Ecole_DA_fi_ethnique.doc - Hal

Ce n'est plus autant le cas aujourd'hui, les programmes ont été largement purgés
...... un lien affectif et mémoriel, une solidarité qui gage l'exercice des libertés
politiques. .... la théorie de l'assimilation est ainsi sortie corrigée, plutôt que
récusée. ...... Très sérieux, il veut poursuivre sa scolarité en BTS ; se retrouvant
dans la ...

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L'ecole et

LE DEFI ETHNIQUE









Françoise Lorcerie (dir)

et
Françoise Alamartine, Françoise Berrou, Joëlle Bordet, Sabine Contrepois,
Eric Debarbieux, Olivier Douville,
Sophie Ernst, Nacira Guenif, Stéphanie Morel,
Joëlle Perroton, Christian Rinaudo,
Jocelyne Streiff-Fénart, Jean-Pierre Zirotti







Paris, ESF & INRP, 2003

Table des matières




Introduction



Première partie


Le paradigme de l'ethnicité (Françoise Lorcerie)


1. Le paradigme de l'ethnicité : un paradigme psycho-socio-politique
2. L'identité sociale et la domination symbolique - Leur possible
investissement ethnique
3. L'historicité des distinctions ethniques - Perspective sociologique
4. L'Etat-nation et l'ethnicité : L'ethnonationalisme
5. Sur l'ethnonationalisme de la Troisième République
6. La crise de l'ethnonationalisme dans les Etats européens
7. Sur l'intégration en France. Vers une sortie de crise ?


Deuxième partie


L'ecole, ses élèves et l'ethnicité : L'épreuve des faits


1. Des faits ? Quels faits ? (Françoise Alamartine.)
2. Une expérience scolaire, Récit (Christian Rinaudo)
3. D'un lycée professionnel à l'autre (Joëlle Perroton)
4. Au collège, l'effet de l'organisation scolaire (Eric Debarbieux)
5. La micro-société de survie (Joëlle Bordet)
6. Les « beurettes » aujourd'hui (Nacira Guénif)



Troisième partie

Cadre scolaire et processus ethniques : Discussions


1. L'école au prisme du paradigme de l'ethnicité (Françoise Lorcerie)
2. Frontières et catégorisations ethniques : Fredrik Barth et le LP
(Jocelyne Streiff-Fénart)
3. Filiation versus altérité : Malentendus autour de l'origine (Olivier
Douville)
4. Les élèves maghrébins, des acteurs sociaux critiques (Jean-Pierre
Zirotti)
5. Une politique introuvable : la scolarisation des enfants d'immigrés
(Françoise Lorcerie et Stéphanie Morel)


Quatrième partie


Réagir : De quel droit ?


1. La philosophie politique face aux tensions ethniques (Françoise
Lorcerie)
2. Ecole et mémoires : Au milieu du gué (Sophie Ernst)
3. Revisiter « l'éducation interculturelle » (Françoise Lorcerie)
4. Des pratiques pédagogiques contre la ségrégation : Une école primaire
(F. Alamartine)
5. Chemins d'identité (Françoise Berrou)
6. Trajectoires et histoire (Sabine Contrepois)
7. Busing à Bergerac (Françoise Alamartine)

Conclusion

Repères bibliographiques
Les Auteurs





LES AUTEURS






Alamartine Françoise, professeur de lettres-histoire en LP, Falamart@club-
internet.fr


Berrou Françoise, professeur de lettres en collège

Bordet Joëlle, chercheur et psychosociologue au Centre scientifique et
technique du bâtiment (CSTB) - bordet@cstb.fr

Contrepois Sabine, professeur de lettres-histoire en LP

Debarbieux Eric, professeur de sciences de l'éducation à l'Université
Bordeaux II, DEBARBERIC@aol.com

Douville Olivier, psychologue clinicien, maître de conférences en
psychologie clinique, Laboratoire de Psychologie clinique des Faits
Culturels, Université de Paris X-Nanterre - douvilleolivier@noos.fr

Ernst Sophie, Département de philosophie, INRP, 29 rue d'Ulm, 75005 Paris,
ernst@inrp.fr

Guénif-Souilamas Nacira, maître de conférences en sociologie, Université
Paris XIII, chercheure au CADIS (Centre d'analyse et d'intervention
sociologique) et au GREC (Groupe de recherche sur les ressources éducatives
et culturelles) - nacira.guenif-souilamas@sante.gouv.fr

Lorcerie Françoise, chargée de recherches au CNRS (sciences du politique),
IREMAM, 3, avenue Pasteur, 13617 Aix-en-Provence cedex 1,
lorcerie@mmsh.univ-aix.fr

Morel Stéphanie, docteur en sciences politiques, Université de Paris 1,
Centre de Recherches politiques de la Sorbonne - stephaniemorel@club-
internet.fr

Perroton Joëlle, maître de conférences en sociologie, Université Bordeaux
II, chercheur au LAPSAC- CADIS

Rinaudo Christian, maître de conférences en sociologie, UFR STAPS,
Université de Nice, chercheur au laboratoire SOLIIS-URMIS -
rinaudo@unice.fr

Jocelyne Streiff-Fénart, directrice de recherches au CNRS (sociologie),
directrice du laboratoire SOLIIS-URMIS à Nice - Jocelyne.Streiff-
Fenart@unice.fr

