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Corrigé : La Guerre Froide, un conflit idéologique sous haute tension mais sans
affrontement. La Guerre froide est un conflit idéologique qui a opposé les ...

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Corrigé : La Guerre Froide, un conflit idéologique sous haute tension mais
sans affrontement La Guerre froide est un conflit idéologique qui a opposé les Etats-
Unis et l'Union des Républiques soviétiques socialistes (URSS) entre 1947
et 1989, et même s'il n'y a pas eu d'affrontements directs entre les deux
grands vainqueurs de la deuxième Guerre mondiale durant cette période,
Pierre Grosser la qualifie de guerre la plus meurtrière du XX° siècle. Le document 1 est le rapport fait par Nikita Khrouchtchev, alors chef
du parti communiste et donc dirigeant principal de l'URSS, au XXème congrès
du parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) en février 1956. Trois
après avoir succédé à Staline et que la guerre de Corée ait cessée, il
annonce qu'une coexistence pacifique, c'est-à-dire une amélioration des
relations avec les Etats-Unis, serait profitable pour le monde entier.
La caricature de Leslie G. Illingworth, représentée en document 2 et qui
s'intitule Le bras de fer nucléaire, est parue dans le Daily Mail le 29
octobre 1962, lendemain du règlement de la crise de Cuba par le retrait des
missiles russes qui étaient présents sur le territoire de Fidel Castro et
qui menaçaient le territoire américain. Cette période marque l'apogée de la
tension entre les deux « Grands », un an après le début de la construction
du mur de Berlin. Le dessin représente les deux dirigeants de l'époque,
John F. Kennedy et Nikita Khrouchtchev, tous deux assis sur une bombe
atomique que l'autre peut déclencher en appuyant sur un bouton. En quoi ces documents révèlent-ils une oscillation entre détente et
tension dans les relations entre les Etats-Unis et l'URSS et témoignent de
la véracité des propos de Raymond Aron au sujet de ce conflit : « paix
impossible, guerre improbable ». Tout d'abord, il faut rappeler que ce conflit est avant tout
idéologique, puisque s'opposent deux modèles totalement différents. Du côté
occidental, une vision libérale du système politique et économique, avec le
pluripartisme, le respect de libertés individuelles fondamentales et une
économie où l'intervention de l'Etat est minime (libre-échange, liberté
d'entreprise et de concurrence...). En face, le régime est totalitaire,
puisqu'il y un parti unique qui dirige tout au détriment des libertés
individuelles et le parti communiste pratique une économie basée sur la
collectivisation et la planification. Ces deux modèles revendiquant une
portée universelle, leur coexistence ne peut se faire, ce qui amène Raymond
Aron à dire que la « paix est impossible ». Malgré cela, Khrouchtchev tente un rapprochement avec les Etats-Unis
durant les années 50 qu'il appelle « coexistence pacifique », en précisant
que « l'établissement de relations d'amitiés durables entre les deux plus
grandes puissances du monde aurait une importance majeure pour le
renforcement de la paix dans le monde entier ». En effet, les relations
entre les deux puissances ont des répercussions sur le reste du globe,
puisque leurs tensions favorisent les conflits, comme la Guerre de Corée
entre 1950 et 1953 ou le blocus de Berlin en 1948-49. Cette coexistence
pacifique repose sur notamment sur le « respect des territoires de chacun
et de ses alliés » ainsi que sur un principe de « non-agression ». Il y a
d'ailleurs ici une contradiction, puisque l'URSS prône « respect mutuel de
l'intégrité territoriale et de la souveraineté » alors qu'elle a imposé de
force un régime communiste dans les pays d'Europe de l'Est
(Tchécoslovaquie, Hongrie...) dans les années 40-50, pour ensuite envahir
l'Afghanistan en 1979.
En réalité, cette volonté de paix est quelque peu dictée par l'équilibre de
la Terreur qui s'est installée depuis que l'URSS s'est appropriée l'arme
nucléaire en 1949, possédant de fait les moyens pour détruire son
adversaire et le monde entier, ce que les E-U ont depuis 1945.
En dépit de ces intentions plus ou moins pacifistes, les tensions ne
tardent pas à revenir, et après le début de la construction du mur de
Berlin, l'apogée de la tension nucléaire se produit lors de la crise de
Cuba en 1962. Après que des avions américains aient repéré des missiles
nucléaires soviétiques sur le sol de Cuba, une grande tension s'installe
entre les deux partis, symbolisée par la caricature de Leslie G.
Illingworth, puisque les deux dirigeants négocient sur fond de tension
nucléaire, d'où la présence d'une bombe atomique sous chaque personnage,
reliée à un bouton où l'autre dirigeant peut appuyer à tout moment.
Finalement, les soviétiques retirent leurs missiles de Cuba, malgré
détermination de Castro, et les E-U font de même en Turquie. La force
nucléaire n'a pas été utilisée, car comme le précise Khrouchtchev dans le
document 1, les deux camps ont les moyens d'« infliger une riposte
foudroyante aux agresseurs ».
Cette crise a effrayé le monde entier par la proximité d'une guerre
nucléaire, mais elle a aussi révélé qu'aucun des deux ne voulait prendre la
responsabilité de la déclencher, d'où l'expression de Raymon Aron « guerre
improbable ». Les deux dirigeants s'entendent sur un apaisement des
relations, qui établit une période de Détente, et une ligne directe est
installée entre Washington et Moscou, le téléphone rouge qui est sous-
entendu par la légende du document 2 : « D'accord, monsieur le président,
discutons ». Durant la Détente qui s'amorce, des traités sont d'ailleurs signés
pour éviter de faire courir au monde le risque d'une guerre nucléaire.
Ainsi, les accords SALT de 1971 limitent les armements défensifs anti-
missiles à deux sites pour chacun des deux pays et gèlent pour une durée de
cinq ans les armes nucléaires offensives, alors qu'en janvier 1968, par le
Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), les deux camps s'engagent,
avec le Royaume-Uni, à ne transférer ni arme ni technologie nucléaires aux
États non dotés d'armes nucléaires. Mais la Guerre froide est le théâtre
d'une variation fréquente dans les relations entre les deux « Grands ». En
effet, comme la crise de Cuba rompt la période de coexistence pacifique, la
crise des euromissiles de 1977, où l'URSS déploie des missiles dirigés
contre les pays d'Europe de l'Ouest, Israël, le golfe persique et le Japon,
marque la fin de la Détente entre les deux pays. Les documents mettent donc en évidence une alternance dans
l'intensité du conflit entre l'URSS et les E-U, puisque le premier annonce
une coexistence pacifique alors que le deuxième est révélateur du summum de
la tension nucléaire lors de la crise de Cuba. De plus, entre ces deux
puissances aux idéologies fondamentalement opposées mais toutes deux à
vocation universelle, ce qui signifie que la paix entre les deux est
impossible, il y a toutefois la volonté de ne pas être celle qui
déclenchera une guerre nucléaire qui anéantirait les êtres vivants, ce qui
rend improbable une guerre directe. La vision de Raymond Aron est donc
confirmée.