Du texte au réseau : lire la langue - littérature de jeunesse

Cécile Allaire et Laetitia Bertholet puis Catherine Agius, responsables du
programme Personnes handicapées de la Fondation de France ...... faut pas le
gaspiller. Faux : plus on s'en sert, moins il s'use ! Comme la mémoire, votre vision
s'améliore avec l'entraînement. 14. Il ne faut pas hésiter à se faire opérer pour am
éliorer ...

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Du texte au réseau : lire la langue 1) La belle lisse poire du prince de Motordu ,
Pef Folio Benjamin
A n'en pas douter, le prince de Motordu menait la belle vie.
I1 habitait un chapeau magnifique au-dessus duquel, le dimanche, flottaient
les crapauds bleu blanc rouge qu'on pouvait voir de loin.
Le prince de Motordu ne s'ennuyait jamais. Lorsque venait l'hiver, il
faisait d'extraordinaires batailles de poules de neige. Et le soir, il
restait bien au chaud à jouer aux tartes avec ses coussins ...dans la
grande salle
à danger du chapeau.
Le prince vivait à la campagne. Un jour, on le voyait mener paître son
troupeau de boutons. Le lendemain, on pouvait l'admirer filant comme le
vent sur son râteau à voiles.
Et quand le dimanche arrivait, il invitait ses amis à déjeuner. Le menu
était copieux
Menu du jour
Boulet rôti Purée de petit bois
Pattes fraîches à volonté
Suisses de Grenouilles
Au dessert
Braises du jardin
Confiture de murs de la maison.
Un jour, le père du prince de Motordu, qui habitait le chapeau voisin, dit
à son fils : - Mon fils, il est grand temps de te marier.
- Me marier ? Et pourquoi donc, répondit le prince, je suis très bien tout
seul
dans mon chapeau.
Sa mère essaya de le convaincre :
- Si tu venais à tomber salade, lui dit-elle, qui donc te repasserait ton
singe ? Sans compter qu'une épouse pourrait te raconter de belles lisses
poires avant de t'endormir.
Le prince se montra sensible à ces arguments et prit la ferme résolution de
se marier bientôt. Il ferma donc son chapeau à clé, rentra son troupeau de
boutons dans les tables, puis monta dans sa toiture de course pour se
mettre en quête d'une fiancée.
Hélas, en cours de route, un pneu de sa toiture creva.
- Quelle tuile ! ronchonna le prince, heureusement que j'ai pensé à
emporter ma boue de secours. Au même moment, il aperçut une jeune flamme
qui avait l'air de cueillir des braises des bois.
- Bonjour, dit le prince en s'approchant d'elle, je suis le prince de
Motordu.
- Et moi, je suis la princesse Dézécolle et je suis institutrice dans une
école publique, gratuite et obligatoire, répondit l'autre.
- Fort bien, dit le prince, et que diriez-vous d'une promenade dans ce
petit pois qu'on voit là-bas ?
- Un petit pois ? s'étonna la princesse, mais on ne se promène pas dans un
petit pois ! C'est un petit bois qu'on voit là-bas. [pic] - Un petit bois ? Pas du tout, répondit le prince, les petits bois, on les
mange. J'en suis d'ailleurs friand et il m'arrive d'en manger tant que j'en
tombe salade. J'attrape alors de vilains moutons qui me démangent toute la
nuit
- À mon avis, vous souffrez de mots de tête, s'exclama la princesse
Dézécolle et je vais vous soigner dans mon école publique, gratuite et
obligatoire. Il n'y avait pas beaucoup d'élèves dans l'école de la princesse et on n'eut
aucun mal à trouver une table libre pour le prince de Motordu, le nouveau
de la classe. Mais, dès qu'il commença à répondre aux questions qu'on lui
posait, le prince déclencha l'hilarité parmi ses nouveaux camarades. Ils n'
avaient jamais entendu quelqu'un parler ainsi !
Quant à son cahier, il était, à chaque ligne, plein de taches et de ratures
: on eût dit un véritable torchon .
Calcul.
quatre et quatre : huître,
quatre et cinq : boeuf,
cinq et six :bronze,
Six et six : bouse. Que fabrique un frigo ?
Un frigo fabrique des petits garçons qu'on met dans l'eau pour la
rafraîchir. Histoire.
Napoléon déclara la guerre aux puces il envahit la Lucie mais les puces
mirent le feu à Moscou et l'empereur fut chassé par les vers très froids
qu'il faisait cette année là, glaglagla...
Je n'ai pas tout compris. Bonne écriture D Mais la princesse Dézécolle n'abandonna pas pour autant. Patiemment, chaque
jour, elle essaya de lui apprendre à parler comme tout le monde.
- On ne dit pas j'habite un papillon, mais j'habite un pavillon.
Peu à peu, le prince de Motordu, grâce aux efforts constants de son
institutrice, commença à faire des progrès. Au bout de quelques semaines,
il parvint à parler normalement, mais ses camarades le trouvaient beaucoup
moins drôle depuis qu'il ne tordait plus les mots.
