Umberto ECO - Comptoir Littéraire

Umberto Eco, nous livrant un exercice de flair sémiologique, analyse ..... genre et
affronte les grands problèmes de l'être humain face au savoir et à l'univers.

Part of the document



www.comptoirlitteraire.com

André Durand présente

Umberto ECO

(Italie)

(1932-)

[pic]

Au fil de sa biographie s'inscrivent ses ?uvres
qui sont résumées et commentées
(surtout ''Le nom de la rose'').


Bonne lecture !


Né le 5 janvier 1932 à Alessandria, dans le Piémont, de culture
profondément chrétienne quoique non croyant, Umberto Eco fit des études de
philosophie à Turin et, en 1954, fut reçu docteur avec cette thèse :
____________________________________________________________________________
_____

''Il problema dell'estitica in Tommaso d'Aquino''
(1956)
''Le problème de l'esthétique chez Thomas d'Aquin''

Essai

Commentaire

En 1970, une édition revue et développée parut sous le titre ''Il problema
estetico in Tommaso d'Aquino''.
____________________________________________________________________________
_____

Umberto Eco travailla d'abord comme assistant à la télévision, de 1955 à
1958 ; ces premières expériences le mirent très tôt en contact avec la
communication de masse et avec de nouvelles formes d'expression, comme les
séries télévisées ou la variété. Il y découvrit le kitsch, les vedettes du
petit écran et, plus généralement, certains aspects de la culture populaire
qu'il allait aborder dans différents ouvrages.
À partir de 1956, il collabora à la ''Rivista di estetica''. Il réalisa
ensuite pour la maison d'édition Bompiani une histoire illustrée des
inventions.
Il publia :
____________________________________________________________________________
_____

''Momenti e problemi di storia dell'estetica''
(1959)

Essai

Commentaire

S'y trouvait ''Sviluppo dell'estetica medievale'' dont la seconde édition
fut intitulée ''Arte e bellezza nell'estetica medievale'' (1987), d'où la
publication en français de ''Art et beauté dans l'esthétique médiévale''
(1997).
____________________________________________________________________________
_____

En 1960, Umberto Eco devint directeur d'une collection d'essais
philosophiques.
Il publia :
____________________________________________________________________________
_____

"Opera aperta''
(1962)
''L'?uvre ouverte''

Essai

En premier lieu, l'auteur développe le concept de poétique de l'oeuvre
ouverte selon lequel «toute oeuvre d'art, alors même qu'elle est forme
achevée et "close" dans sa perfection d'organisme exactement calibré, est
"ouverte" au moins en ce qu'elle peut être interprétée de différentes
façons sans que son irréductible singularité en soit altérée.» Prenant
l'exemple de l'oeuvre de Kafka, Eco souligne que «les interprétations
existentialiste, théologique, clinique, psychanalytique des symboles
kafkaïens n'épuisent chacune qu'une partie des possibilités de l'oeuvre.
Celle-ci demeure inépuisable et ouverte parce qu'ambiguë.» De même, il est
un mode d'«ouverture» qui se caractérise chez Sartre par une polarité de
l'infini et du fini, substituée au dualisme traditionnel de l'être et du
paraître, polarité « qui situe l'infini au coeur même du fini » ajoute-t-
il, en concluant sur le fait que «chaque phénomène est dès lors "habité"
par un certain pouvoir, "le pouvoir de se dérouler en une série
d'apparitions réelles ou possibles."»
Le second chapitre s'intitule «Analyse du langage poétique». Eco y définit
ce langage non comme «une organisation de stimuli naturels comme le
faisceau de photons qui excite la vue» mais comme «une organisation de
stimuli réalisée par l'homme et, comme la forme artistique, un fait
artificiel.» Le langage est «ce qui fonde toute communication.» Le langage
poétique contient un «halo d'ouverture» propre à toute phrase, un message
qui est «plurivoque».
Le chapitre trois a pour titre ''Ouverture, information, communication'' ;
l'auteur y analyse la théorie de l'information en comparant entre autres
éléments le discours poétique et le discours informationnel.
Le quatrième chapitre a pour objet d'étude «l'Informel comme oeuvre
ouverte». Eco soutient le fait que «l'Informel est ouvert parce qu'il
constitue un "champ" de possibilités interprétatives, une configuration de
stimuli dotée d'une indétermination fondamentale, parce qu'il propose une
série de "lectures" constamment variables, parce qu'il est enfin structuré
comme une constellation d'éléments qui se prêtent à diverses relations
réciproques.» «Informel» est un terme propre à l'art pictural et se
caractérise par la présence du mouvement.
Le cinquième chapitre s'attache à rendre compte de «l'expérience
télévisuelle et de l'esthétique» et a pour titre ''Le hasard et
l'intrigue''. Ici Eco reproche à «l'esthétique télévisuelle» de manquer
d'ouverture en raison de sa propension à vouloir satisfaire à tout prix
«les exigences et les attentes du public». En regard de quoi, il propose
une forme nouvelle de prise de vue en direct qui mettrait l'accent sur
«l'indétermination profonde des événements quotidiens.»
Dans le sixième chapitre, que composent trois sous-ensembles, s'intitule
''De la "Somme" à "Finnegan's Wake"'' Eco compare les poétiques de saint
Thomas et de James Joyce : «Ce qui est, chez saint Thomas, soumission à
l'objet et à sa splendeur devient, chez Joyce, un procédé pour séparer
l'objet de son contraste habituel, l'assujettir à de nouvelles lois, lui
attribuer une splendeur et une valeur nouvelles par une vision créatrice.»
À cela on peut ajouter la définition qu'il donne de l'épiphanie joycienne :
il s'agit, au début de son ?uvre, d'«une manière de voir le monde, et par
conséquent d'un certain type d'expérience intellectuelle et émotive.»
Ensuite, l'épiphanie devient «une manière de retailler la réalité et de lui
donner une forme nouvelle.» L'épiphanie apparaît comme l'apanage du poète,
«celui qui, dans un moment de gêne, découvre l'âme profonde des choses ;
mais il est également celui qui donne à cette âme une existence objective
par le seul moyen du verbe poétique. L'épiphanie est à la fois une
"découverte" du réel et sa "définition à travers le langage."»
Dans le septième chapitre, ''La poétique de Joyce'', concernant
''Finnegan's wake'', Eco conclut en disant que ce livre «ne nous fournit
plus aucun moyen d'avoir prise sur le monde» puisqu'il doit se concevoir
moins comme «un traité de métaphysique» que comme «un traité de logique
formelle. [...] L'univers attend notre définition. Le livre nous fournit
les instruments pour une définition de l'infinité des formes possibles de
l'univers. Entre l'image du monde qu'il nous propose et le projet que nous
pouvons former de nous mouvoir dans le monde, il n'y a plus aucun rapport.»

