L'âme chinoise

Le principal exercice de la vertu est la piété filiale. ...... Puisse le roi se corriger !
...... C'est un usage pratique, courant, mais dont officiellement, comme le fit ......
qui les précédèrent, furent appelés à la direction du tribunal des mathématiques
à ...... les vases de formes savantes à décors de phénix et de papillons, les
coupes ...

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|L'ÂME |
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à partir de : L'ÂME CHINOISE par SHIN-LOU-TI [P. Henri Bertreux, dit] Imprimerie de l'Eure, Evreux, 192x, 206 pages. Ouvrage numérisé grâce à l'obligeance des
Archives et de la Bibliothèque asiatique des
Missions Étrangères de Paris [pic] http://www.mepasie.org Édition en mode texte par
Pierre Palpant www.chineancienne.fr
avril 2011 TABLE DES MATIÈRES
L'influence des classiques chinois Les origines La sagesse Culte et sacrifices Création et nature originelle Les ancêtres Deuil et sépultures La piété filiale Les rites Les lettrés et la vie publique Les coutumes Scènes et croquis Astronomie Divination Aphorismes Influence de Confucius
L'influence des classiques chinois @ p.001 La mentalité chinoise est, pour l'Européen, un perpétuel sujet
d'étonnement. Celui-ci, dans ses voyages, chaque jour, note des coutumes
extraordinaires. Dans ses conversations avec les indigènes, s'il saisit
bien le langage de ses interlocuteurs, de nombreux proverbes, à tout
instant servis, lui sont un sujet de réflexion. S'il converse avec des gens
instruits, il doit soumettre son cerveau à la torture pour suivre les
méandres multiples d'une joute littéraire très fleurie, où les maximes des
sages de l'antiquité forment la trame du beau langage. A toute
manifestation d'un culte populaire, d'un usage domestique, s'il veut
comprendre, s'il veut savoir, et si pour cela, il pose des questions, on
lui répondra généralement d'une façon toute laconique : C'est la coutume,
c'est l'usage, ce sont les rites ! Il est désespérant de ne jamais recevoir une réponse valable aux
questions que l'on pose. Un esprit superficiel jetterait le manche après la
cognée, ou se contenterait des histoires fantaisistes que certains
voyageurs pressés ont raconté dans leurs écrits. Le missionnaire qui veut
p.002 tout approfondir, pour mieux comprendre, et partant avoir plus
d'action sur les âmes, ne se contente pas d'un vernis de connaissances...
En Chine, les constructions imposantes sont légion, mais il est très rare
qu'elles soient anciennes. L'art chinois existe dans son architecture, mais
les matériaux qu'on employa, les murs de terre sèche, les panneaux de bois,
n'ont pas résisté aux injures du temps, à l'usure des siècles. Le Chinois
étant très insouciant d'ailleurs, n'a pas su conserver les monuments du
passé. Il reste bien quelques sépultures impériales, quelques pagodes ou
palais, des fortifications, en particulier la Grande Muraille, qui peuvent
donner une idée de puissance et de véritable grandeur, mais sont
insuffisants pour nous découvrir l'âme chinoise. Un seul monument demeure :
les Classiques. Ce monument, il faut l'étudier. Depuis son arrivée sur la
terre de Chine, le missionnaire s'est perfectionné dans le langage : il a
compulsé ces curieux volumes couverts d'hiéroglyphes ; au temps de repos
forcé, entre deux courses apostoliques, il a tellement déchiffré de
« caractères », trouvé tant de réponses adéquates aux séries de ses
Pourquoi, qu'après quelques années, il comprend enfin que dans la
littérature sacrée de la Chine se trouve la source des usages
extraordinaires qu'il ne saisissait pas et qu'il comprend maintenant. Cette littérature sacrée, officielle, qu'on appelle Kin, livres par
excellence, est la base de tous les travaux littéraires que l'on rencontre
en Chine, et n'est d'ailleurs pas considérable. Elle se divise en deux
catégories : 1° Les grands Kin racontent les faits de l'antiquité, les
traditions primitives. On les dit composés par Confucius (551-479 av. J.-
C.) mais c'est loin d'être certain, tant p.003 le style est défectueux et
différent de celui du Maître. 2° Les petits Kin qui sont l'?uvre des
disciples de Confucius et d'autres sages plus récents. Les grands Kin sont au nombre de cinq : 1° I-Kin, qui sont composés de signes mystérieux, légués par Fou-shi,
contemporain de Noë ( ?) (2850 av. J.-C.). Ces signes sont employés en
divination, et donnent réponse à tout ( ?) 2° Chou-Kin, qui sont des exemples de morale, tirés des Annales antiques. 3° Che-Kin, Recueil de poésies. La première partie renferme des chansons
d'amour. Le plus souvent ce sont des plaintes de femmes privées de leur
mari commerçant ou soldat, et encore la joie de leur retour. Beaucoup
d'allégories au sens énigmatique... La facture générale est impersonnelle.
