grammairiens - FLE-ASSO

Merci au Pr Eric Galam pour m'avoir fait découvrir et aimer l'exercice de la
médecine générale. ...... le patient des croyances de catastrophisme (46) (Ex : « J
e vais avoir de plus en plus mal ») et de handicap (ex « la douleur m'empêche de
..... J Pain, 1998, 77(2): 215-225. ... Université Paris Diderot Paris 7, 2012, 69
pages.

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« Grammatistes » ou « grammairiens »?
Quelques maîtres de langue de Cologne et de Strasbourg aux 16e et 17e
siècles
Angela Weißhaar
Université de Göttingen Cet article est l'aboutissement d'un travail effectué à l'Université de
Göttingen dans le cadre du projet Maîtres, manuels, méthodes.
L'enseignement du français entre la Meuse et le Rhin. Les exemples de
Cologne et de Strasbourg entre 1550 et 1650 (voir Holtus 1995/96,
1997a)[1], dont la première partie a été réalisée à l'Université de Trèves
entre 1994 et 1996[2]. Le Bassin rhénan, zone frontalière entre la France
et l'Allemagne, se prête tout particulièrement à ce genre d'étude. Notons
cependant que, dès le temps des Croisades, on remarque une prédilection
marquée pour la France dans certaines couches sociales allemandes (Greive
1993 : 171). On peut prouver qu'à partir du 16e siècle, l'enseignement du
français commence à s'établir dans les écoles ou universités d'un certain
nombre d'autres villes allemandes, notamment à Francfort s/M., Wittenberg,
Tübingen, Kassel, Nuremberg, Marbourg et Giessen (pour des détails
supplémentaires voir Benasse/Strauß 1992, Christ 1983, Christ/Coste 1990,
Düwell 1990, Holtus 1997a, b, c, Kaltz 1995, Kuhfuß 1976, Lehmann 1904,
Mattheier 1997, Schröder 1989-1995, Spillner 1997, Strauß 1987, Weller
1989). C'est à Francfort que l'enseignement du français comme « processus
organisé » apparaît pour la première fois, et ce dès 1554 (Kuhfuß 1976 :
327). Si, dès la fin du Moyen Age, le français a pour la noblesse allemande
la fonction d'une langue littéraire et culturelle, elle est en outre, pour
les négociants, la langue d'usage permettant de commercer avec la clientèle
francophone, car il existait déjà à cette époque « le négociant en exercice
à l'étranger » (Kelz 1994 : 4). Alors qu'au Moyen Age le latin avait encore
dans ce domaine la fonction d'une « lingua franca », la nécessité
d'apprendre le français s'impose à partir du moment où se propagent les
idées humanistes et où les langues nationales gagnent en importance (p. ex.
dans des villes commerciales comme Cologne et Strasbourg). Même si la
tradition des manuels commerciaux remonte au 14e siècle (conversations,
recueils de dialogues et de lettres), il n'existait pas de grammaires
destinées à l'usage professionnel et conçues expressément pour des
apprenants allemands. En 1566, Gérard du Vivier, maître de langue à
Cologne, a rédigé pour ses propres cours la première grammaire française en
allemand, peu remarquée jusqu'à l'heure actuelle. Parmi les autres maîtres
de langue ayant publié leurs ?uvres chez des imprimeurs de Cologne,
relevons les noms d'Abraham Des Mans, Jean Basforest, Johannes Doergang.
Pour Strasbourg, citons Johannes Serreius, Daniel Martin, Philippe Garnier
ou Samuel Bernard. Caravolas (1994 : 28) décrit la pratique en usage, dès
le Moyen Age, auprès des commerçants : En règle générale, les langues vernaculaires sont étudiées en privé
avec un maître de langues. Dans les zones frontalières, le bilinguisme
est un phénomène assez commun. Ce sont ces régions qui fournissent,
habituellement, les maîtres de langues, les interprètes et les
traducteurs. De leur côté, ceux qui quittent leur patrie pour aller
travailler ailleurs ou pour s'engager dans les armées étrangères comme
mercenaires sont obligés, pour survivre, d'apprendre la langue de leur
nouveau pays. Le plus souvent, ils l'acquièrent de manière naturelle,
mais au besoin ils prennent des leçons privées, même si pour cela ils
doivent vider leur bourse. A partir de 1100, on envoie en France les jeunes nobles pour leur permettre
d'apprendre la langue étrangère (Ehlers 1986 : 119). En ce qui concerne
les bourgeois négociants, au 14e siècle déjà, leurs fils, après avoir suivi
des cours pour apprendre à lire, à écrire et à calculer, s'expatrient à
l'âge d'environ 16 ans (Zapp/Schröder 1984 : XIII). Il en va de même au 17e
siècle (voir Nikliborc 1967 : 169). D'après Cullière (1987 : 351), les différentes éditions de la grammaire
d'un Serreius, produites dès les débuts de l'imprimerie, sont très
importantes du point de vue de leur contenu et, en même temps, du point de
vue économique : « Aux XVIe et XVIIe siècles, les manuels représentaient
déjà un marché dynamique et concurrentiel ». La présentation typographique
de ces grammaires a contribué pour une part considérable à leur succès : Dans toutes ses éditions, elle [= la grammaire] a bénéficié d'un beau
