Histoire de l'ART III

L'artiste traitait le corps masculin presque comme un exercice de composition et
de motifs. Les détails .... Cependant, en dehors du milieu doctrinal, délicieuses
descriptions de Beautés féminines dans chants estudiantins (les Carmina
Burana) et dans compositions poétiques (Pastourelles). D'un côté écrits d'une
extrême ...

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Histoire de l'ART III - Christina TSCHECH
1.3. Belle comme une déesse, beau comme un dieu : La beauté idéale dans
l'art à travers les siècles
Beautés de la Préhistoire
La Vénus de Willendorf
(23.000 ans av. J.-C.)
La Vénus de Lespugue
L'évolution de l'être humain s'est accompagnée d'un éloignement progressif
de l'état de nature, notamment par l'habillement.
Ces représentations de l'homme nu montrent une volonté de trouver des
réponses à une existence complexe. Les ?uvres picturales et sculptées nous
renseignent sur le rapport que le hommes de cette époque entretenaient
avec leur corps. L'un des meilleurs exemples en est la représentation de la
femme et de la femme enceinte.
En général, elles sont potelées et fortes, symboles de fécondité et
d'opulence : une démarche mystique pour s'attirer ces fécondité et
opulence. L'art et la foi étaient fortement liés à l'époque. La beauté et
la survie étaient aussi associées : comme chez les animaux, le partenaire
le mieux portant, celui de meilleure santé avait le plus de chances de
survivre et d'être le meilleur géniteur
Le visage et les détails sont minimisés alors que les seins, le ventre
(fécond) et le sexe sont accentués, exagérés. Certains neurologues estiment
que le cerveau humain (comme celui de certains animaux) est attiré par les
exagérations ; ceci expliquerait ce genre de représentations primitives
ainsi que l'attrait du public pour certaines ?uvres d'art (exagérées)
plutôt que pour d'autres. L'exagération peut aussi être simplement comprise
comme le moyen premier et volontaire d'indiquer l'importance d'un élément. Beautés orientales La déesse nue debout sur un croissant, XIIIe siècle av. J.-C., Minet el
Beida, port d'Ougarit moderne Ras Shamra (Syrie) ; Or, feuille d'or
estampée, Louvre Quelques tombes d'Ougarit laissées intactes ont livré d'abondants bijoux.
Ce pendentif en or, représentant la grande déesse nue de la fécondité,
appartenait à une parure de cou composée de plusieurs feuilles d'or et de
perles de cornaline : une image forte de la nudité féminine.
Les proportions sont courtes et trapues, le visage excessivement grand par
rapport au corps, très ramassé. La taille se trouve immédiatement sous les
seins. Sous le nombril et un repli du ventre, le triangle du sexe sépare
des cuisses très rondes.
Ils portent tous des motifs symboliques en rapport avec les croyances liées
à la fertilité et à la fécondité, incarnées dans le culte d'une grande
déesse. Elle peut apparaître sous son aspect anthropomorphique, comme c'est
le cas ici, où elle emprunte à la déesse égyptienne Hathor sa lourde
coiffure de boucles enroulées autour du cou.
On la découvre debout sur un croissant, allusion à son caractère astral. Il
survivra chez la déesse romaine Vénus, à la fois déesse de l'amour et
étoile du matin. Statuette de femme nue, Nouvel Empire, fin de la xviiie dynastie, vers 1300
av. J.-C., Ivoire.
On ignore de quel type d'objet il s'agit : statuette ou élément d'objet
utilitaire (manche ou ornement de mobilier) ?
La jeune femme est entièrement nue, debout, la jambe gauche avancée, les
bras collés le long du corps. D'un canon plutôt court, elle a le tronc tout
en longueur, des épaules étroites à la ligne très suave, le dos légèrement
voûté, la poitrine menue mais bien ronde, la taille beaucoup trop haute,
l'abdomen, les fesses et les cuisses aux courbes pleines et gracieuses. La
tête et le corps sont disproportionnés, les épaules et le buste, un peu
étriqués, s'épanouissent en un bassin discrètement voluptueux.
Les manches de ces instruments de toilette représentent fréquemment une
jeune femme nue, quelquefois avec la jambe gauche en avant. Ils sont plus
souvent en bois ou en bronze, mais on connaît d'assez nombreux manches de
miroir faits d'ivoire ou d'os. Homme nu en ivoire, Nagada I, 3800-3500 av. J.-C., Sculpture (ronde-bosse),
ivoire d'hippopotame
Les représentations humaines de la fin de la préhistoire égyptienne ne sont
pas toujours très détaillées ni très réalistes et l'on ignore quel était
leur usage. Elles ont été trouvées dans des tombes, lorsque leur provenance
est connue.
