iv ouvrages du dix-septième siècle - Les Colverts et Cie

Du Souhait n'est pas de ces phares qui dominent les êtres, il est proche des gens
de sa ...... Mellonimphe / Par le sieur du Souhait / revües, corrigées, et
augmentées de / nouveau ..... L'exercice de la fidelle veuve (une édition, peut?
être en 1603) ...... Il conclut d'ailleurs sa cinquième histoire sur ces mots: "me
voilà contant (.

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UNITÉ DES SCIENCES HUMAINES DE STRASBOURG




Thèse présentée en vue de l'obtention


du doctorat délivré par


l'Université des sciences humaines de Strasbourg


(diplôme national)






préparée sous la direction de mademoiselle N. HEPP, professeur
à l'Université des sciences humaines de Strasbourg


par Marie-Christine PETIT








FRANÇOIS DU SOUHAIT








Polygraphe du début du XVIIème siècle





























FRANÇOIS DU SOUHAIT








Polygraphe du début du XVIIème siècle











































A mes enfants,














Qu'ils sachent que tout homme, si humble soit-il, peut,
s'il vit complètement l'authenticité de sa vocation d'homme,
être à la fois un pilote et un fier témoin de son temps.
























Jouy en Josas, juin 1985

















































Avant Propos









































Il passa, plut... déplut et disparut.

Il passa, plut, déplut et disparut.


Tel fut le sort de François du Souhait. Sa vie politique le mène de la
carrière de secrétaire du duc Charles III de Lorraine, au bannissement pour
neuf ans du royaume de France[1]. Sa vie intellectuelle lui fait produire
entre 1599 et 1614 trente et une ?uvres dont plusieurs connaissent des
rééditions tant à Paris qu'en province : trente et une ?uvres très diverses
allant du roman sentimental au roman de chevalerie, des ?uvres morales
-dont l'orthodoxie est cautionnée par les autorités ecclésiastiques[2]- aux
contes comiques parfois gaillards. Poète au service des princes, il se met
également à la dévotion des dames. Dramaturge à ses heures, il se fait
aussi traducteur de l'Iliade. François du Souhait apparaît donc comme un
personnage protéiforme, d'autant plus difficile à cerner que ce
"gentilhomme champenois" a laissé peu de traces de ses origines.


Si cette prolixité et cette diversité justifient peut-être ses succès
de librairie au dix septième siècle, elles piquent la curiosité d'un
lecteur qui s'intéresse aux premières années de notre grand siècle, années
longtemps méprisées -sans doute parce que mal connues -.


Pourtant, "rien de plus varié, rien de plus vivant que cette société
de transition où l'unité est loin d'être faite et où s'opposent, sans se
nuire, l'imagination la plus hardie et le bon sens le plus positif"[3].
Dans cette vivante période de mutation, de fermentation, qui se souvient du
foisonnement créateur de la Renaissance, mais qui a été marquée par les
déchirements malheureux des guerres civiles qui bouleversèrent la paix
intime d'un pays et de ses habitants, Du Souhait passa et plut.


Probablement sans fortune, il accepta les servitudes d'une vie à la
charge des puissants de son temps. Avec un petit bagage de talent, une rage
d'écrire et d'être publié, un humour certain, il eut le courage de tenter
d'ouvrir des voies nouvelles, dans le roman par exemple, ou de faire ?uvre
de lettré pour traduire Homère, alors même que la connaissance directe de
ce dernier "s'étiolait", pour reprendre une expression de N. Hepp[4].


Il mérite donc qu'on lui rende hommage en s'intéressant à son ?uvre,
alors qu'il fut décrié par des générations de bibliographes. Ceux-ci se
rangèrent à l'avis de Boileau, qui affirmait qu'on ne saurait plus lire un
aussi "froid écrivain"[5].


Du Souhait n'est certainement pas un génie, mais s'il passa et plut
dans cette époque héritière d'un riche passé , en voie d'enfanter les
grands de la fin du siècle, n'est-ce -pas signe qu'il était profondément
enraciné dans son temps, en symbiose totale en matière de goût, de thèmes
et de style, avec son public.


On peut, après tout, s'interroger sur la faculté qu'ont les génies de
refléter leur époque. Du Souhait n'est pas de ces phares qui dominent les
êtres, il est proche des gens de sa condition, des écrivains enrôlés au
service des grands, des gens du peuple dont il semble bien connaître les
aspirations, des grands qu'il côtoie et qu'il voudrait faire accéder à une
"politesse" nouvelle.











INTRODUCTION











LES PREMIÈRES ANNÉES DU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE :
UNE OUVERTURE SUR LA PAIX










I. Le royaume de France.




II. La cour de Lorraine.




III. Le livre et l'écrivain.













I. LE ROYAUME DE FRANCE : ÉTAT POLITIQUE ET SOCIAL






A. LE DÉBUT DU RÈGNE D' HENRI IV :

des nécessités plus urgentes que le développement de la vie mondaine.



