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4 avr. 2004 ... Édition revue et corrigée le 1er novembre 2006. Table des ... 2. Quelques
problèmes dans l'exercice du pouvoir politique. 3. .... On n'est plus, comme cela
fut le cas il n'y a pas bien longtemps encore, héritier d'une charge ou ...

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|Guy Rocher |
|sociologue, Université de Montréal |
|(1980) |
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|"Le sociologue et la sociologie |
|dans l'administration publique |
|et l'exercice du pouvoir politique" |
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|Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, |
|bénévole, |
|professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi |
|Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca |
|Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt |
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|Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences |
|sociales" |
|Site web: http://classiques.uqac.ca/ |
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|Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque |
|Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi |
|Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm |
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Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay,
bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de
l'article de :







Guy Rocher "Le sociologue et la sociologie dans l'administration publique
et l'exercice du pouvoir politique". Un article publié dans la revue
Sociologie et Sociétés, vol. 12, no 2, octobre 1980, pp. 45-65. Montréal :
Les Presses de l'Université de Montréal.


M. Guy Rocher (1924 - ) professeur de sociologie et chercheur au Centre
de recherche en droit public de l'Université de Montréal.


[Autorisation formelle réitérée par M. Rocher le 15 mars 2004 de diffuser
cet article et plusieurs autres.]




guy.rocher@umontreal.ca




Polices de caractères utilisée :

Pour le texte: Times, 12 points.
Pour les citations : Times 10 points.
Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.




Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word
2001 pour Macintosh.

Mise en page sur papier format
LETTRE (US letter), 8.5'' x 11'')

Édition complétée le 4 avril 2004 à Chicoutimi, Québec.
Édition revue et corrigée le 1er novembre 2006.

[pic]










Table des matières






Introduction


1. L'administration publique: une sous-culture et un mini-système social
2. Quelques problèmes dans l'exercice du pouvoir politique
3. Quelques défis posés au sociologue et à la sociologie


Résumé


























Introduction


















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Les sociologues ont eu, moins que les économistes, les démographes, les
juristes, l'occasion de connaître la vie interne de l'administration
publique. Ils n'ont pas été très nombreux à entrer dans l'administration
publique, à y faire carrière ou encore à y faire des stages prolongés.
C'est de l'extérieur qu'ils ont vu fonctionner l'administration publique,
soit par des contacts qu'ils ont pu avoir avec des fonctionnaires, soit par
la participation à des comités ou à des commissions d'étude ou d'enquête.
Mais c'est autre chose que de vivre au sein de la fonction publique, d'y
travailler et de se consacrer entièrement à l'administration publique.


De même, peu de sociologues ont participé à l'exercice effectif du
pouvoir politique. En comparaison avec les juristes, qui s'en sont fait une
sorte de spécialité, et les économistes, pour qui le pouvoir est souvent à
la fois un laboratoire et une tentation. Paradoxalement, ce sont les
politologues qui, à cet égard, ressemblent le plus aux sociologues :
spécialistes du pouvoir et de l'administration publique, on ne les y voit
que peu s'y exercer.


Pourtant, la participation à la vie de la fonction publique et à la prise
de décision politique constitue, pour le sociologue, une expérience
privilégiée. Il y a là, en effet, un laboratoire d'observations et un lieu
d'observation participante d'une grande richesse et d'une grande variété de
contenu.




C'est dans une telle expérience que le présent article puise sa
principale substance. Il est moins le produit de lectures que
d'observations, il est plus de nature empirique que théorique. On peut le
considérer comme une sorte de résumé du «journal de bord» qu'un sociologue
aurait tenu au cours d'une trentaine de mois de participation à la prise de
décision politique et à la vie de la fonction publique québécoise.


Cet article n'a donc pas la prétention de l'universalité : le champ
d'observation, sur lequel il est fondé, se restreint principalement au
gouvernement du Québec. Il n'a pas non plus la prétention d'être ni validé
selon les canons de la méthode scientifique (par exemple, sous la forme
d'une observation participante rigoureuse, telle que définie en particulier
par John Lofland [1]) ni systématique dans sa présentation conceptuelle ou
théorique : il est le fruit d'une observation à chaud, non encore
totalement décantée.


Nous présenterons quelques observations successivement sur le
fonctionnement de l'administration publique ou de la bureaucratie publique,
sur quelques problèmes de l'exercice du pouvoir politique, enfin sur le
sociologue et la sociologie dans l'un et l'autre contexte.






1.
L'administration publique:
une sous-culture et un mini-système social










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La première chose qui frappe le sociologue, c'est combien
l'administration publique a une vie sociale interne, propre à elle-même;
elle a non seulement sa culture particulière mais elle constitue une sorte
de mini-système social. Il s'agit en effet d'une petite société hautement
hiérarchisée, dans laquelle les pouvoirs sont inégalement répartis, qui est
aussi divisée par cantons, ou districts, ou fiefs (comme je le montrerai un
peu plus loin), qui a une sorte de droit ou même de système juridique qui
lui est propre. Alexis de Tocqueville fut le premier sociologue à mettre en
lumière la stabilité de l'administration publique française depuis l'Ancien
Régime, à travers la Révolution, jusqu'à la société moderne du XIXe siècle;
il démontra en même temps le rôle actif et même politiquement
révolutionnaire de l'administration publique française durant cette
période [2]. C'est, cependant, Max Weber qui a décrit avec le plus de
minutie la mini-société de la bureaucratie, ses règles de fonctionnement,
ses caractères, ses impératifs et son évolution [3]. Récemment, un nombre
croissant d'auteurs ont raffiné ou modifié l'analyse de Tocqueville ou le
modèle de Weber. Ainsi, l'étude des bureaucraties publiques est en train de
devenir un champ d'observation et d'analyse que les sociologues se
partagent avec les politologues [4].


En ce qui concerne tout d'abord la culture de la fonction publique, il y
a une valeur dans l'éthos de la fonction publique qui n'est guère mise en
lumière dans les descriptions qu'ont données les sociologues de la
bureaucratie publique. Par fonction et par vocation, les fonctionnaires
administrent quotidiennement des fonds publics, ils sont eux-mêmes payés
par les fonds publics, ils en dépensent ou ils en allouent. Tous les
fonctionnaires ne sont pas directement responsables de la gestion de fonds
publics, mais même ceux qui ne le sont pas directement baignent dans un
milieu où cette gestion est constamment devant les yeux de tout le monde et
constamment prise en compte. Le respect des fonds publics, la bonne
administration de ces fonds, l'efficacité de la distribution des fonds
publics constituent des valeurs privilégiées et constamment rappelées dans
la vie quotidienne de la fonction publique. Cela ne signifie pas
nécessairement que les fonds publics soient tous et toujours très bien
administrés ni qu'ils soient dépensés d'une manière toujours très efficace