Le Ciel et l'Enfer - ALLAN KARDEC

(Voir Evangile selon le Spiritisme, ch. ..... favorable ; il travaille, il s'instruit, peu à
peu se corrige et finalement devient pieux. ...... Le corps n'est qu'un instrument
pour l'exercice de ses facultés dans ses rapports ...... (Chapitre XVIII, v. 10, 11, 12
.).

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PHILOSOPHIE SPIRITUALISTE
________ ALLAN KARDEC
________ LE CIEL ET L'ENFER
OU
LA JUSTICE DIVINE
SELON LE SPIRITISME CONTENANT
L'EXAMEN COMPARE DES DOCTRINES
SUR LE PASSAGE DE LA VIE CORPORELLE
A LA VIE SPIRITUELLE
LES PEINES ET LES RECOMPENSES FUTURES
LES ANGES ET LES DEMONS, LES PEINES ETERNELLES, ETC.
SUIVI DE NOMBREUX EXEMPLES
SUR LA SITUATION REELLE DE L'AME
PENDANT ET APRES LA MORT
_______
NOUVELLE EDITION
CONFORME A L'EDITION ORIGINALE UNION SPIRITE FRANÇAISE ET FRANCOPHONE
LE CIEL ET L'ENFER
SELON LE SPIRITISME
___________________________________________________ PREMIERE PARTIE
-
DOCTRINE. ____________ CHAPITRE PREMIER
-
L'AVENIR ET LE NEANT.
1. - Nous vivons, nous pensons, nous agissons, voilà qui est positif ; nous
mourrons, ce n'est pas moins certain. Mais en quittant la terre, où allons-
nous ? que devenons-nous ? Serons-nous mieux ou plus mal ? Serons-nous ou
ne serons-nous pas ? Etre ou ne pas être, telle est l'alternative ; c'est
pour toujours ou pour jamais ; c'est tout ou rien : ou nous vivrons
éternellement, ou tout sera fini sans retour. Cela vaut bien la peine d'y
penser.
Tout homme éprouve le besoin de vivre, de jouir, d'aimer, d'être heureux.
Dites à celui qui sait qu'il va mourir qu'il vivra encore, que son heure
est retardée ; dites-lui surtout qu'il sera plus heureux qu'il n'a été, et
son coeur va palpiter de joie. Mais à quoi serviraient ces aspirations de
bonheur si un souffle peut les faire évanouir ?
Est-il quelque chose de plus désespérant que cette pensée de la destruction
absolue ? Affections saintes, intelligence, progrès, savoir laborieusement
acquis, tout serait brisé, tout serait perdu ! Quelle nécessité de
s'efforcer de devenir meilleur, de se contraindre pour réprimer ses
passions, de se fatiguer pour meubler son esprit, si l'on n'en doit
recueillir aucun fruit, avec cette pensée surtout que demain peut-être cela
ne nous servira plus à rien ? S'il en était ainsi, le sort de l'homme
serait cent fois pire que celui de la brute, car la brute vit tout entière
dans le présent, dans la satisfaction de ses appétits matériels, sans
aspiration vers l'avenir. Une secrète intuition dit que cela n'est pas
possible.
2. - Par la croyance au néant, l'homme concentre forcément toutes ses
pensées sur la vie présente ; on ne saurait, en effet, logiquement se
préoccuper d'un avenir que l'on n'attend pas. Cette préoccupation exclusive
du présent conduit naturellement à songer à soi avant tout ; c'est donc le
plus puissant stimulant de l'égoïsme, et l'incrédule est conséquent avec
lui-même quand il arrive à cette conclusion : Jouissons pendant que nous y
sommes, jouissons le plus possible puisque après nous tout est fini ;
jouissons vite, parce que nous ne savons combien cela durera ; et à cette
autre, bien autrement grave pour la société : Jouissons aux dépens de
n'importe qui ; chacun pour soi ; le bonheur, ici-bas, est au plus adroit.
Si le respect humain en retient quelques-uns, quel frein peuvent avoir ceux
qui ne craignent rien ? Ils se disent que la loi humaine n'atteint que les
maladroits ; c'est pourquoi ils appliquent leur génie aux moyens de
l'esquiver. S'il est une doctrine malsaine et antisociale, c'est assurément
celle du néantisme, parce qu'elle rompt les véritables liens de la
solidarité et de la fraternité, fondements des rapports sociaux. 3. - Supposons que, par une circonstance quelconque, tout un peuple
acquière la certitude que dans huit jours, dans un mois, dans un an si l'on
veut, il sera anéanti, que pas un individu ne survivra, qu'il ne restera
plus trace de lui-même après la mort ; que fera-t-il pendant ce temps ?
Travaillera-t-il à son amélioration, à son instruction ? Se donnera-t-il de
la peine pour vivre ? Respectera-t-il les droits, les biens, la vie de son
semblable ? Se soumettra-t-il aux lois, à une autorité, quelle qu'elle
soit, même la plus légitime : l'autorité paternelle ? Y aura-t-il pour lui
un devoir quelconque ? Assurément non. Eh bien ! ce qui n'arrive pas en
masse, la doctrine du néantisme le réalise chaque jour isolément. Si les
conséquences n'en sont pas aussi désastreuses qu'elles pourraient l'être,
c'est d'abord parce que chez la plupart des incrédules, il y a plus de
forfanterie que de véritable incrédulité, plus de doute que de conviction,
et qu'ils ont plus peur du néant qu'ils ne veulent le faire paraître : le
titre d'esprit fort flatte leur amour-propre ; en second lieu, que les
incrédules absolus sont en infime minorité ; ils subissent malgré eux
l'ascendant de l'opinion contraire et sont maintenus par une force
matérielle ; mais que l'incrédulité absolue arrive un jour à l'état de
majorité, la société est en dissolution. C'est à quoi tend la propagation
de la doctrine du néantisme[1].
