1. Le Nouveau littéraire. Entre le cliché et le néologisme - IS MU
L'apprentissage du langage s'opère au moment de l'ambivalence entre fusion et
..... Un tel nombre d'interprétations, malgré l'hyperbole, sont parfois dues à des
..... Il corrige ainsi, avec son honnêteté de chercheur capable de remettre en ......
exceptionnels susceptibles d'interrompre l'exercice quotidien de l'écriture.
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La création et la créativité
de Réjean Ducharme
?
Tvorba a tvo?ivost
Réjeana Ducharma
Thèse de doctorat
?
Diserta?ní práce Faculté des Lettres
Université Masaryk de Brno
?
Filosofická fakulta
Masarykovy univerzity v Brn? Petr Vurm Brno 2008
Je voudrais remercier Professeur Petr Kylou?ek pour la direction de ma
thèse, ses nombreux conseils et corrections, ainsi que pour son soutien et
sa patience, Professeur Jean-François Chassay de l'Université du Québec à
Montréal pour son accueil et ses remarques précises et précieuses.
En même temps, je voudrais exprimer ma reconnaissance envers l'Association
internationale des études québécoises pour m'avoir décerné la bourse Gaston
Miron et à M. Robert Laliberté de cette Association pour son accueil
chaleureux à Québec, à Mme Eva LeGrand qui m'a beaucoup encouragé dans mes
recherches.
Merci à Nicolas, Marie-Pierre et Marie-Andrée pour avoir contribué à
l'amitié tchéco-québécoise. Je déclare que j'ai travaillé seul sur cette thèse et que j'ai mentionné
tous les documents utilisés. ............................... Table des matières 0. Introduction 7 0.1. Réjean Ducharme ou le contrat de l'équivoque 11
0.2. Paradoxes ducharmiens 13
0.3. Le défi de l'interprétation 25
0.4. Le plan du travail 29
0.5. Vers une définition de la créativité 41
1. Représentations de la créativité 46
2. Sur quelques définitions de la créativité générale 54
0.5.3. Créativité linguistique, artistique, et littéraire 56
0.6. Pour une critique créatrice 69 1. Le Nouveau littéraire. Entre le cliché et le néologisme 75 1.1. Le sens du Nouveau 76
1.2. Au Québec, rien de nouveau ? Les enjeux et les défis de l'histoire
89
1.3. Continuation ou rupture ? 98
1.4. Le centre et la périphérie du (Re)nouveau 104
1.5. Ducharme (anti-)moderne 112
1.6. Qui parle, qui écrit ? L'arrivée de l'enfant « nouveau » 129
1.7. L'« enfant littéraire » 135
1.8. L'impossibilité de dire (:) un enfant. L'enfant chez Réjean Ducharme
143
1.9. Réjean Ducharme entre le cliché et le néologisme 158 2. Jeu libre. Entre paidia et ludus. La règle et la liberté 179 2.1. Discours historique(s) sur le jeu et les arts 186
2.2. Résumé des théories du jeu 200
2.3. Quel jeu pour Ducharme ? 204
2.3.1. Le jeu comme un ailleurs 204
2.3.2. Le jeu de langage et ses fonctions chez Ducharme. Le cas des
Enfantômes 219
2.4. Le jeu de l'autotexte dans Les Enfantômes 239
2.5. Conclusion sur le jeu ducharmien 245
3. Vers l'esthétique de l'erreur chez Ducharme 248 2
3 3.1. L'esthétique et l'éthique, sont-elles antithétiques ? 247 3.2. Pour une théorie de la lecture ducharmienne :
Esthétique du lecteur et l'ethos du personnage 258
3.3. L'esthétique du vide 278
3.4. L'esthétique de l'erreur 288 3.5. Conclusion 300 4. Annexes. Potentialités informatiques en études littéraires 307 4.1. Le vertige de la vitesse 308
4.2. L'emploi d'ordinateurs en études littéraires 312
4.2.1 Calcul 312
4.2.2. Recherche 313
4.2.3. Analyse thématique 314
4.2.4. Parentés textuelles 315
4.3. Quelques études-modèles du corpus de textes Ducharme 317
5. Bibliographie 334 5.1. Textes de Réjean Ducharme 334
5.2. Textes critiques sur l'?uvre de Réjean Ducharme 334
5.3. ?uvres sur la créativité, l'originalité et le Nouveau 339
5.5. ?uvres linguistiques 340
5.5. ?uvres sur la littérature, histoire et culture québécoises 341
5.6. Références générales et autres 341 À ma mère,
à Kristina pour leur amour
de longue date.