Si l'on jette un bref regard sur la France au lendemain de
l'assassinat d'Henri III en 1589, la situation du pays n'est guère
brillante: Henri de Bourbon n'est qu'un "hérétique, excommunié, réduit à la
condition de chef de bande ; Charles, cardinal de Bourbon, roi de la Sainte
Ligue, reconnu par les deux tiers des Français, est prisonnier de son neveu
et rival", la famille des Guises est "installée sur les marches du trône
sans parvenir à y monter"[6]. Henri IV devait donc, avant tout, asseoir son
autorité, réunifier une France déchirée, "effondrée, moribonde"[7]. Il y
réussit, semble -t'il, mais il lui fallut le temps d'un règne, écourté par
un nouvel assassinat. Philippe Erlanger écrit qu'enfin, en 1610, "on avait
songé à la beauté, à l'ornement des maisons plutôt qu'aux moyens de les
défendre"[8].


Qu'est devenue la vie de cour, hier si florissante, si propice à
l'éclosion de la vie littéraire ? Elle n'est pas morte dans les souvenirs.
La cour de Charles IX et d'Henri III reste dans les mémoires. Henri IV,
quant à lui, ne se préoccupera de la faire revivre que dès lors qu'il en
sentira "la nécessité politique"[9]. On peut d'ailleurs se demander si la
personnalité même d'Henri IV était un bon catalyseur de talents. Le roi de
France n'était certes pas l'homme rude et grossier dont l'imagination
populaire a conservé la mémoire. La connaissance que nous avons de
certaines circonstances de sa vie amoureuse nous montre de lui l'image d'un
véritable homme du monde. Ainsi, la passion qui le lia plusieurs années à
Diane de La Guiche, comtesse de Grammont[10], dite "la belle Corisande",
nous révèle Henri IV sous les traits d'un amoureux zélé, dont les élans ne
manquent pas de panache : ne déroba-t-il pas au siège du Catelet les
drapeaux pris devant cette ville pour les remettre à l'élue de son c?ur?
n'alla-t-il pas jusqu'à lui signer de son sang une promesse de mariage ? Il
lui écrivit des lettres composées dans le "langage galant de cette époque".
Trente-sept de celles-ci nous restent encore[11]. Il écrivit par ailleurs
des lettres à Gabrielle d'Estrées, émaillées de formules fort jolies. Il
reste que, même si à la cour d'Henri IV se succèdent "les collations, les
banquets et les mascarades"[12], le roi apprécie davantage la chasse et les
jeux d'action que les bals et les cercles mondains. Une dame disait de lui:
"J'ai vu le roi, je n'ai pas vu Sa Majesté"[13]. Pierre de l'Estoile ajoute
qu'il est "aussi monstrueux de voir un roi docte, qu'il était du temps de
Rabelais, un moine savant"[14].


Henri IV mort, Marie de Médicis assura la régence. La fille du grand
duc de Toscane avait épousé le roi de France en 1600. Elle protégea en
France les arts dont elle avait rapporté de sa patrie d'origine un goût
éclairé. Elle sut s'entourer de grands noms de l'art comme Philippe de
Champaigne, s'intéressa à l'architecture, donna des fêtes brillantes, tâta
elle-même de la gravure sur bois [15]. Cependant, le goût pour l'intrigue
et le pouvoir ont davantage lié la renommée de Marie aux complots et aux
luttes d'influence des clans politiques, qu'aux cercles mondains.


En résumé, sans qu'on puisse véritablement parler de carence de la
cour - Malherbe n'y fut-il pas introduit en 1605 par le duc de
Bellegarde[16]-, dans le Paris des débuts du XVIIème siècle, sous le règne
d'Henri IV et la régence de Marie de Médicis, d'autres foyers, d'autres
refuges que la cour s'offrent aux lettres[17].





B. LA VIE MONDAINE S'ORGANISE EN DEHORS DE LA COUR AUTOUR DES
PREMIERS SALONS



Le plus actif de ces salons fut, sans conteste, en ce début du
XVIIème siècle, celui de la reine Marguerite qui constitua "une manière de
cour où se prolongent quelques unes des traditions de celle des Valois.
Véritable princesse de la Renaissance, la reine Margot rachète les
scandales de sa vie privée par l'étendue de sa culture et la protection
qu'elle accorde aux gens de lettres et aux hommes de savoir"[18].
Marguerite de Valois était en effet une personne fort habile et cultivée,
ne dit-on pas que "lorsque l'évêque de Cracovie vint à Paris annoncer au
duc d'Anjou son élection au trône de Pologne, il adressa à Marguerite un
discours en latin auquel elle répondit sur le champ dans la même langue,
reprenant avec une sagacité admirable chaque article de la harangue du
prélat[19]. Répudiée, elle revint à Paris en 1605, y organisa des fêtes,
transforma l'Hôtel de Sens en un lieu de "rendez-vous de tous les beaux
esprits"[20]. Elle-même écrivit des poésies et composa ses mémoires. Elle
avait de la femme une très haute idée, affirmant que cette dernière
"surpasse l'homme en toute sorte d'excellence de perfection