Quelles qu'en soient les conséquences, si le néantisme était une vérité, il
faudrait l'accepter, et ce ne seraient ni des systèmes contraires, ni la
pensée du mal qui en résulterait, qui pourraient faire qu'elle ne fût pas.
Or, il ne faut pas se dissimuler que le scepticisme, le doute,
l'indifférence, gagnent chaque jour du terrain, malgré les efforts de la
religion ; ceci est positif. Si la religion est impuissante contre
l'incrédulité, c'est qu'il lui manque quelque chose pour la combattre, de
telle sorte que si elle restait dans l'immobilité, en un temps donné elle
serait infailliblement débordée. Ce qui lui manque dans ce siècle de
positivisme, où l'on veut comprendre avant de croire, c'est la sanction de
ces doctrines par des faits positifs ; c'est aussi la concordance de
certaines doctrines avec les données positives de la science. Si elle dit
blanc et si les faits disent noir, il faut opter entre l'évidence et la foi
aveugle. 4. - C'est dans cet état de choses que le Spiritisme vient opposer une
digue à l'envahissement de l'incrédulité, non seulement par le
raisonnement, non seulement par la perspective des dangers qu'elle
entraîne, mais par les faits matériels, en faisant toucher du doigt et de
l'oeil l'âme et la vie future.
Chacun est libre sans doute dans sa croyance, de croire à quelque chose ou
de ne croire à rien ; mais ceux qui cherchent à faire prévaloir dans
l'esprit des masses, de la jeunesse surtout, la négation de l'avenir, en
s'appuyant de l'autorité de leur savoir et de l'ascendant de leur position,
sèment dans la société des germes de trouble et de dissolution, et
encourent une grande responsabilité. 5. - Il est une autre doctrine qui se défend d'être matérialiste, parce
qu'elle admet l'existence d'un principe intelligent en dehors de la
matière, c'est celle de l'absorption dans le Tout Universel. Selon cette
doctrine, chaque individu s'assimile à sa naissance une parcelle de ce
principe qui constitue son âme et lui donne la vie, l'intelligence et le
sentiment. A la mort, cette âme retourne au foyer commun et se perd dans
l'infini comme une goutte d'eau dans l'Océan.
Cette doctrine est sans doute un pas en avant sur le matérialisme pur,
puisqu'elle admet quelque chose, tandis que l'autre n'admet rien, mais les
conséquences en sont exactement les mêmes. Que l'homme soit plongé dans le
néant ou dans le réservoir commun, c'est tout un pour lui ; si, dans le
premier cas, il est anéanti, dans le second, il perd son individualité ;
c'est donc comme s'il n'existait pas ; les rapports sociaux n'en sont pas
moins à tout jamais rompus. L'essentiel pour lui, c'est la conservation de
son moi ; sans cela, que lui importe d'être ou de ne pas être ! L'avenir
pour lui est toujours nul, et la vie présente, la seule chose qui
l'intéresse et le préoccupe. Au point de vue de ses conséquences morales,
cette doctrine est tout aussi malsaine, tout aussi désespérante, tout aussi
excitante de l'égoïsme que le matérialisme proprement dit. 6. - On peut, en outre, y faire l'objection suivante : toutes les gouttes
d'eau puisées dans l'Océan se ressemblent et ont des propriétés identiques,
comme les parties d'un même tout ; pourquoi les âmes, si elles sont puisées
dans le grand océan de l'intelligence universelle, se ressemblent-elles si
peu ? Pourquoi le génie à côté de la stupidité ? les plus sublimes vertus à
côté des vices les plus ignobles ? la bonté, la douceur, la mansuétude, à
côté de la méchanceté, de la cruauté, de la barbarie ? Comment les parties
d'un tout homogène peuvent-elles être aussi différentes les unes des
autres ? Dira-t-on que c'est l'éducation qui les modifie ? mais alors d'où
viennent les qualités natives, les intelligences précoces, les instincts
bons et mauvais, indépendants de toute éducation, et souvent si peu en
harmonie avec les milieux où ils se développent ?
L'éducation, sans aucun doute, modifie les qualités intellectuelles et
morales de l'âme ; mais ici se présente une autre difficulté. Qui donne à
l'âme l'éducation pour la faire progresser ? D'autres âmes qui, par leur
commune origine, ne doivent pas être plus avancées. D'un autre côté, l'âme,
rentrant dans le Tout Universel d'où elle était sortie, après avoir
progressé pendant la vie, y apporte un élément plus parfait ; d'où il suit
que ce tout doit, à la longue, se trouver profondément modifié et amélioré.
Comment se fait-il qu'il en sorte incessamment des âmes ignorantes et
perverses ? 7. - Dans cette doctrine, la source universelle d'intelligence qui fournit
les âmes humaines est indépendante de la Divinité ; ce n'est pas
précisément le panthéisme. Le panthéism