Cahier n°7 - Langage & Travail

Exercices de langue française 1 et Exercices de langue française 2 : 2 heures .....
et sociolinguistiques de l'apparition de l'accent étranger; correction phonétique
...... anomalies du système: graphies rares, archaïsmes, emprunts, mots savants,
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Cahier N° 7 aspects terminologiques des pratiques
langagières au travail
Journée d'étude du 19 mars 1993 Coordination : Bernard GARDIN, Louis GUESPIN
et François GAUDIN juin 1994
IN MEMORIAM Louis Guespin qui avait participé à la préparation de la Journée Langage et
Travail consacrée aux "aspects terminologiques des pratiques langagières au
travail", qui est à l'origine de cette livraison, est décédé le 18 décembre
1993. Professeur de linguistique à l'Université de Rouen il animait le
"Groupe de recherche en terminologie" dans l'URA CNRS 1164. Nous dédions
cette publication à sa mémoire.
SOMMAIRE Introduction 4
La socioterminologie : présentation et perspectives
François GAUDIN 6
La pratique terminologique dans le domaine du droit
Pierre LERAT 16
La terminologie spécialisée et ses effets au tribunal pour enfant
Jean-Marc COLLETTA 22
Outils linguistique et communicationnels d'aide à la médiation médicale.
Les maladies cécitantes au Sahel
Monique SLODZIAN 35
Terminologie et langage ; pour modéliser les systèmes de production
Daniel BREUGNOT 41
Travail scientifique et contacts de langues : une enquête
socioterminologique
Louis GUESPIN - Véronique PIERZO 52
Bibliographie 60
INTRODUCTION
_______________________________
La terminologie travaille à peu près le champ des études des vocabulaires
scientifiques et techniques. Des ponts ont été lancés du temps de Louis
Guilbert entre un premier champ lié historiquement à l'analyse du discours
et un second champ lié à la normalisation et à la politique linguistique. L'opposition terminologie/lexicologie repose traditionnellement sur la
distinction entre langue générale/langues de spécialités. En fait, il
s'agit de formes lexicales insérées dans une pratique professionnelle
relativement réglée, quant à la production de sens. De nos jours,
l'activité terminologique (équipement terminologique, normalisation,
traduction) répond à différents types de besoins sociaux, liés à
différentes pratiques de travail, ces pratiques se regroupant dans des
sphères d'activité, notion plus adéquate, pour saisir les formes
d'interaction et de création lexicale au travail, que la notion de domaine. La réflexion sur les pratiques terminologiques s'est longtemps cantonnée 1)
à des supports écrits, 2) à des interactions auto-réglées. On a donc laissé
de côté de nombreux phénomènes à l'oeuvre dans la production des termes qui
interviennent dans leur création et leur diffusion. D'une part, on a longtemps raisonné en privilégiant des secteurs
scientifiques et techniques, laissant de côté les usages liés à des
institutions ou des formations culturelles (ex : droit) ; d'autre part, on
a négligé la dimension orale, lieu privilégié d'apparition des formes
linguistiques. Enfin, sur un plan socio-linguistique, on a laissé de côté
les mécanismes identitaires, puissants facteurs de variation. Ce sont ces différentes orientations que nous avons abordé lors de la
journée du 19 mars 1993. . En quoi les pratiques langagières juridiques, administratives et
autres peuvent-elles faire écran dans l'interaction ? Quels sont les
facteurs identitaires à l'oeuvre (recours à un vocabulaire d'initié dans
des situations interactives réclamant la transparence, par exemple) ?
Dans quelle mesure les termes habituels au spécialiste sont-ils
indispensables à la conceptualisation ou remplaçables pour une meilleure
communication avec le profane ?
