Le Livre des récompenses et des peines
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|LE LIVRE DES |
|RÉCOMPENSES |
|ET DES PEINES |
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|Traduction de |
|Stanislas JULIEN |
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à partir de :
LE LIVRE DES RÉCOMPENSES ET DES PEINES
accompagné de quatre cents légendes, anecdotes et histoires,
qui font connaître les doctrines, les croyances et les m?urs
de la secte des Tao-sse.
traduit du chinois par Stanislas JULIEN (1797-1873)
Imprimerie du Crapelet, Paris, pour The Oriental Translation Fund, Londres,
1835, XVI+532 pages.
Édition en mode texte par
Pierre Palpant
www.chineancienne.fr
mars 2011
TABLE DES MATIÈRES
Avertissement - Appendice
LE LIVRE DES RÉCOMPENSES ET DES PEINES DE THAÏ-CHANG
Thaï-chang dit : le malheur et le bonheur de l'homme ne sont point
déterminés d'avance ; seulement l'homme s'attire lui-même l'un ou
l'autre par sa conduite. la récompense du bien et la punition du mal
les suivent comme l'ombre qui suit les corps.
C'est pour cela qu'il y a au ciel et sur la terre des esprits chargés de
rechercher les fautes des hommes, et qui, suivant la légèreté ou la
gravité de ces fautes, retranchent de leur vie des périodes de cent
jours. Quand les périodes de cent jours ont été une fois diminuées, la
pauvreté les mine peu à peu ; ils sont en butte à une foule de
chagrins et d'infortunes ; tous les hommes les poursuivent de leur
haine ; les supplices et les malheurs les accompagnent ; le bonheur et
la joie les fuient, et des astres sinistres leur envoient des
calamités. Quand toutes les périodes de cent jours sont épuisées, ils
meurent !
Il y a encore les trois conseillers, et le boisseau du nord, le prince des
esprits, qui sont placés au-dessus de la tête des hommes. Ils
inscrivent sur un livre leurs crimes et leurs fautes, et leur
retranchent des périodes de douze ans et de cent jours.
Il y a encore trois esprits appelés san-chi, qui résident au-dedans de
notre corps. Aussitôt que le jour keng-chin est arrivé, ils montent au
palais du ciel, et rendent compte des crimes et des fautes des hommes.
Le dernier jour de la lune, l'esprit du foyer en fait autant.
Quand un homme commet une grande faute, on lui retranche douze ans ; s'il
en commet une légère, on lui retranche cent jours.
Il y a plusieurs centaines de grandes et de petites fautes. Il faut
d'avance les éviter avec soin, si l'on veut obtenir l'immortalité.
Avancez dans la bonne voie, et reculez devant la mauvaise voie.
Ne foulez point un sentier tortueux.
Ne trompez point dans le secret de la maison.
Accumulez des vertus, et entassez des mérites.
Montrez-vous humains envers les animaux.
Pratiquez la droiture et la piété filiale, ayez de l'affection pour vos
frères cadets et du respect pour vos aînés.
Rectifiez votre c?ur, afin de convertir les autres.
Ayez pitié des orphelins, et montrez de la compassion pour les veuves.
Respectez les vieillards et chérissez les jeunes enfants.
Ne faites pas de mal, même aux insectes, aux plantes et aux arbres.
Vous devez compatir aux malheurs des autres.
Réjouissez-vous des avantages des autres.
Secourez les hommes dans leurs besoins.
Sauvez les hommes dans le danger.
Réjouissez-vous des succès des autres, et affligez-vous de leurs revers,
comme si vous vous trouviez à leur place.
Ne divulguez pas les imperfections des autres.
Ne vous vantez pas de votre supériorité.
Arrêtez le mal, et exaltez le bien.
Cédez beaucoup, et prenez peu pour vous-même.
Ne vous irritez point quand vous avez reçu un affront.
Recevez les faveurs des princes avec un sentiment de crainte.
Accordez des bienfaits sans en attendre de récompense.
Donnez sans en éprouver de regret.
Voilà ce qui s'appelle être un homme vertueux.
Tous les hommes le respectent.
La providence le protège.
Le bonheur et les emplois l'accompagnent.
Tous les démons s'éloignent de lui.
Les esprits célestes l'entourent et le défendent.
Il réussit dans toutes ses entreprises.
Il peut espérer de devenir immortel.
Si l'on veut devenir un immortel du ciel, il faut faire mille trois cents
bonnes ?uvres ; si l'on veut devenir un immortel de la terre, il faut
faire trois cents bonnes ?uvres.
