Remerciements - Td corrigé

C'est ce que faisait remarquer R. Thom[8] : une structure mathématique discrète
...... L'exercice de l'ingéniosité en mathématique consiste à aider l'intuition par
des ...... son travail à son ami, qui y avait trouvé une erreur et avait corrigé son
résultat. ..... à une lettre) puis faisait tourner le premier rotor d'un vingt-sixième de
tour.

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UNIVERSITE DE PARIS X-NANTERRE
U.F.R. DE PHILOSOPHIE


JEAN LASSEGUE





L'intelligence artificielle
et
la question du continu


Remarques sur le modèle de Turing







THESE DE PHILOSOPHIE
en vue du
DOCTORAT DE L'UNIVERSITE DE PARIS X-NANTERRE


préparée sous la direction de
Monsieur le professeur Daniel ANDLER


















«Ne soyons pas si puristes et soyons
reconnaissants au continu qui, si tout sort du
nombre entier, était seul capable d'en faire
tant sortir».


Henri Poincaré, La valeur de la science, p.
150.




Remerciements

En repensant au chemin parcouru pendant les années qui ont vu mûrir
mon projet de thèse, c'est tout d'abord à mon frère, Bernard Lassègue, que
vont mes remerciements. C'est lui qui, en me montrant ses premiers
programmes écrits sur cette antiquité qu'est aujourd'hui l'Apple IIc, m'a
fait sentir que c'est moins l'autorité - transitoire - d'un paradigme
scientifique qui devait retenir mon attention d'épistémologue que la
satisfaction spécifique que procure l'attitude scientifique en elle-même.
Il a par la suite soutenu matériellement mon travail en m'envoyant des
États-Unis les nombreux livres et articles que j'aurais eu le plus grand
mal à trouver en France.
J'ai pu observer la satisfaction que procure l'attitude scientifique
en d'autres occasions. Je pense à David Freedman, à nos après-midis
d'algèbre à Oxford et à nos conversations sur Leibniz. Je pense aussi à
Driss Abouabdillah qui a eu la patience, à Rabat, d'exercer avec moi son
art de mathématicien : je me rappelle avec plaisir nos soirées où,
abandonnant les exercices sur les pavages achevés, décidément trop
difficiles pour moi, il lisait puis me traduisait Ibn Arabi. Je pense enfin
tout particulièrement au dialogue avec Jacques Jeanjean dont les talents
mathématiques et philosophiques conjugués m'ont apporté, durant toutes ces
années, l'émulation nécessaire à la poursuite de mon travail.
Une place toute particulière doit être réservée aux remerciements que
je dois à Jean-Michel Salanskis, l'une des rares personnes pour qui la
transmission du savoir soit une vertu naturelle. C'est lui qui, voici
quatre ans, a donné forme à mon projet de thèse et qui, depuis lors, n'a
cessé de relire mon travail en respectant mes choix théoriques, qu'il ne
partage pas toujours. Je lui dois beaucoup, tant pour le savoir que j'ai
acquis auprès de lui que pour la liberté qu'il manifeste dans sa façon de
le dispenser.
J'ai mis un certain nombre de mes amis à contribution et je les
remercie d'avoir répondu à mes demandes avec bonne grâce : Pierre Gervais
qui le premier a corrigé un certain nombre d'erreurs touchant mon
interprétation du jeu de l'imitation; Andrew Gumbel qui m'a donné force
détails touchant la civilisation britannique; Nicolas Michel pour la
finesse de ses critiques; Alexis Tadié à qui est revenue la tâche ingrate
de la lecture du manuscrit et dont les conseils à la fois sur le fond et
sur la forme m'ont beaucoup servi. Je remercie aussi mon maître en
philosophie, Serge Boucheron, pour l'attention qu'il a portée à la lecture
de mon travail et l'acuité de ses critiques. Les conversations que j'ai pu
avoir avec Yves-Marie Visetti enfin m'ont été d'un précieux secours.
J'ai bénéficié au cours de ces années de l'aide de plusieurs
institutions. Les deux ans passés au CNRS au sein du laboratoire du Crea
m'ont apporté une aide matérielle et intellectuelle décisive : je remercie
tout particulièrement Daniel Andler qui fit le pari que mon sujet de thèse
pouvait avoir un intérêt; Jean-Pierre Dupuy, Jean Petitot, André Orléans et
Bénédicte Reynaud pour leur soutien. Ma dernière année, passée à la
Fondation Thiers, m'a permis d'achever mon travail dans de bonnes
conditions.
Contrairement à l'habitude qui consiste à reléguer dans l'anonymat de
la biographie de fin de volume tous les auteurs pêle-mêle, je voudrais
mentionner quatre livres qui ont nourri ma réflexion : il s'agit du
Recherches sur une logique de la pensée créatrice en mathématiques de
Maurice Meigne; du From Mathematics to Philosophy de Wang Hao; du
Principes classiques d'interprétation de la nature de Jean Largeault et du
Alan Turing, The Enigma of Intelligence de Andrew Hodges. C'est aux auteurs
de ces livres que j'aimerais témoigner de ma reconnaissance.
C'est enfin à ma famille que vont mes remerciements : à mes parents
tout d'abord qui m'ont soutenu matériellement et moralement tout au long de
ces années; à Mouna ensuite qui m'a initié aux mystères de l'intelligence
des enfants; à Tourya enfin sur qui je me repose tant pour la bonne marche
de ma vie. C'est à elle que je dédie ce travail.