A la fin de l'année, cependant, il obtint le prix de camaraderie car, comme
il était riche, il achetait chaque jour des kilos de bonbons qu'il
distribuait sans compter. Lorsqu'il revint chez lui, après avoir passé une
année en classe, le prince de Motordu avait complètement oublié de se
marier.
Mais quelques jours plus tard, il reçut une lettre qui lui rafraîchit la
mémoire. Mardi 6
Cher Motordu
A présent que vous ne souffrez plus de mots de tête,
j'aimerais savoir si vous aimeriez bien vous marier avec moi !
Princesse Dézécolle
Ps : vous avez oublié de me rendre votre livre de géographie.
Merci. Il s'empressa d'y répondre, le jour même. J'ai fini de lire le livre, il est très bien et
j'accepte de me marier avec vous et avec joie.
Amitiés. Stop.
Signé Motordu. Et c'est ainsi que le prince de Motordu épousa la princesse Dézécolle. Le
mariage eut lieu à l'école même et tous les élèves furent invités. Un soir, la princesse dit à son mari :
- Je voudrais des enfants.
- Combien ? demanda le prince qui était en train de passer l'aspirateur.
- Beaucoup, répondit la princesse, plein de petits glaçons et de petites
billes.
Le prince la regarda avec étonnement, puis il éclata de rire.
- Décidément, dit-il, vous êtes vraiment la femme qu'il me fallait, madame
de Motordu. Soit, nous aurons des enfants et en attendant qu'ils soient là,
commençons, dès maintenant, à leur tricoter des bulles et des josettes pour
l'hiver...
4) Vers le réseau L'école, le collège, le lycée a pour rôle d'aider les élèves à "entrer en
lecture" et à se construire une culture littéraire. Ces deux objectifs
peuvent trouver leur réalisation dans la mise en réseau des livres proposés
par l'enseignant. Établir des liens
Toute ?uvre s'inscrit dans une histoire. Les albums, forme littéraire
relativement récente, ne dérogent pas à cette règle. Leur spécificité, la
mise en scène conjointe du texte et de l'image, renvoie à deux histoires
simultanément, celle du texte littéraire et celle des arts graphiques.
Le lecteur aussi, si jeune soit-il, a son histoire. Il emmagasine des
images, des souvenirs de lectures qui ont marqué son imaginaire et qui lui
servent, le plus souvent sans qu'il s'en rende compte, de points d'ancrage
et de référents pour ses nouvelles lectures.
Certains maîtres évoquent le cas d'élèves de Grande section qui "
refaisaient des liens " (avec des albums lus en petite section) et du
bonheur que ces maîtres en éprouvaient. La question qui agite les
enseignants est bien évidemment celle-ci : comment aider les jeunes
lecteurs à tresser des liens entre les textes ?
La lecture en réseau, organisée par l'enseignant, peut permettre aux élèves
de prendre conscience de ces histoires, c'est-à-dire des relations que les
livres entretiennent entre eux, et que les lecteurs peuvent établir entre
ces livres qui se répondent et en appellent d'autres. La mise en évidence
de ces liens favorise l'émergence de l'histoire des lectures de chacun et
alimente les parcours singuliers des lecteurs.
La notion de réseau doit en effet être pensée, non comme une addition de
lectures, mais comme un dispositif heuristique qui vise un triple
objectif :
. le réseau vise à développer une posture spécifique de lecteur, comme
l'a rappelé Catherine Tauveron en citant Michel de Certeau, lecteur
braconnier qui met en relation et tisse.
. le réseau cherche à accroître et à structurer la culture du jeune
lecteur : il est donc un objet d'enseignement. Sans culture, il n'est
pas de lecteur littéraire possible, l'acte de lire nourrissant le fait
de savoir lire.
. le réseau aide à lire en éclairant des zones d'ombre dans un texte et
en faisant découvrir des terres inconnues. On pourrait citer l'exemple
d'élèves de deuxième cycle lisant et relisant Papa de Philippe
Corentin et y prélevant à chaque fois de nouveaux indices, inventant
de nouveaux tissages grâce à de nouvelles mises en résonances du
texte : "Corentin, on le connaît de mieux en mieux et on sait bien
qu'il cherche à nous tromper ". Quels réseaux ?
Si le réseau est un instrument didactique qui n'aurait rien à voir avec un
quelconque rapprochement spontané, la difficulté pour les enseignants et en
particulier pour les jeunes maîtres réside dans la constitution des
réseaux.
Les mêmes questions reviennent sans cesse dans l'espace de la formation :
quel réseau puis-je constituer ?
Y a-t-il de bons ou de mauvais réseaux ?
Dans quel réseau pourrait-on mettre tel ouvrage ? Ces interrogations soulèvent à leur tour d'autres interrogations. Est en
jeu la propre lecture de chaque enseignant et notamment la crainte de ne
pas savoir suffisamment bien lire. Y aurait-il des différences entre la
lecture de l'adulte ( formé à l'université) et un acte de lecture
professionnelle fondée non plus seulement sur un savoir lire, interpréter,
comprendre, mettre en relation, et une le