le développement local et régional - Les Classiques des sciences ...

Aussi constate-t-on qu'il n'y a eu aucun redressement depuis lors. ... Dans cet
exercice, j'ai pu compter sur l'expertise et le dévouement de Messieurs ...... ou
non par les instances gouvernementales et par d'autres fonctions exécutives n'
ont ..... Le Conseil régional de concertation et de développement fait de la recti
tude ...

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LES RÉGIONS DU QUÉBEC


EN CRISE




BILAN, ENJEUX ET VOIE DE SOLUTIONS






JEAN TREMBLAY
Maire de Saguenay









Novembre 2002


TABLE DES MATIÈRES


INTRODUCTION 3

1. LE DÉVELOPPEMENT LOCAL ET RÉGIONAL : BILAN D'UNE
PRODUCTION 4

1. Bilan de la production en matière de développement local et
régional, 1996-2001 4
1.2 Perspective d'avenir : dépopulation et « développement » 9

2 LES CAUSES 11

2.1 Les causes naturelles 11
2. Les causes décisionnelles : la volonté politique, moteur du sous-
développement régional au Québec 11
2.3 Confirmation des orientations 13
2.4 Un complot contre les citoyens ? 14

3 LA CRISE COMME RETOMBÉE DU LAISSER-FAIRE OPTIMISTE
ET MENSONGER 16

3.1 Une crise économique 16
3.2 Une crise politique majeure 18
3.3 Éléments de synthèse 19

4 ISSUE DE LA CRISE : ÉLÉMENTS DE SOLUTION 21

4.1 Qui peut contribuer à changer le cours des choses ? 21
4.2 Quoi faire ? 22
3. Comment amener les parlements provincial et fédéral à forcer la
redistribution
des fonds publics pour le bénéfice des citoyens de toutes les
communautés
régionales du Québec ? 23
4.4 Pourquoi faut-il le faire ? 23

APPENDICE 24

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ANNEXES

Annexe I : Le Québec de base et les régions ressources (Carte de l'OPDQ,
1973)
Annexe II
Dany Rousseau, « L'exode des jeunes en région est un mythe »
Martin Duval, « Générations réfléchies. La modération a bien meilleur
goût »


Annexe III
INTRODUCTION

Un intellectuel renommé, traitant de développement, a écrit :

"Est-il besoin de dire qu'au niveau des provinces comme au niveau du
gouvernement fédéral, on est encore très loin, non seulement du mot
planification globale, mais surtout de la réalité. On est, pour
autant, infiniment loin de la planification régionale ou du
développement régional. Qu'est-ce en fait que le développement
régional sinon l'application d'une politique de développement global
dans un contexte précis et déterminé. Cette application, au niveau
régional, d'une politique de développement global suppose une
adaptation régionale des programmes généraux."

Plusieurs trouveront ce texte actuel. Pourtant, il date d'une autre époque.
C'est en 1971 que le regretté sociologue Gérald Fortin alignait ces idées
toutes simples. Selon lui, le développement régional n'était pas autre
chose que le fruit de l'application à des populations régionales d'une
politique basée sur le développement de tout l'ensemble. C'était une époque
où l'on concevait encore le développement comme une croissance économique
sans génération d'inégalités. On était donc loin des concours de pauvreté
et des marathons de problèmes pointus qui servent maintenant
systématiquement à quémander les subsides de l'État.

Trente ans après Gérald Fortin, que constate-t-on par rapport au
développement de l'ensemble des régions qui, toutes ensembles, s'appellent
encore le Québec ? On constate que la réalité mesurable et les bilans
exacts ne semblent pas encore être la base du travail de développement de
nos gouvernants. On constate que la situation des régions loin de
s'approcher d'un développement de l'ensemble, se caractérise par des écarts
économiques qu'on ne retrouve dans aucune des autres provinces à l'ouest du
Québec. On constate que ces écarts ont grugé dans la population jeune de
plusieurs régions au point où celles-ci ont pratiquement perdu leur
capacité naturelle de reproduction et sont désormais en dépopulation. On
constate que depuis au moins 1986, ces faits sont connus des décideurs du
Québec et que le gouvernement n'a pas encore jugé bon d'assumer à cet égard
sa responsabilité. Aussi constate-t-on qu'il n'y a eu aucun redressement
depuis lors. De plus, je constate que l'exercice bureaucratique auquel on
m'a convié en vue du Rendez-vous national de régions qu'on ose appeler
ressources était tricoté de manière à éviter de dire « les vraies
affaires ».

On n'a donc pas affaire à un petit problème à faire régler par quelques
bons administrateurs. On a affaire à un problème qui menace l'avenir du
Québec : c'est un problème politique qu'aucune région ne pourra résoudre
avec quelques oboles électorales. C'est peut-être la plus grande épreuve
que la société québécoise aura jamais eu à traverser au plan de sa
solidarité.