Avant-propos





L'expression "d'intelligence artificielle" peut être interprétée de
façon plus ou moins large. Au sens étroit, il s'agit d'un projet
technologique qui rend possible une connaissance positive de l'esprit
humain. Au sens large - que nous adoptons ici - l'expression désigne plutôt
une conception philosophique qui émane du formalisme logique de la machine
de Turing et qui utilise celui-ci comme un outil conceptuel pour penser la
notion d'esprit. L'idée philosophique d'intelligence artificielle reprend
ainsi sous une forme nouvelle un problème classique, celui de la
possibilité de concevoir objectivement une "science de l'esprit". Quelle
est la nature de la difficulté rencontrée ?
La difficulté provient de ce que, pour concevoir une science de
l'esprit, il faudrait réussir à envisager le phénomène de la pensée comme
de l'extérieur. Une telle attitude présuppose qu'il est possible, tout en
étant immergé dans la pensée, d'en délimiter ce qu'il faudrait appeler les
"bords extérieurs". Il y a là une difficulté qui provient de ce qu'on ne
voit pas par quel moyen on pourrait délimiter de l'extérieur la pensée,
parce qu'il semble impossible de s'en détacher[1] : c'est cette adhérence
de la pensée à elle-même que nous caractérisons par le biais de la notion
de continuité et qui apparaît comme un obstacle majeur pour qui veut
décrire sur un mode objectif la nature de la pensée.




1. Éclaircissement du sujet
L'intelligence artificielle permet-elle d'apporter une réponse à ce
problème en proposant un modèle de l'esprit qui se veut objectif ? Elle
délimite du moins un domaine d'objectivité et une méthode d'investigation
qui lui sont propres.
On peut dire que, dans le cas de l'intelligence artificielle, le
domaine d'objectivité ainsi que la méthode d'investigation sont dominés par
une perspective essentiellement discrète : on considère en effet que
l'esprit possède des états qui sont isolables les uns des autres et qui
sont susceptibles d'être représentés par des signes dont les relations
mutuelles sont régies par les mêmes règles que celles que l'on utilise pour
manipuler les entités d'un système formel. Étudier ces signes et leurs
rapports pour eux-mêmes, en tant que ces derniers sont susceptibles d'être
porteurs d'une objectivité, voilà ce qui doit constituer, s'agissant de
l'intelligence artificielle, le domaine propre d'une science de l'esprit[2]
: le rôle des signes et de leur traitement formel serait de permettre de
franchir l'obstacle de l'adhérence de la pensée à elle-même, ce que nous
avons appelé à l'instant sa "continuité". Aussi cette science dépend-elle
d'un niveau d'objectivité spécifique appelé "niveau informationnel", celui
du traitement calculatoire des signes.
Outre le fait qu'un tel niveau n'a jamais été isolé
expérimentalement et que son existence reste dès lors l'objet d'une pure
spéculation, l'expression de "niveau informationnel" regroupe plusieurs
hypothèses, que l'on pourrait décomposer en trois sous-ensembles[3] :
penser (dans un sens suffisamment large pour inclure la perception)
implique de traiter de l'information; le traitement de l'information
proprement dit est le résultat d'un calcul sur des signes; ces signes sont
eux-mêmes porteurs de sens. L'hypothèse de l'existence d'un traitement de
l'information sous forme d'un calcul permet de simuler sur ordinateur ce
que l'on suppose correspondre au niveau informationnel servant de
soubassement à la vie psychologique de la pensée. Ceci définit le projet et
la démarche adoptés par l'approche symbolique et calculatoire en
intelligence artificielle - le "cognitivisme" -, seule approche qui nous
retiendra ici. Pourquoi vouloir, dans ces conditions, introduire une
réflexion sur le continu en intelligence artificielle ?
Remarquons tout d'abord que le continu n'est pas la continuité. Comme
nous l'avons vu, la continuité est une propriété subjective qui permet de
caractériser l'adhérence de la pensée à elle-même. En revanche, la notion
de continu permet de décrire des entités en les délimitant; c'est le cas
pour un mouvement considéré comme continu ou pour un objet comme un segment
d'une droite géométrique [4]. En ce sens, le continu possède bien un
contenu objectif susceptible d'une