genocide armenien/turquie - Exercices corriges

24 Avril 2008 : 93ème anniversaire du génocide arménien de 1915 ..... Q :
Pensez-vous que la frontière arméno-turque sera ouverte en 2009 ? ...... et ceux
de terminale littéraire de M. Girardet, professeur de philosophie en section ..... La
Turquie a servi d'intermédiaire lors de quatre sessions de négociations indirectes
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A LA MEMOIRE DES 1 500 000 VICTIMES ARMENIENNES
24 Avril 2008 : 93ème anniversaire du génocide arménien de 1915
perpétré par le gouvernement Jeune-Turc
93 ans de déni : ça suffit !
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Mardi 31 Mars 2009 Retrouvez les news sur :
http://www.collectifvan.org
5 GENOCIDE ARMENIEN/TURQUIE
Grande Catastrophe ou génocide ? Réplique à Cengiz Aktar
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Denis Donikian est l'un des
initiateurs de la lettre de remerciement des citoyens d'origine arménienne
de diaspora aux signataires turcs de la campagne d'excuses. Il n'est "pas
naïf pour autant pour applaudir et passer outre les exigences d'une
reconnaissance juridique du génocide" et répond à Cengiz Aktar, à l'origine
de la pétition turque. Ce dernier s'évertue en effet à expliquer dans tous
les médias, combien le terme de "Grande Catastrophe" est plus adapté que
celui de génocide, au prétexte notamment que les Arméniens emploieraient
eux-mêmes ce terme en arménien. Comme le souligne Denis Donikian : "Ce que
je n'aime pas dans votre texte, c'est la primauté donnée à l'émotion
(Grande Catastrophe) au détriment de la raison juridique (génocide). Votre
texte semble habilement établir un glissement vers une sorte d'amuïssement
de la notion juridique comme tentent de le faire certains des initiateurs
de la campagne de pardon." Grande Catastrophe ou génocide ? Réplique à Cengiz Aktar
29 mars 2009 Votre dernier article paru dans le journal Agos tente de démontrer que,
concernant les événements de 1915, le concept de Grande Catastrophe vous
paraît plus adéquat que celui de génocide arménien. À l'appui de cette
thèse, vous faites remarquer à juste titre que c'est toute l'Anatolie qui
subira alors un phénomène de « désintégration humaine, économique, sociale,
politique et culturelle et de déclin », touchant aussi bien les Arméniens,
que les Assyriens et les Grecs. Les drames produits par ces événements
furent d'autant plus vivaces en ces lieux mêmes où ils éclatèrent qu'ils
touchèrent, dans la confusion des années qui suivirent, aussi bien les
victimes que certains de leurs bourreaux et que leurs conséquences seraient
de près ou de loin toujours actuelles. Pour respecter votre pensée, je
retiens ce que vous écrivez, à savoir que « si la reconnaissance du
génocide sera une punition, l'étude de la Grande catastrophe serait une
vertu frayant la voie pour une nouvelle vie ensemble ». Voilà pourquoi les
quatre initiateurs de la campagne de pardon commencée le 15 décembre 2008,
dont vous faites partie, auraient choisi ce terme de Grande Catastrophe de
préférence à celui de génocide. Votre démonstration appelle plusieurs remarques. Il n'est pas tout à fait
juste d'affirmer que les Arméniens auraient choisi le terme de Grande
Catastrophe au moment des événements. Si je m'en tiens aux recherches
faites par Marc Nichanian dans son livre La perversion historiographique,
cette expression ( Aghed en arménien) ne serait apparue qu'en 1931 sous la
plume de l'écrivain Hagop Oshagan tandis qu'il écrivait son roman
Mnatsortats ( Ce qui reste ou Les Rescapés). Je remarque au passage que le
mot sera utilisé par les Palestiniens pour évoquer l'arrivée des sionistes
en Palestine. De fait, c'est le terme Yeghern qui sera en usage vers 1919,
lequel s'inspirait de la façon dont on qualifiait les massacres hamidiens
de 1895 et ceux de 1909. Proche par le sens de « pogrom » (mot russe du
début du XIXe siècle signifiant extermination), Yeghern équivaut à ce qui
fut, ce qui est advenu, l'Événement. Dans ma propre famille comme dans les
autres familles arméniennes, le terme le plus souvent employé était Ak'sor,
c'est-à-dire l'exil, et plus précisément la déportation.
La grande difficulté en la matière consiste à dire le fait. Mais quel fait
? Comment nommer l'innommable ? Il est vrai qu'un Arménien et un Turc ne
peuvent avoir la même approche pour la bonne raisons qu'ils ne parlent pas
à partir de la même histoire personnelle. Nous allons supposer, faute de
mieux, et sans prétendre épuiser la complexité de la « chose » même, qu'on
pourrait l'appréhender selon deux catégories, celle de l'émotion et celle
de la raison, la première s'appliquant à la notion de Grande Catastrophe,
la seconde à celle de génocide. Si, comme vous le prétendez, la Grande
Catastrophe est plus porteuse d'avenir pour un éventuel vivre ensemble, la
seconde relève de la punition, sous-entendant sans doute qu'elle couperait
l'espérance d'une réconciliation future.