C'est cet ordre de préoccupations qui m'a décidé à vous livrer ici ma
réflexion sur nos problèmes de développement et ceux d'autres régions, sur
leur origine et sur la nature des solutions durables. Dans cet exercice,
j'ai pu compter sur l'expertise et le dévouement de Messieurs Charles Côté
et Daniel Larouche.

Jean Tremblay, maire de Ville Saguenay


LE DÉVELOPPEMENT LOCAL ET RÉGIONAL :
BILAN D'UNE PRODUCTION



Établissons d'emblée notre principe d'analyse : Logiquement, le
développement des collectivités humaines s'observe à travers des
résultats mesurables. À l'évidence, ces résultats découlent des activités
réalisées par ceux qui ont la charge de faire du développement. Comme
production, le développement c'est ce que font les développeurs! Ces
derniers devraient, en principe, être responsables et imputables du
résultat de leurs interventions en la matière.



2 Bilan de la production en matière de développement local et régional,
1996-2001


Dans ce contexte d'analyse, il faut réussir à expliquer pourquoi les
activités de développement réalisées entre 1996 et 2001, au
Saguenay(Lac-St-Jean et au Québec, se soldent par les résultats
suivants :


Au Saguenay(Lac-St-Jean :





Pour la première fois de son histoire, la population du Saguenay(Lac-
St-Jean a subi une baisse absolue de ses effectifs : 8 370
individus en moins de cinq ans, soit une perte de 2,92 % de la
population régionale.


< Les quatre MRC de la région ont connu une baisse démographique dans
des proportions à peu près égales.

< Sur 57 municipalités, 41 municipalités (72 %) ont subi une perte
démographique entre 1996 et 2001 : voir la figure 1.

< Ces 41 municipalités regroupent 90 % de la population régionale.

< Les territoires urbanisés sont affectés par ces baisses autant que
les milieux ruraux.

Figure I

MUNICIPALITÉS EN PERTE DÉMOGRAPHIQUE NETTE

ENTRE 1996 ET 2001 AU SAGUENAY-LAC-ST-JEAN





[pic]



Ailleurs au Québec :




< Globalement, sur 99 unités géographiques qui subdivisent le Québec
(96 MRC et 3 communautés urbaines), 58 unités ont subi une chute de
population entre 1996 et 2001.

< Ces MRC en baisse démographique forment ensemble une superficie
équivalant à 91 % de la portion habitée du territoire
québécois [1] : voir la figure 2.

< Tout comme le Saguenay(Lac-St-Jean, cinq autres régions ont amorcé
une baisse démographique au cours de ces cinq années.

< Ensemble, ces six régions en baisse de population forment le
territoire des « régions-ressources » : une zone habitée située au
nord et à l'est du Québec.

< Ces régions en baisse de population représentent 80 % du Québec
habité [2]. Elles voient leurs populations décroître ainsi :


. la Gaspésie(Iles-de-la-Madeleine : -7,84 %
. la Côte-Nord : -5,36 %
. l'Abitibi-Témiscamingue : -5,07 %
. le Saguenay(Lac-St-Jean : -2,92 %
. le Bas-St-Laurent : -2,64 %
. la Mauricie et le Centre-du-Québec : -0,49 %

< Ensemble, ces six régions, contiguës et en baisse démographique,
accusent une diminution de 2,83 %, contre une augmentation de
2,35 % dans le reste du Québec (soit sa partie sud-ouest).
Globalement, le Québec s'est accru de 1,38 %.

< Trente-cinq des 37 MRC qui subdivisent ces six régions ont
enregistré une baisse. Ainsi, à l'est de l'Estrie, seul un couloir
rectiligne reliant l'agglomération de Québec à la frontière
américaine, constitué de 8 MRC, échappe pour le moment à cette
baisse générale.



FIGURE 2



[pic]



Ces résultats montrent qu'il ne s'est fait aucun développement dans la
superficie du territoire québécois étiquetée « régions-ressources » et même
au-delà des limites de ces régions. Bien au contraire! Ces résultats de
l'intervention des développeurs révèlent qu'au cours de ces cinq années,
les parties du territoire québécois touchées ( incluant le Saguenay(Lac-St-
Jean ( ont atteint le stade de la dépopulation.

Ce stade de sous-développement est caractérisé par la prédominance
chronique des facteurs qui font diminuer les populations (la mortalité et
l'émigration) sur ceux qui les feraient augmenter (la natalité et
l'immigration). Depuis fort longtemps, ce stade est connu, dans sa forme
maligne, comme le point à partir duquel la désintégration sociale,
politique et économique des