Les phénomènes de reprise

EXERCICES DE REDACTION ... Tout le problème, ici, est de mettre en ?uvre,
dans chaque cas particulier, le type d'anaphore qui ... Ce genre de correction
rétroactive embarrasse la lecture, en gêne la fluidité, brouille la cohérence du
texte.

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exercices de rédaction

Semestre de Printemps 2012













Les phénomènes de
reprise








Principes et exercices











Raymond Delley


EXERCICES DE REDACTION

Les phénomènes de reprise



La cohérence d'un texte tient, pour une grande part, à la clarté avec
laquelle des éléments (idées, faits, objets) déjà évoqués sont repris dans
de nouvelles phrases. Les formules et les procédés qui servent à ces
reprises sont habituellement désignés sous le terme d'anaphore
grammaticale. Tout le problème, ici, est de mettre en ?uvre, dans chaque
cas particulier, le type d'anaphore qui assure la continuité la plus claire
et la plus précise. Dans l'extrait suivant, nous avons marqué en caractères
gras les formules qui, d'une manière ou d'une autre, renvoient au contexte
antérieur.

L'homme, selon Rousseau, est séparé de lui-même par la société. C'est
elle qui provoque le passage de l'amour de soi à l'amour propre.
L'amour de soi, toujours vertueux, dirigé par le Bien, est corrompu par
l'intérêt. Celui-ci nous rend infidèles à nous-mêmes. Rousseau n'a pu
échapper à cette contamination, c'est pourquoi il confesse « le bien
comme le mal avec la même franchise ».

On remarquera tout d'abord la variété des moyens à disposition. Une
lecture attentive nous montrera également que, dans certains cas, il y
avait plusieurs possibilités de reprises. Ainsi, dans la dernière phrase,
l'auteur reprend le nom de « Rousseau », ce qui semble indispensable pour
éviter toute ambiguïté. Il aurait pu, cependant, utiliser des variantes,
comme « Jean-Jacques », ou « l'auteur des Confessions », ou encore « notre
auteur », avec des inflexions sémantiques différentes et dont il devait
évaluer la pertinence.



1. Les anaphores pronominales

LES ANAPHORES PRONOMINALES ÉVITENT LA RÉPÉTITION D'UN NOM OU D'UN
GROUPE NOMINAL. ELLES SONT DONC SÉMANTIQUEMENT VIDES ET NE SONT PERTINENTES
QUE SI L'IDENTIFICATION DU NOM AUQUEL ELLES RENVOIENT SE FAIT SANS AUCUNE
HÉSITATION. MÊME SI LEUR EMPLOI SEMBLE ÉVIDENT, ELLES SONT SOUVENT CHOISIES
SANS ASSEZ DE DISCERNEMENT ET À L'ORIGINE DE BON NOMBRE D'INCOHÉRENCES ET
DE FAUTES D'EXPRESSION.

A. La représentation totale

CES ANAPHORES PRONOMINALES REPRENNENT UN NOM OU UN GROUPE NOMINAL DANS
SON INTÉGRALITÉ. CES REPRISES SONT GÉNÉRALEMENT ASSURÉES PAR LES PRONOMS
PERSONNELS (3E PERSONNE), CERTAINS DÉMONSTRATIFS ET LES RELATIFS.

Rousseau se tourne alors vers l'autobiographie. Il rédige ses
Confessions, qui l'occuperont plusieurs années. Plus tard, il rédige
les Rêveries du promeneur solitaire. Celles-ci resteront inachevées.

Insistons sur le fait que le pronom personnel de 3e personne reprend
implicitement le thème, et non le propos. Il renvoie donc le plus souvent
au sujet de la phrase précédente.

*L'auteur a commencé à rédiger son roman au cours de l'hiver 1827. Il
ne sera terminé que cinq ans plus tard, durant l'été 1832.

Cet enchaînement de phrases est incorrect : lorsque le lecteur commence
à lire la seconde phrase, il décode le sujet « Il » comme une reprise du
sujet de la première phrase : « l'auteur » ; poursuivant sa lecture, il
doit rectifier son interprétation et l'adapter au sens de la phrase. Ce
genre de correction rétroactive embarrasse la lecture, en gêne la fluidité,
brouille la cohérence du texte.

Marie a passé toute la journée avec son amie Julie. Elle lui a raconté
tous les événements de sa vie récente.

L'emploi des pronoms personnels (sujet, COD ou COI) amène souvent des
ambiguïtés qui peuvent être aisément levées grâce à des anaphores d'un
autre type : « ce dernier », « celui-ci », « anaphore lexicale ».

Marie a passé toute la journée avec son amie Julie. Cette dernière
(celle-ci) lui a raconté tous les événements de sa vie récente.



B. La représentation partielle

CERTAINS PRONOMS REPRÉSENTENT UNE PARTIE SEULEMENT DU GROUPE NOMINAL.
CE SONT LES POSSESSIFS, CERTAINS DÉMONSTRATIFS, LE PRONOM « EN », LES
INDÉFINIS ET LES NUMÉRAUX.

J'ai acheté deux exemplaires de ce livre. J'en ai offert un à mon ami.
J'ai gardé l'autre pour moi.

Les tragédies de Racine ont des sources diverses : certaines, comme
Phèdre ou Iphigénie, puisent dans la mythologie grecque ; d'autres,
Britannicus ou Bérénice, viennent de l'histoire romaine ; les deux
dernières s'inspirent de la Bible.

