Ville et logement : quelles politiques pour quelle crise - ENS

Pour illustrer les paradoxes inhérents à la thématique du logement, nous avons
.... Quelques ménages sont polygames, avec des fratries pouvant compter 11 à
13 enfants. ... Olivier Filliette, responsable de la sous-direction à l'habitat de la
préfecture. ... On peut retracer de manière chronologique les faits qui ont marqué
nos ...

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Association Pollens Ville et logement : quelles politiques pour quelle crise ? Dossier réalisé par Eric Belna et Céline Mistretta Jeudi 8 Juin 2006 & Mercredi 14 juin 2006
Comme le rappelle le chapitre 3 du rapport 2006 de la Fondation Abbé-Pierre
sur le mal-logement, tout au long de l'année 2005, de dramatiques
évènements sont venus aggraver l'actualité de la question du logement,
devenue une des principales préoccupations des Français : incendies dans
des immeubles parisiens durant l'été dernier, embrasement des banlieues à
l'automne, morts de froid avant même le début de l'hiver. En conformité avec ce même rapport, nous pouvons affirmer que nous avons
vécu une "année noire pour le logement". Durant cette même année, l'équipe de rédaction de Chantiers politiques a
souhaité observer les différentes facettes du logement, d'un point de vue
politique certes, mais aussi anthropologique, sociologique, ou encore
philosophique et littéraire. I. « Le Logement, ici, ailleurs, nulle part »
Voir éditorial de Sandrine Ménard (Chantiers politiques© n°4, page 6) Pour la plupart d'entre nous, ce sont les trois incendies entre avril et
septembre 2005 qui nous ont incité à approfondir ce thème. Parallèlement,
deux d'entre nous étaient en train d'effectuer leur stage de fin d'études
sur le logement. Ces problèmes faisaient d'autre part déjà la une des
journaux lorsque la révolte des jeunes dans les « zones urbaines
sensibles » a éclaté en novembre 2005. Par conséquent, le dossier que nous
présentons aujourd'hui élargit la problématique aux politiques de la
ville, alors que la revue reste centrée autour de notre interrogation
première, celle relative au logement. Mais les deux restent bien entendu intimement liées et comme l'illustre le
quatrième de couverture de la revue, la problématique du logement nous a
conduits à nous intéresser à différentes villes : Vertou (p25, entretien
avec le maire de la commune), Nanterre (p32, entretien avec le maire),
Cachan et son squat (P.76), Sanaa en Afrique (p94), Istanbul et ses
châteaux forts (p137). Enfin, l'article « habiter la ville globale »
(p.113) propose une réflexion sur les nouveaux modes de connexion urbains. En janvier 2006, la « loi d'engagement national pour le logement » s'est
appliquée à résoudre la crise du logement et à faire dégonfler la bulle
immobilière. Il s'agit de poursuivre les démolitions des tours et des
barres pour construire à leur place des pavillons. Comme le souligne
Sandrine Ménard, cette politique qui privilégie l'accession à la propriété
de permettra pas de reloger tout le monde. Pour illustrer les paradoxes inhérents à la thématique du logement, nous
avons ainsi choisi de vous présenter une revue de presse d'articles de 2005-
06 qui trouveront leur prolongement évident dans la lecture du numéro 4 de
Chantiers politiques : application de la loi « Solidarité et renouvellement
urbains » dite « SRU », vente à la découpe, SDF morts de froids,
discrimination, conditions de vie des réfugiés, mixitéé sociale.... Quant aux entretiens avec les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçot-
Charlot, puis avec la diplômée en architecture Anne Debarre, ils
prépareront le débat de mercredi prochain entre Jacques Donzelot
(sociologue) et Eric Lapierre (architecte).
II. Revue de presse 2005-06
Le point de départ de notre revue de presse est l'incendie du boulevard
Auriol dans la nuit du 25 au 26 août 2005, qui a coûté la vie à 17
personnes et suscité une grande émotion, à l'origine de la relance du débat
sur la crise du logement. [pic]
France, lundi 29 août 2005, p. 5
LOGEMENT
L'incendie du boulevard Auriol ravive le débat sur le logement social
L'état de l'immeuble qui a brûlé dans la nuit de jeudi à vendredi, à Paris,
suscitait des inquiétudes depuis plusieurs années. La mort de dix-sept de
ses habitants - dont quatorze enfants - soulève de nombreuses questions
concernant la politique de logement des familles les plus démunies.
Les rescapés de l'incendie de l'immeuble du 13e arrondissement de Paris qui
a fait 17 MORTS, dont 14 enfants, dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26
août, ont été regroupés dans un gymnase. Selon le procureur de Paris, les
enquêteurs ne privilégient aucune piste en particulier et aucun indice ne
vient étayer l'hypothèse d'un acte criminel. « Des PRONOSTICS ALARMISTES
sur l'état du bâtiment », avaient été émis par plusieurs rapports, selon
Jean-Yves Mano, adjoint au logement du maire de Paris. Jean-Louis Borloo,
ministre de la cohésion sociale, a proposé, quelques heures après le drame,
la mise en oeuvre d'un programme d'HÔTELS SOCIAUX. Vendredi en fin de
journée, environ 300 manifestants se sont rassemblés devant l'immeuble pour
dénoncer « l'absence de politique publique effective pour les mal-logés »
LES ENFANTS ont été les principales victimes de l'incendie qui a ravagé,
dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 août, l'immeuble donnant à l'angle
du boulevard Vincent Auriol et de la rue Edmond-Flamand, dans le 13e
arrondissement de Paris : quatorze d'entre eux, ainsi que trois adultes,
ont trouvé la mort. Une trentaine d'occupants ont été blessés. Six étaient
toujours hospitalisés, samedi 27 août au matin : un enfant et un adulte
étaient dans « un état sérieux », précise-t-on à l'Assistance publique-
Hôpitaux de Paris.