0. Introduction
Les poètes n'inventent pas les poèmes
Le poème est quelque part là-derrière
Depuis très longtemps il est là
Le poète ne fait que le découvrir
Jan Skácel
La problématique du suicide, posée par Albert Camus dans Le mythe de
Sisyphe[1], et qui introduit ses réflexions sur l'absurde, est en quelque
sorte analogue à celle que tout écrivain honnête doit aborder, au sens
symbolique, avant de prendre son stylo à la main, avant d'entamer
l'écriture : Dois-je écrire du tout ? Toutes les autres questions, du choix
de la forme, de la thématique, du style, des caractéristiques des
personnages ne viennent qu'après.
Similairement, après l'auteur, et devant ses romans, c'est au tour du
lecteur de se poser la même question : vaut-il la peine de lire tel ou tel
auteur ou dois-je faire autre chose dans mon existence limitée ? Enfin,
soit avant, soit avec ou après le lecteur, un critique honnête doit
répondre de même : le livre vaut-il l'effort d'être abordé, son ensemble
narratif ou idéologique rendent-ils valable le travail d'analyse de tel ou
tel auteur ? Toutes les autres questions que le critique se pose par la
suite prolongent cette première interrogation.
Réjean Ducharme-auteur marie en quelque sorte les deux dilemmes en
inventant une réponse à sa manière : « J'écris pour ne pas me
suicider »[2]. Comme chez Camus, le lecteur est plongé par cette remarque,
sans répit, dans l'univers singulier de Ducharme. Univers ludique et
ironique, baroquement déséquilibré, mordant mais en même temps magique et
plein d'invention.
Si pour notre part nous avons répondu positivement à la première question
et choisi de lire et ensuite traiter le sujet de la créativité chez Réjean
Ducharme, nous avons été dirigé par plusieurs raisons, que les deux parties
du titre relient ensemble : par la richesse de sa créativité, ainsi que par
l'écrivain Réjean Ducharme, mais surtout par la conviction que l'?uvre de
l'auteur québécois enrichit tant la littérature québécoise que la
littérature mondiale, ne serait-ce qu'en incitant le lecteur et le critique
à une autre lecture du monde et de la littérature; car la créativité est
comme l'air que nous respirons : elle est partout mais en même temps nous
ne nous rendons pas compte de son existence qu'à partir du moment où elle
est nous manque.
La réponse insolite, recueillie dans une des rares interviews accordées par
« l'écrivain-fantôme », nous semble emblématique de toute son écriture.
Elle associe l'écriture et la vie (et la mort) dans un mélange impossible
et curieux, lyrique, émouvant et inquiétant, alliant la mort à la magie des
mots. Mais aussi, cette réponse souligne la rencontre du plus sérieux que
représente le suicide avec l'écriture ducharmienne et avec les questions
qui intriguent les critiques.
La grande question philosophique, que nous nous sommes posée avant d'écrire
ce travail, était celle de la multidisciplinarité, de la rencontre de
différents domaines : créativité des arts et de la littérature, du jeu et
du Nouveau, et de l'humour et de l'ironie (ou huronie comme dirait
Ducharme) y liés. Nous proposons une relecture de l'?uvre ducharmienne, en
ce début du XXIe siècle, quatre décennies après la publication de son
premier livre et sous l'optique de la créativité, pour deux grandes
raisons. L'une tire son origine de la nature de la créativité même :
créativité, dont le concept est d'abord employé en psychologie, mais qui
est valide pour chaque activité humaine, particulièrement pour les arts. Si
l'importance de la créativité dans les arts n'est plus négligée, il semble
qu'aucune définition systématique n'ait été proposée pour la créativité
littéraire. Au moins aucun ouvrage intitulé Créativité littéraire ni
similaire n'existe, comme l'ont confirmé nos recherches dans les catalogues
de bibliothèques et sur Internet.
Deux problèmes fondamentaux concernant la créativité se posent alors. Une
créativité littéraire existe-t-elle, et si oui, quel est le processus de
transition entre les domaines où la créativité s'emploie le plus souvent,
et la littérature ? Et, en assumant déjà l'hypothèse qu'une créativité
littéraire existe, au même titre que d'autres « créativités » éventuelles
dans d'autres domaines artistiques, nous pouvons nous poser la question si
ces autres créativités sont les mêmes ou pareilles, faisant partie d'une
créativité universelle, ou si elles ont une base commune avec des
variations qui diffèrent, ou éventuellement, s'il s'agit de territoires
complètement discontinus ? Et si c'est encore le cas et si nous pouvons
oser et proposer la catégorie de la créativité littéraire, quels rapports
celle-ci entretiendrait-elle avec les autres grandes catégories littéraires
proches, avec l'imagination, la création, l'imaginaire, etc. ? Mais aussi,
quelles sont la notion et les caractéristiques de la créativité à travers
les domaines artistiques ? Nous allons prendre comme point de départ
l'acception la moins scientifique de la créativité, sans doute moins
précise mais plus facilement compréhensible à cause de son acception
générale, et tenter ensuite de la préciser, au