L'homme est debout, nu, le sexe dressé. Ses bras, aujourd'hui cassés,
devaient pendre le long du corps. Ses jambes, jointes, s'arrêtent aux
chevilles : les pieds n'ont jamais été sculptés. Sa tête, petite, au crâne
arrondi et rasé, à la face très plate, se termine par un long menton pointu
qui évoque probablement une barbe. Le corps est très élancé, avec des
formes simplifiées. Les figures humaines deviennent assez courantes à la fin de la préhistoire
égyptienne, qu'elles soient en pierre, en argile ou surtout en ivoire. On
connaît en effet toute une série de défenses d'ivoire gravées plus ou moins
profondément de traits humains, masculins ou féminins. L'idéal esthétique en Grèce: La Beauté comme conception et harmonie dans
l'art
L'EXPRESSION DE L'OPINION COMMUNE DES GRECS SUR LA BEAUTÉ : « CE QUI EST
BEAU EST CHER, CE QUI N'EST PAS BEAU N'EST PAS CHER » [HÉSIODE]
Dans la Grèce antique, la Beauté n'avait pas de statut autonome. Jusqu'au
siècle de Périclès les Grecs manquaient d'une esthétique et d'une théorie
de la Beauté. La Beauté est toujours associée à des valeurs comme la
« justesse », la « mesure » ou la « convenance »
La méfiance des Grecs envers la poésie devient explicite chez Platon: l'art
et la Poésie (et donc la Beauté) ne sont pas en relation directe avec la
vérité.
Les poètes lyriques - à l'exception de Sappho - ont négligé thème de la
Beauté.
Il est difficile de comprendre pleinement cette perspective originelle si
on regarde la Beauté avec des yeux modernes, comme les diverses époques qui
ont considéré comme authentique et originale une représentation classique
de la Beauté, laquelle était en réalité, fictive, produite par la
projection sur le passé d'une vision du monde moderne (cf. p. ex.
Winckelman)
Kalòn, traduit très improprement le terme « beau » : Kalòn est tout ce qui
plaît, suscite l'admiration, attire le regard : l'objet beau est celui qui
en vertu de sa forme satisfait les sens... ; pour le corps humain, les
qualités de l'âme et du caractère jouent aussi un rôle important, qualités
perçues par l'?il de l'esprit
L'ébauche d'une première notion de la Beauté est liée aux arts qui
l'expriment : en sculpture dans la mesure appropriée et la symétrie des
parties
Le canon grec Certains calcaires tendres ont été trouvés en Crète dans le style
orientalisant primitif. Ils ont contribué à fixer les canons des
proportions et à stéréotyper les personnages. Le type est proche de celui
des plaques orientales représentant une déesse nue (Astarté). Des
exemplaires en sont copiés en Grèce. Très vite la déesse reçoit des
vêtements et un nouveau nom, celui d'Aphrodite. Son visage était devenu
typiquement grec, mince et vif, bien différent de la poupine figure
orientale.
Il s'agit du style dédalique : la mode qui règne dans la 2nde moitié du 7e
siècle ; ne dépasse jamais la taille de la figurine décorative.
La qualité monumentale qui caractérise pour nous la sculpture grecque va
venir d'Egypte et pas du Proche-Orient dans la 2nde moitié 6e où des
marchands grecs s'installent dans le Delta du Nil (Naucratis). C'est la
première fois que des artistes grecs entraient en contact avec l'Egypte.
Ils sont impressionnés par le caractère massif de la statuaire et de
l'architecture de pierre : un double défi car les sculpteurs égyptiens
utilisaient souvent des pierres les plus dures, le porphyre et le granit.
Les Grecs se tournent vers le beau marbre blanc. Kouros de marbre dédié à Poséidon à Sounion (Attique), 590 - 580 av. J.-C.,
env. 3m.
Un kouros est un jeune homme nu à la posture figée et symétrique, un pied
en avant, les mains collées aux côtés.
Ces sculptures constituent une référence commode pour l'étude des progrès
techniques et l'évolution des conceptions dont témoignent les autres
?uvres. Les kuroï furent longtemps appelés « Apollons », mais il est
douteux qu'ils représentent ce dieu ou quelque autre divinité. La plupart
constituaient des offrandes à un dieu, d'autres étaient érigés sur des
tombes en guise de souvenir et non de portrait. L'artiste traitait le corps
masculin presque comme un exercice de composition et de motifs. Les détails
anatomiques - oreilles, rotules, côtes - sont traités co de simples motifs,
sans relations organiques avec le corps, qui restent encore prisonnier du
bloc rectangulaire sur lequel ses contours ont été dessinés et d'où il a
été équarri. À l'époque de l'ascension d'Athènes en tant que grande puissance militaire,
économique et culturelle s'élabore une perception plus claire du beau
esthétique. Le siècle de Périclès - l'apogée, se situe au moment des
guerres victorieuses contre les Perses. C'est un âge de fort développement
des arts, sculpture et peinture : afficher avec orgueil la souveraineté
athénienne
Un progrès énorme est accompli par la sculpture et la peinture par rapport
à l'art égyptien, en architecture et dans les représentations picturales.
L'Egypte ne prenait pas en compte les exigences de la vue, les canons
étaient établis abstraitement et respectés avec rigidité.
En revanche, l'art grec place en premier lieu la vision subjective. Les
peintres inventent le point de vue, qui ne respecte pas l'exactitude
objective des belles formes. En sculpture, la recherche empirique a pour
objectif l'expression vivante du corps.
La sculpture grecque n'idéalise pas un corps abstrait, elle recherche
plutôt une Beauté idéale