Former des pensées contraires à la justice, et agir contre la raison.
Regarder la méchanceté comme une preuve de talent.
Avoir un c?ur inhumain, et traiter les autres avec cruauté.
Nuire secrètement aux hommes vertueux.
Mépriser en secret son prince et ses parents.
Manquer de respect à ses professeurs.
Se révolter contre ceux que l'on sert.
Profiter de l'ignorance des hommes pour les tromper par des paroles
mensongères.
Calomnier ses condisciples.
Inventer des choses fausses, employer l'artifice et la fraude.
Divulguer les fautes de ses parents.
Être dur, violent et inhumain.
Satisfaire ses caprices avec une méchanceté opiniâtre.
Violer la justice dans l'appréciation du bien et du mal.
Ne pas savoir distinguer les personnes qu'il faut rechercher ou fuir.
Faire du mal à ses inférieurs pour acquérir du mérite.
Flatter ses supérieurs et chercher à leur complaire.
Ne pas être reconnaissant des bienfaits qu'on a reçus.
Penser sans cesse à son ressentiment.
Faire peu de cas de la vie du peuple.
Mettre le désordre dans l'administration du royaume.
Accorder des récompenses à ceux qui ne les ont point méritées.
Infliger des châtiments à ceux qui n'ont commis aucun crime.
Tuer les hommes pour s'emparer de leurs richesses.
Renverser les autres pour s'emparer de leurs places.
Tuer les ennemis qui se rendent, et massacrer ceux qui viennent se
soumettre.
Exiler les hommes vertueux et faire destituer les sages.
Insulter les orphelins et opprimer les veuves.
Violer les lois, et recevoir des présents.
Donner tort à celui qui a raison, et donner raison à celui qui a tort.
Mettre les fautes au rang des crimes.
S'emporter avec colère contre les hommes qu'on voit conduire à la mort.
Connaître ses fautes et ne pas s'en corriger.
Connaître ce qui est bien et ne pas le faire.
Rejeter ses propres crimes sur les autres.
Arrêter l'exercice des arts et des métiers.
Railler et calomnier les saints et les sages.
Insulter et traiter avec cruauté ceux qui se livrent à l'étude de la raison
et de la vertu.
Lancer des flèches aux oiseaux, et chasser les quadrupèdes.
Faire sortir les insectes de leurs trous, effrayer les oiseaux qui sont
endormis sur les arbres.
Boucher les trous des insectes, détruire les nids des oiseaux.
Tuer les femelles qui portent, briser les ?ufs des oiseaux.
Désirer que les autres hommes éprouvent des pertes.
Détruire le mérite acquis par les autres.
Exposer les autres hommes au danger, pour se mettre soi-même en sûreté.
Chercher son avantage aux dépens des autres.
Donner de mauvaises marchandises en échange de bonnes.
Abandonner le bien public par des motifs privés.
Usurper les talents des autres.
Cacher les bonnes qualités des autres.
Faire ressortir les défauts des autres.
Mettre au jour les affaires cachées des autres hommes.
Consumer sourdement la fortune des autres.
Séparer les parents qui sont unis comme la chair et les os.
S'emparer des choses auxquelles les autres hommes sont attachés.
Aider les hommes à faire le mal.
S'abandonner à la violence de son caractère, et chercher à en imposer par
sa puissance.
Faire affront aux autres hommes pour l'emporter sur eux.
Détruire les grains qui sont en herbe ou en pleine maturité.
Rompre les mariages des autres.
S'enrichir par des voies illicites, et s'enorgueillir de sa fortune.
Échapper par bonheur au supplice, et ne pas rougir de ses crimes.
S'attribuer les bienfaits des autres, et rejeter ses fautes sur eux.
Faire épouser aux autres son propre malheur, et leur vendre ses mauvaises
actions.
Acheter des louanges mensongères.
Cacher un c?ur perfide.
Rabaisser les hommes d'un mérite supérieur.
Couvrir ses imperfections.
Profiter de sa puissance pour violenter ou opprimer les autres.
S'abandonner à la cruauté, blesser et massacrer.
Tailler des étoffes sans motif d'utilité.
Tuer des animaux domestiques et les faire cuire, sans y être obligé par les
rites.
Laisser perdre ou jeter les cinq sortes de grains.
Harasser et faire souffrir les hommes et les animaux.
Ruiner les propriétés des autres, et s'emparer de leurs riches