Ce que je n'aime pas dans votre texte, c'est de toute manière, la primauté
donnée à l'émotion (Grande Catastrophe) au détriment de la raison juridique
(génocide). Je crois savoir, pour vous avoir entendu et fréquenté, que le
fait génocidaire n'appelle chez vous aucune réticence. Mais votre texte
semble habilement établir un glissement vers une sorte d'amuïssement de la
notion juridique comme tentent de le faire certains des initiateurs de la
campagne de pardon. Devrait-on s'attendre prochainement à son éclipse
totale au nom de je ne sais quelle stratégie visant à aller de l'avant, à
savoir vers plus d'Europe dans une Turquie qui en a bien besoin ?
Les Arméniens, tout adeptes du pardon chrétien qu'ils soient, entendent mal
ce raisonnable et forcené dialogue auquel les soumet une frange avancée de
la société civile turque en ce qu'il pourrait occulter la notion même de
génocide. Si l'Europe vous veut, les Arméniens ne vous y verraient pas
autrement qu'avec une figure franche, et non enfarinés comme au théâtre
pour jouer la comédie du pardon sur les planches des instances
internationales et maintenir le principe d'un négationnisme chronique dans
la vie réelle. C'est que votre texte n'est ni clair, ni noir, mais gris. Il
semble inviter, sous une forme autrement subtile que vos collègues, à
préférer aujourd'hui la part émotionnelle des événements de 1915 à sa
version juridique.
En réalité, avec vous qui vivez en Turquie, on ne sait jamais d'où vous
parlez. Les Arméniens veulent bien admettre que pèsent sur vous l'épée de
Damoclès de l'article 301 et que par conséquent il vous faut déjouer
certains écueils. En ce sens, il semblerait que votre article ait été écrit
dans les limites qui permettent à l'État qui vous gouverne de gagner du
galon démocratique auprès des Européens tout en entrant dans son jeu qui
consiste à édulcorer les événements de 1915 par des mots qui juridiquement
restent sans contenu. Dès lors qu'il existe en Turquie des voix qui ne font
ni dans le gris ni dans l'obscur concernant le génocide de 1915, comme
celles d'Ahmet Atlan ou d'Ayse Gunaysu, un Arménien est en droit d'attendre
de vous la même franchise.
Ce n'est pas moi qui vous apprendrais que le crime sans nom ne saurait
entrer dans l'Europe par la petite porte d'une demande de pardon. Que vous
le vouliez ou non, la Grande Catastrophe, puisque vous employez ce mot, fut
d'abord et reste encore le lot des Arméniens. Pour ma part, je peux dire
sans me tromper, que je suis né dedans, depuis le ventre de ma mère, les
conversations que partageaient mes parents avec d'autres réfugiés, mes
années d'école et d'études, celles de mon militantisme autour du
cinquantenaire du génocide jusqu'à aujourd'hui. Et je ne suis pas le seul.
Dois-je éprouver une certaine honte à vous démontrer que la perte pour les
Arméniens est sans commune mesure avec les bouleversements qu'aurait connus
ou que connaîtrait encore la nation turque, travaillée par la pathologie
nationaliste et les cris des cadavres cachés dans les caves de son histoire
? Mais je vous rejoins volontiers en pensant comme vous que nous sommes tous
victimes de cette « histoire ». Nous pour avoir été hier déshumanisés par
l'époque de non-droit où furent encouragés le meurtre, le viol, le pillage,
la déportation, la perte forcée d'identité, et pour tout dire la spoliation
absolue, et aujourd'hui par le négationnisme dur ou sournois que nous font
subir les Turcs, vous pour l'inhumanité dont vous avez fait preuve hier
dans une époque de non-droit où furent encouragés le meurtre, le viol, le
pillage, la déportation, la perte forcée d'identité et pour tout dire la
spoliation absolue, et aujourd'hui par le négationnisme dur ou sournois que
vous faites subir aux Arméniens. Dès lors comment allons-nous recouvrer
notre humanité pleine et entière si ce n'est en nous reconnaissant
mutuellement devant les autres hommes au sein d'instances solennelles qui
permettraient au deuil d'opérer ?
Si j'ai été à mon tour un des initiateurs de la lettre de remerciement à
votre campagne de pardon, je ne suis pas naïf pour autant pour applaudir et
passer outre les exigences d'une reconnaissance juridique du génocide. J'ai
signé cette lettre pour saluer l'avènement de la conscience dans un pays où
elle aura été trop longtemps étouffée et dans l'espoir, comme vous le
dites, que le processus long et douloureux dans lequel s'engage la Turquie
permette à sa société civile d'admettre l'ampleur des malheurs qui ont
commencé il y a cent ans pour qu'elle-même accepte la justice des hommes et
accède à sa propre humanité.
Denis Donikian, écrivain. Dernier livre paru Vers l'Europe, du
négationnisme au dialo