La tradition a mis des titres qui facilitent l'intelligence du texte. La
deuxième partie renferme des chansons à boire pour les cérémonies
cultuelles, les sacrifices, les fêtes pastorales. La troisième et la
quatrième partie parlent du culte des ancêtres et des rites funèbres. 4° Li Ki. Mémorial des Rites, où se trouvent toutes les lois de la
politesse, du savoir-vivre, etc. p.004 5° Io Kin. Livre de la musique (perdu). 6° Tsin-ts' ieou : le Printemps et l'Automne, c'est-à-dire Annales du
royaume de Lou sous la dynastie des Tchéou (722-481 av. J.-C.). Les petits Kin sont : 1° Tcheou Kouan li. Direction aux magistrats de la dynastie Tchéou. 2° I li. Manuel de convenances. 3° Eul ia, ou dictionnaire de termes usités dans les livres canoniques. 4° Trois commentaires des Tsin-ts'ieou, annales de Confucius. 5° Hiao Kin. Livre de la piété filiale. 6° Se-chou ou Quatre livres : ?uvres philosophiques des disciples de
Confucius, où sont résumés l'enseignement du Maître et en quelque sorte
tous les livres sacrés par les citations qu'on y trouve. Les élèves chinois
de toutes les écoles primaires doivent étudier les Se-chou. Ces quatre
livres ont pour titres : 1° Ta shio : Science des adultes ; 2° Tchong
iong : le Juste Milieu ; 3° Lin iu : Livre des Entretiens ; 4° Mengtse
(Mengtse 372-289 av. J.-C.), nom d'un philosophe qui s'appuie sur la
doctrine de Confucius pour moraliser les hommes de son temps. L'enfant qui a étudié ces livres antiques, écrits en langage qu'il ne
comprend guère, et qui, devenu langue littéraire, est très différent des
locutions qu'il emploie communément, retient cependant quelques
expressions, retient les explications du maître, qui a voulu graver dans
ces jeunes mémoires les usages antiques que les sages ont recommandé
d'observer ; il retourne ensuite à ses travaux avec un bagage littéraire
bien peu encombrant, mais à chaque instant de sa vie, la voix nationale
p.005 le rappellera aux usages de ses aïeux. Depuis les temps les plus
reculés, les lettrés, ceux qui possèdent les livres sacrés, qui ont pâli de
longues années sur ces mêmes livres et sur les ouvrages des commentateurs,
les lettrés qui ont accaparé le pouvoir et les charges, qui ont modelé leur
vie extérieure sur celle des anciens, les lettrés ont sans cesse rappelé au
peuple que sous peine de forfaiture et perte de face, il devait à l'égard
des ancêtres, des dieux, des empereurs, suivre les usages et les Rites. Les siècles sont passés, et les générations sont tombées en poussière et
cependant les usages et les rites sont demeurés incompris de la masse
souvent, mais aussi fidèlement remplis, exécutés qu'il y a deux mille ans. L'antique doctrine condensée dans les Se-chou des disciples de Confucius,
passe en Europe pour une véritable doctrine philosophique. Parfois on
entend citer certaines sentences de Confucius et, pour qui se laisse
prendre au mirage des mots et des formes orientales, le charme inaccoutumé
qu'elles donnent à l'esprit laisse p.006 croire que leur auteur fut un
génie profond comparable aux sages de la Grèce. Les savants travaux
d'illustres sinologues comme Zottoli, Wiger, Couvreur, Doré, etc., ont
analysé toute la littérature classique chinoise, ont fouillé toute les
archives, ont, après des vies d'un labeur écrasant, donné à nos
contemporains l'idée juste qui ressort de cet ensemble de productions
antiques et le résultat est au moins décevant. A côté de beaux aphorismes,
maxime de morale naturelle, aucune idée philosophique sérieuse ne se
trouve, ni dans le texte, ni dans les notes des commentateurs. Pendant
toute sa vie, Confucius, le