoudre rationnellement tout
différend moral, alors, pour imposer un consensus moral, il faut recourir à
la domination arbitraire.
La tolérance radicale peut aboutir elle-même à une amoralité
complète : plus rien n'est bon ni mauvais.
1.3.5. L'universalisme moral est la position philosophique qui
soutient qu'il existe des croyances morales sensées et qu'une connaissance
morale est possible : a) toutes les sociétés humaines admettent certaines
croyances morales et en refusent d'autres ; b) Rousseau, l'Emile : il
semble exister des croyances morales universellement partagées ; c) il est
possible d'expliquer la variété des croyances morales par l'erreur :
certaines croyances morales pourraient être fausses ; et d) il est toujours
possible aux hommes de critiquer les croyances morales de leurs sociétés.
1.3.6. L'universalisme moral a deux conséquences : a) les
universalistes moraux ne partagent pas la tolérance radicale des
relativistes moraux : il y a certaines croyances morales qui ne peuvent
être rationnellement tolérées ; et b) les universalistes moraux prônent une
morale universelle, censée s'appliquer à tous les hommes indépendamment de
leurs différences culturelles, sexuelles, raciales ou sociales.
1.4. Le relativisme moral et la tolérance :
1.4.1. Les universalistes moraux sont donc moins tolérants que les
relativistes moraux. Comme les croyances scientifiques vraies sont censées
être admises de tous, les croyances morales vraies devraient elles-mêmes
finir par être partagées par tous. Ne faut-il donc pas qu'au nom de la
morale, les dirigeants d'un Etat imposent à tous leurs sujets leurs propres
croyances morales ? Si la tolérance est le respect des croyances d'autrui,
même lorsque ces croyances sont douteuses, fausses ou simplement
différentes des siennes, alors il semblerait que l'universalisme moral fût
incompatible avec la tolérance (Hobbes, le Léviathan).
Par ailleurs, la tolérance permet à des croyances fausses ou
dangereuses de se répandre dans la population et, ce faisant, de corrompre
son esprit et son c?ur. Ne faudrait-il pas, au nom du bien et de la vérité,
empêcher certaines croyances d'être rendues publiques ?
1.4.2. Mais ce n'est pas nécessairement vrai. La tolérance n'implique
pas nécessairement le relativisme moral. Le renoncement à la distinction
entre le vrai et le faux n'est pas une condition nécessaire à la
tolérance : a) Locke, la Lettre sur la tolérance : l'intolérance est à la
fois vaine et dangereuse ; b) Spinoza, le Traité théologico-politique : la
censure est inefficace, car elle ne peut empêcher les hommes de penser et
que le débat rationnel et libre permet seul d'éliminer les croyances
fausses, et elle est dangereuse, car, d'une part, elle oppose l'Etat aux
citoyens raisonnables et que, d'autre part, elle favorise les citoyens
déraisonnables ; c) Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? : la censure est une
forme de tutelle intellectuelle qui, au nom du bien public, rend les hommes
incapables d'apprendre à bien penser et qui ôte tout mérite à celui qui
pense bien ; et d) tolérer une croyance ne signifie nullement l'admettre.
1.4.3. Il semble donc possible d'être à la fois un universaliste moral
et un partisan de la tolérance. Et, d'ailleurs, il serait possible de dire
que seul un universaliste moral peut être tolérant, car la tolérance est
une valeur morale et que défendre la tolérance implique de la tenir pour
une chose réellement bonne. Or un relativiste moral ne peut justifier la
tolérance, car aucune valeur morale n'est pour lui justifiable.
Mais si la tolérance est une valeur morale et que respecter la
tolérance implique d'interdire à l'Etat d'imposer ou d'interdire certaines
choses à ses sujets, comment savoir alors ce qu'un Etat a le devoir moral
d'interdire ou de rendre obligatoire ?
Il faut distinguer deux sortes de morales : la morale universelle,
commune à tous les hommes en tant qu'ils sont des hommes, et la morale
particulière, commune aux seuls hommes qui appartiennent à certaines
communautés (cultes, clubs sportifs, syndicats, etc.). Appartenir à une
certaine communauté, c'est adhérer à des croyances et à des valeurs, mais
aussi accepter certaines obligations, certains devoirs. Chaque communauté a
donc sa morale propre.
Mais comme il existe une plus ou moins grande variété de communautés,
leurs morales