Zitotti Jean-Pierre, professeur de sociologie, Université de Nice - Jean-
Pierre.Zirotti@unice.fr






















Remerciements



J'ai longuement tourné autour de la question de l'ethnicité avant
d'entreprendre de l'attaquer de front et d'en faire la matière d'un livre.
La gestation même de ce livre a pris plusieurs années. Peut-être n'aurait-
il pas vu le jour sans le volontarisme d'Elisabeth Martin, alors directrice
du Centre Alain Savary de l'INRP, qui a initié un dossier sur ce thème et
m'en a confié l'impulsion scientifique en 1999. Le réseau des chercheurs
réunis dans le Groupement de recherches du CNRS « Relations interethniques,
Migrations internationales », piloté par Véronique De Rudder, a été un
cadre d'échanges précieux. J'ai beaucoup bénéficié aussi de rencontres avec
des chercheurs de l'Université du Québec à Montréal, avec Marie Mc Andrew
particulièrement. Eric Debarbieux a amicalement soutenu le projet et
favorisé la publication. Que tous trouvent ici l'expression de ma
gratitude. Merci, enfin, à Laure Blévis et à Anne-Marie Chartier pour
l'acuité de leur lecture d'une première esquisse de mon texte.





Introduction



Le concept d'ethnicité désigne la production et l'activation de certaines
formes d'identité communautaire au c?ur des sociétés modernes : très
précisément celles qui découlent du fait que les individus croient qu'ils
ont en commun avec certains une origine distinctive qui les rend différents
et supérieurs à d'autres.
Il ne parle pas de « culture » mais de « statut » ; pas de la culture des
« autres » mais du statut associé au fait d'être collectivement vus comme
« différents » ou de se regarder collectivement comme « différents » (les
deux aspects sont généralement liés). Il désigne le fait qu'une partition
est instaurée socialement entre Eux et Nous, partition référée à une
« différence » naturalisée. Max Weber, il y a un siècle environ, a dessiné
le programme de recherche associé à l'ethnicité en ce sens[1].
L'unité de base dans cette approche est la croyance ethnique, c'est-à-dire
le sentiment subjectif qu'ont les individus qu'ils appartiennent ou que
d'autres appartiennent à une communauté d'origine, « peu importe qu'une
communauté de sang existe ou non objectivement », précise Weber. Les
« groupes ethniques », écrit Fredrik Barth - autre théoricien majeur du
paradigme de l'ethnicité -, sont d'abord « des catégories d'attribution et
d'identification opérées par les acteurs eux-mêmes »[2].

La vitalité des croyances ethniques dans la société n'est pas indépendante
des dynamiques sociales globales. Les dynamiques d'identification ethnique
Eux-Nous ne se déploient pas dans un espace neutre, elles s'inscrivent dans
une structure sociale globale par rapport à quoi les individus et groupes
sont identifiés et s'identifient eux-mêmes comme « normaux », ou bien
« différents », à problèmes.
C'est bien pourquoi, loin d'être l'apanage des groupes « minoritaires »,
qui se trouvent en position subordonnée dans les rapports sociaux,
l'ethnicité s'avère tout autant sinon plus caractéristique des groupes
dominants de la société. S'il est un point sur lequel les théories sociales
de l'ethnicité imposent de rompre radicalement avec les préjugés du sens
commun, c'est celui-ci. Les « majoritaires » attribuent l'identité ethnique
aux autres, aux « minoritaires », eux-mêmes se voyant volontiers sous le
signe de l'universel. Or le corrélat de cette revendication d'universalité
pour soi-même, c'est la privation d'universalité pour les « autres »,
laquelle est un des modes privilégiés de « l'ethnicisation » (de
l'imputation d'altérité ethnique à autrui) de la part des groupes
dominants[3]. Toutes les croyances ethniques ne se donnent donc pas pour
ethniques : la proclamation d'universalisme peut cacher une assurance de
nature ethnique, notamment lorsqu'elle repose sur des considérations de
différence culturelle. Rien de plus facile à ethniciser que la « culture »
prêtée à autrui collectivement.
Telles sont les lignes de force du paradigme de l'ethnicité en sciences
sociales. Le but de ce livre est de les préciser sur le plan théorique et
de discuter leur application à l'école, pour saisir ce qui s'y passe entre
élèves et professeurs d'une part, et pour dégager des perspectives d'action
d'autre part. La conjoncture y pousse. La France, à l'instar des autres
pays européens, est aujourd'hui amenée à assumer officiellement que la
discrimination ethnique existe et qu'il faut y parer. Deux directives
européennes de l'année 2000 lui en font obligation. La discrimination
ethnique consiste à priver quelqu'un de quelque chose à quoi il aurait
droit, et d'abord à le priver d'égalité, sur la base de son appartenance à
un groupe vu comme différent à raison de son origine supposée. Or, la clé
explicative des processus de la discrimination ethnique, c'est le concept
d'ethnicité qui la donne.
*
L'école est doublement concernée par ce défi dont les termes sont inédits
dans la tradition républicaine. Comme tous les espaces sociaux, elle peut
être le siège de tensions et de discriminations ethniques. Mais en outre,
elle a pour mission d'assurer les bases de la pérennité de la société
démocratique, el