Ainsi, ''L'oeuvre ouverte'' d'Umberto Eco donne à voir le langage comme un
ensemble de structures profondément ancrées dans l'aventure humaine et qui,
pour cette raison, demeure un remarquable outil d'interprétation et de
lecture du monde social et culturel où nous vivons, faisant prendre
conscience au lecteur des limites et des rouages de celui-ci grâce à l'art
et à la clairvoyance d'un auteur virtuose.

Commentaire

Umberto Eco posa dans ''L'oeuvre ouverte'' les premiers jalons de sa
théorie en montrant que l'oeuvre d'art est un message ambigu, ouvert à une
infinité d'interprétations dans la mesure où plusieurs signifiés cohabitent
au sein d'un seul signifiant. Le texte n'est donc pas un objet fini, mais
au contraire un objet «ouvert» à une pluralité de possibilités
d'interprétation irréductibles que le lecteur ne peut se contenter de
recevoir passivement et qui impliquent, de sa part, un travail d'invention
et d'interprétation.
Il mania son sujet et ses outils d'analyse avec une aisance souveraine et
une claire conscience des enjeux qui se posent à la considération de
«l'oeuvre la plus ouverte dont il nous soit permis de parler» : celle de
James Joyce. L'analyse de cette oeuvre, dans la deuxième partie du livre,
devrait figurer comme prérequis à toute critique joycienne sérieuse.
La modestie est de rigueur devant un ouvrage de cette ampleur et de cette
qualité qui a ouvert, justement, des voies riches et surprenantes, loin
d'être épuisées à l'heure actuelle. Il a résisté au passage du temps.
Beaucoup de travaux d'analyse sémiologique ont été produits depuis « le
tournant linguistique » des années soixante. Mais ne sont pas nombreux ceux
d'entre eux qui son aptes à nous éclairer sur la vie des signes dans la
société en demeurant clairs, intelligibles, non-contradictoires et
cohérents dans les multiples facettes qu'ils abordent, comme l'est
''L'?uvre ouverte''.
____________________________________________________________________________
_____

En 1963, avec d'autres jeunes intellectuels comme Nanni Balestrini et
Alberto Arbasino, Umberto Eco participa à la fondation du ''Groupe 63''.
Ils lancèrent de violentes attaques contre les valeurs littéraires
établies.
De 1966 à 1970, il enseigna successivement à la faculté d'architecture