Les rescapés ont été regroupés dans un gymnase situé à proximité de la
porte d'Italie. Ils y ont passé la nuit de vendredi à samedi, après avoir
refusé les hébergements à l'hôtel que leur avait proposés la Mairie de
Paris. « Les familles attendent que la municipalité et les services de
l'Etat leur donnent des garanties sur leur relogement », explique Micheline
Unger, de Droit au logement (DAL). Des propositions devraient leur être
faites dans les jours à venir.
Les causes du drame n'ont toujours pas été élucidées. Pour l'heure, les
spécialistes de la police technique et scientifique et des policiers de la
brigade criminelle, saisis de l'enquête en flagrance, ne privilégient
aucune hypothèse. D'après les enquêteurs, le foyer de l'incendie se
situerait au rez-de-chaussée de l'immeuble, dans la cage d'escalier, et
plus précisément devant une porte condamnée d'accès aux caves. Selon des
sources proches de l'enquête, les parois en bois de l'escalier, facilement
inflammables, ont pris feu en premier.
Le fait qu'un vasistas soit resté entrebâillé, au dernier étage, et que des
habitants, pris de panique, aient ouvert les fenêtres et la porte palière
de leur appartement a créé un appel d'air, transformant la cage d'escalier
en « une véritable cheminée », a déclaré, vendredi, le procureur de Paris,
Jean-Claude Marin, lors d'une conférence de presse. A l'emplacement où le
feu s'est déclaré, aucun élément matériel qui suggérerait un geste criminel
n'a été retrouvé. L'hypothèse d'un problème électrique n'est pas davantage
privilégiée. « L'endroit où le feu a pris est dépourvu de tout câblage
électrique, ce qui exclut une prise de feu due à un court-circuit », a
ajouté M. Marin.
Les policiers s'efforcent de recueillir les témoignages d'habitants ou de
voisins. Ils s'intéressent également à d'éventuels enregistrements de
caméras de surveillance dans le quartier. « Des constatations ont été
faites dans les appartements qui ont été épargnés par l'incendie, a dit le
procureur. Il s'agit d'un immeuble certes ancien et défraîchi, mais pas
insalubre. »
D'après Jacques Oudot, président de l'association France Euro Habitat
(Freha), qui gère l'immeuble, près de 130 personnes occupaient les lieux :
27 adultes et une centaine d'enfants. Quelques ménages sont polygames, avec
des fratries pouvant compter 11 à 13 enfants. Des appartements étaient
suroccupés.
« SITUATION RÉGULIÈRE »
Il n'est pas exclu que les locataires aient hébergé des proches, aggravant
ces situations de surpeuplement. « Les habitants sont en situation
régulière, souligne M. Oudot. Ils travaillent dans des sociétés de
nettoyage ou comme éboueurs, à la Ville de Paris. »
Dans l'entourage de Jean-Yves Mano, l'adjoint au logement du maire de
Paris, on souligne que l'immeuble inspirait de fortes inquiétudes depuis
plusieurs années. « Différents rapports établis par les services techniques
de l'habitat ont émis des pronostics alarmistes sur l'état du bâtiment,
indique-t-on. Il y avait des risques d'effondrement partiel à certains
endroits. »
Des travaux avaient été réalisés : réfection de la toiture, consolidation
des fondations pour stopper l'affaissement de l'assiette de l'édifice... «
L'immeuble bougeait », selon la formule de M. Oudot. Des expertises sont en
cours pour déterminer l'origine de ce problème, qui pourrait être lié aux
chantiers engagés dans le secteur par une société d'économie mixte de la
Ville, en charge du réaménagement de la ZAC-Paris Rive gauche.
En attendant, le projet de restructuration de l'immeuble, qui prévoyait la
création de 25 logements sociaux, avait dû être différé, selon Olivier
Filliette, responsable de la sous-direction à l'habitat de la préfecture.
Il nécessitait le relogement des familles. Celles-ci avaient reçu quelques
propositions des services de l'Etat, mais les avaient refusées, car les
appartements se situaient dans des quartiers jugés difficiles, rapporte M.
Oudot.
Plusieurs membres du gouvernement se sont rendus sur les lieux, vendredi,
dont le ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo. Celui-ci a
proposé la mise en oeuvre d'un programme « d'hôtels sociaux ». Le maire
(PS) de Paris, Bertrand Delanöe, s'est rendu à deux reprises auprès des
familles. « C'est un drame horrible qui interpelle tout le monde », a-t-il
confié.
Vendredi en début de soirée, environ 300 personnes se sont rassemblées
devant l'immeuble, à l'appel du Parti communiste, de la CGT et de diverses
associations (DAL, MRAP, Act Up...). Elles ont dénoncé « l'absence de
politique publique effective pour les mal-logés ».
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