travail typographique. On a déjà souligné l'usage judicieux des
caractères romains, italiques et gothiques. Mais il faut feuilleter les
exemplaires pour être sensible à la présentation élégante et aérée du
discours, à la clarté du plan que soulignent la dimension des lettres
et la répartition des blancs. De plus, les pages de titre,
soigneusement composées par l'auteur ou l'imprimeur, témoignent d'un
indiscutable souci promotionnel. Les villes de Strasbourg et de Cologne étaient toutes deux de grands
centres de l'imprimerie, la première étant fortement marquée par
l'humanisme : « Les armes dont les humanistes se servaient dans leurs
combats étaient fabriquées à Strasbourg » (Rapp 1987 : 140). Strasbourg se
démarque par rapport à d'autres villes : L'imprimerie strasbourgeoise n'était probablement pas aussi puissante
que celle de Nuremberg. [...] Les imprimeurs étaient vraisemblablement
ceux qui brassaient le plus d'argent en ville. Ils réussissaient assez
bien à vendre ce qu'ils produisaient : dans une bibliothèque de
Transsylvanie, en 1500, sur les 320 ouvrages que recensa le catalogue,
28 proviennent de Strasbourg, Venise en a fourni 114, Nuremberg 51 mais
Cologne 23, Bâle 22 et Augsbourg 11 seulement (ib. : 140 sq.). Pourtant le commerce ne constitue pas la seule base du travail de nos
maîtres de langue. Kuhfuß (1976 : 351s.) décrit l'influence qu'exercèrent
les guerres de religion sur la naissance de l'enseignement du français
(voir aussi Lehmann 1904 : 4, Spillner 1997 : 76). Kuhfuß croit pouvoir
déceler trois vagues de fugitifs : une première, se composant de
protestants provenant de l'Angleterre et des Pays Bas, une deuxième,
survenue après la révocation de l'Édit de Nantes et une troisième après la
Révolution Française et affectant la noblesse. « Die wallonischen
Flüchtlinge aus den südlichen Niederlanden haben im 16. Jahrhundert die aus
Frankreich geflüchteten Hugenotten an Zahl noch übertroffen; sie strömten
seit 1554 vor allem in die Rheinlande » (Kuhfuß 1976 : 331 sq., voir aussi
Yardeni 1985). A Strasbourg, dès 1529 ou 1530, les familles françaises elles-mêmes fondent
une école pour les enfants des émigrés français, leur permettant de suivre
des cours dans leur langue maternelle. Pourtant elle n'existe pas
longtemps. Elle sera fermée quelque 30 ou 40 ans plus tard (Zwilling 1888 :
258 sq.). A la fin du siècle, il existe déjà un certain nombre d'écoles privées
françaises. L'un des maîtres de langue à diriger un tel établissement est
Daniel Martin. Il l'ouvre en 1616 (Zwilling 1888 : 265). Les disciplines de
base sont non seulement la lecture et l'écriture, mais aussi la traduction
et la conversation. Martin est huguenot (Caravolas 1994 : 152) comme
Bernard et Garnier (Zwilling 1888 : 275) (pour les grammaires des deux
derniers voir Swiggers 1998). D'après Greive (1992 : 159) il est étonnant que ce soit précisément dans la
ville catholique de Cologne - ville universitaire comme Strasbourg - que le
français ait connu un tel épanouissement, étant donné que la première
floraison du français en Allemagne a été favorisée par un environnement de
cour et protestant. Cependant, depuis le milieu du 16e siècle, la contre-réforme menée dans les
Pays Bas espagnols sous le règne de Philippe II entraîne l'exil de ceux qui
sont persécutés à cause de leur religion. Ils cherchent une nouvelle patrie
dans des villes commerciales allemandes comme Cologne (Bierbach 1997a :
27). Pour gagner leur vie, certains d'entre eux essaient de mettre à profit
leur bilinguisme, puisqu'en Flandre et en Brabant les langues officielles
étaient le flamand et le français. Schilling (1972 : 21) suppose que les
fugitifs étaient mus par des motifs d'ordre économique plutôt que par des
mobiles religieux : Wirtschaftsgeschichtliche Forschungen haben eine auffallende Konkordanz
zwischen den Konjunkturschwankungen der niederländischen Wirtschaft und
den Phasen der Auswanderungsbewegung aufgewiesen. Aus dieser
Beobachtung muß abgeleitet werden, daß für viele Flüchtlinge neben den
religiösen auch wirtschaftliche Gründe eine Rolle spielten und daß
letztere bei einem Teil sogar allein ausschlaggebend waren. La vie à Cologne n'est pas toujours facile pour les émigrés : Der Interessenkonflikt zwischen wirtschaftspolitischer Einsicht und
religiöser Überzeugung war für den Kölner Rat aufgrund der Verbindung
zahlreicher Ratsfamilien zu den gegenreformatorischen Kreisen besonders
groß. Daraus resultierte seine gebrochene, je nach Umständen und
Zusammensetzung schwankende Fremdenpolitik. Le conseil de la ville de Cologne permet l'installation de quelques
branches commerciales comme p. ex. la soierie. Um des wirtschaftlichen Nutzens willen verzichtete er auf die
Durchführung seiner Morgensprachen [= décrets de la police], in denen
er