J'ai examiné tous les livres de sa bibliothèque, mais je n'ai pas
trouvé celui que je cherchais.



2. Les anaphores lexicales

LES ANAPHORES LEXICALES (PARFOIS ÉGALEMENT APPELÉES NOMINALES) SONT
CONSTRUITES À PARTIR D'UN NOM ET D'UN DÉTERMINANT DÉFINI : ARTICLE DÉFINIS,
ADJECTIFS POSSESSIFS OU DÉMONSTRATIFS.



A. L'anaphore fidèle

DANS LE CAS D'UNE ANAPHORE FIDÈLE, ON REPREND LE NOM À L'IDENTIQUE,
AVEC UN SIMPLE CHANGEMENT DE DÉTERMINANT. ON PASSE D'UN INDÉFINI À UN
DÉFINI OU À UN DÉMONSTRATIF.

Cette année-là, il écrivit un roman et un recueil de poèmes : le roman
parut l'année suivante.

Il rencontra un ami qu'il n'avait plus vu depuis des années. Cet ami
lui avait autrefois été très proche.

De manière quelque peu schématique, on peut dire que l'article défini
s'utilise dans la reprise d'un terme qui, dans le contexte antérieur, est
coordonné avec un ou plusieurs autres termes. Il s'agit donc d'un cas
particulier, ce qui explique que, dans le cas de l'anaphore fidèle,
l'emploi du démonstratif soit plus fréquent[1]. On ne confondra pas la
fonction anaphorique du démonstratif avec son emploi comme déictique :

Est-ce que vous avez déjà rencontré cette personne quelque part ?

Nous sommes allés écouter une conférencière qui parlait de l'?uvre de
Jean-Jacques Rousseau. Cette personne nous a passionnés durant presque
deux heures.



B. L'anaphore infidèle

L'ANAPHORE INFIDÈLE EST UNE REPRISE D'UN NOM OU D'UN GROUPE NOMINAL
AVEC CHANGEMENTS LEXICAUX. ON DISTINGUE DIFFÉRENTS CAS :

1. Un nom peut être représenté par un groupe nominal à valeur
descriptive, évaluative, argumentative.

Stéphane Mallarmé a renouvelé la poésie du XIXe siècle, ce poète génial
a eu de nombreux disciples, dont Paul Valéry.

2. Un nom est repris par un synonyme ou équivalent, ou par un
hyperonyme.

Perrault, l'auteur des Contes, joua un rôle important dans la
« Querelles des Anciens et des Modernes ». Cette controverse occupa le
devant de la scène littéraire durant quelques années.

Les Rêveries mettent un point final à l'entreprise autobiographique de
Rousseau. Cette ?uvre (cet ouvrage, ce livre, cet écrit) en constitue
le point d'orgue.



C. L'anaphore conceptuelle

L'ANAPHORE CONCEPTUELLE CONDENSE, RÉSUME LE CONTENU D'UNE PHRASE, D'UN
PARAGRAPHE OU DE TOUT UN FRAGMENT TEXTUEL ANTÉRIEURS. CETTE REPRISE PREND
SOUVENT LA FORME D'UNE NOMINALISATION À PARTIR D'UN VERBE OU D'UN ADJECTIF,
LESQUELS NE FIGURENT PAS NÉCESSAIREMENT DANS LE CONTEXTE ANTÉRIEUR.

Peu de temps après, il rompit avec la société parisienne. Cette rupture
le plongea dans un isolement presque total.

Sa dernière pièce a été jouée devant un public nombreux et
enthousiaste. Ce triomphe (ce succès, cette réussite) a illuminé les
derniers jours de l'écrivain.

Une ressource de l'anaphore conceptuelle : le groupe nominal de reprise
peut prendre une orientation argumentative, positive ou négative.

Il reprit son ouvrage et en modifia la fin, pour se conformer au goût
de son public. Cette lamentable palinodie est révélatrice du véritable
caractère de cet auteur.



D. L'anaphore associative

LE GROUPE NOMINAL ANAPHORIQUE N'A PAS DE RELATION DIRECTE AVEC
L'ÉLÉMENT QU'IL REPREND. IL EST ASSOCIÉ À CE DERNIER PAR UNE RELATION
STÉRÉOTYPIQUE QUI REPOSE SUR UNE CONNAISSANCE GÉNÉRALE DU MONDE, PARTAGÉE
PAR LA COMMUNAUTÉ LINGUISTIQUE. CE TYPE D'ANAPHORE, PARTICULIÈREMENT RICHE
ET COMPLEXE, A ÉTÉ ÉTUDIÉ DE MANIÈRE SYSTÉMATIQUE PAR GEORGES KLEIBER[2].

Rousseau est né à Genève, son père était un citoyen respecté.

Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les
deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours,
les canons formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en
enfer. (Voltaire)

Ils ont aimé passionnément son dernier roman. Les personnages, les
descriptions de lieux, l'intrigue, tout leur plaisait.

La vie de Rousseau se présente comme un enchaînement de périodes
contrastées. L'enfance fonde une aptitude au bonheur que rien ne pourra
altérer. L'adolescence confronte le jeune Jean-Jacques avec le monde,
ses injustices, sa brutalité.

La vie de Rousseau n'est pas sans moment de faiblesse : le peigne de
Mademoiselle Lambercier ou le ruban de Marton en témoignent.








Les anaphores grammaticales


tableau synoptique









| | | |
| |Nom / |Segment |
| |Groupe nominal |de texte |
| | | |
| |totale | |
|Anaphore | | |
|pronominale | |