. Est-il possible de réguler les usages langagiers au travail, malgré
la diversité des postes et des tâches ? A quelles conditions, selon
quelles méthodes ? On connaît les vocabulaires-maison ; y a-t-il des
langages de service (production/marketing/bureau d'études/atelier, etc. :
quel rapport entre la terminologie d'un cahier des charges et celle de
l'atelier de la production, etc.) ? . Dans quelle mesure les terminologies de certaines entreprises jouent-
elles un rôle de modèle ? Quelles conséquences sur la diffusion des
terminologies ? L'aménagement terminologique, notamment dans sa
perspective normalisatrice, est-il conciliable avec les rivalités
commerciales ? . Dans le travail scientifique, quelles sont les conséquences du
"bilinguisme professionnel" (activités de recherche menées en anglais,
enseignement professé en français) auquel sont soumis les chercheurs, en
particulier quel impact la concurrence de formes signifiantes a-t-elle
sur la conceptualisation ? . Quelles difficultés pose la rédaction de documents nécessitant la
transmission d'un savoir-faire du concepteur à l'usager, par ex. dans la
rédaction de modes d'emploi ? Dans quelles mesure les difficultés
rencontrées sont-elles liées aux termes que le concepteur utilise pour sa
catégorisation ? . Quelles sont les demandes formulées par les entreprises en matière
d'intervention terminologique ? Ces demandes formulées, concernant
notamment la traduction, sont-elles liées à d'autres questions
langagières plus implicites : questions de communication, de
normalisation ou de formation ? Nous remercions Mesdames Monique Cormier, Phanette Cornu et M. Ad Hermans
qui ont bien voulu remplir le rôle de discutants lors de cette journée. François GAUDIN
URA CNRS 1164
Université de Rouen
LA SOCIOTERMINOLOGIE : PRÉSENTATION ET PERSPECTIVES
introduction Les recherches menées autour des pratiques langagières en situation de
travail et de transmission de savoir sont assez rares et en sont encore, me
semble-t-il, à un stade largement pré-scientifique. Sur ce point, il m'est
difficile de rallier l'optimisme de Jean-Claude Boulanger et Marie-Claude
L'Homme lorsqu'ils affirment : "La terminologie a maintenant atteint le stade de la maturité certaine
qui en fait l'une des composantes essentielles des sciences du langage
[...] Elle possède maintenant les indispensables fondements théoriques
et méthodologiques qui personnalisent une science" (1991 : 23). Qu'ils nous permettent de douter et de chercher encore des signes nets de
son autonomie épistémologique. Ce scepticisme, loin d'indiquer un motif de
dédain, me paraît encourageant : c'est qu'il existe peut-être là quelques
problèmes à résoudre et, au-delà, des besoins sociaux, encore disséminés et
incomplètement perçus, auxquels répondre. Si une pratique a pu se dégager dans le champ terminologique, depuis les
années trente, ce fut avant tout pour des raisons socio-historiques et
sociolinguistiques, liées, d'une part, au développement de la normalisation
technique et industrielle, et, d'autre part, à l'équipement des langues. La
variété des usages, des discours, des situations interactionnelles, les
contacts de langues, mais également de disciplines, de métiers ont motivé
une préoccupation normalisatrice dont le modèle était celui d'une science
qui soit une langue bien faite (Slodzian, 1993). C'est dans cet esprit que
la terminologie a été conçue comme veillant à la rectitude des
dénominations (Rey, 1979). Mais le développement exponentiel de ces vocabulaires particuliers, dits
"scientifiques et techniques", met en échec les fondements théoriques et
méthodologiques de la terminologie dominante : les banques terminologiques,
fondées sur une approche documentaire, posent des problèmes cruciaux de
gestion des données ; la normalisation linguistique reste trop souvent,
quand elle s'avère coupée du corps social et des pratiques langagières,
cantonnée à une pure production de langue non mise en discours. Parallèlement, les conséquences économiques de l'équipement terminologique
des langues sont mieux perçues et, là aussi, les méthodes prescriptives de
type bureaucratique ont montré leur impuissance à influencer l'usage. Ceci
explique l'importance de la terminologie privée (propre à chaque
entreprise) et le développement de filières universitaires liées à la
terminologie (ex : la rédaction technique). Par ailleurs, l'apparition de
dictionnaires informatisés destinés à des utilisateurs plus variés (le
nombre des rédacteurs se multiplie) et plus exigeants (la concurrence est
rude) suscite une révision des méthodologies traditionnelles (notamment en
ce qui concerne l'analyse sémantique). C'est dans ce contexte qu'une position théorique se dessine, conduisant à
la révision des postulats de la terminologie dominante : bi-univocité,
découpage en "domaines", mono-référentialité, partage entre langue générale
(LGP) et langues de spécialités (LSP) ; et c'est l'ensemble des réflexions
issues de cette critique, fondée sur une approche socio-linguistique, que
nous rassemblons sous l'étiquette de socioterminologie (cf. Gaudin, 1993a)
esquisse du champ La socioterminologie résulte donc, dans le champ de la terminologie, d'une
position épistémologique critique : accent mis sur les pratiques
langagières et non plus sur la seule "langue" réglée des experts et des
normes ; refus de l'amalgame entre sciences et techniques au profit d'une
approche plus fine et contrastive ; primat accordé à la description sur la
prescription dans l'intervention des linguistes ; prise en compte de la
dimension industrielle de